Le marché automobile en Algérie a été marqué, en 2009, par beaucoup de changements. Le secteur a pris une courbe ascendante au premier semestre, avant d'être frappé pas " une secousse " au milieu de l'année, qui a vu la courbe faire une chute brutale. Il s'agit de la suppression du crédit à la consommation qui a pénalisé, surtout, ce secteur, porté notamment sur l'achat par crédit. Le gouvernement venait de changer la donne. Sa logique résidait dans la mise en place d'un constat, la projection de la situation économique et financière du pays, l'identification des risques ainsi que l'orientation de l'action économique de façon à assurer la viabilité des équilibres internes et externes. Pour le gouvernement, les IDE devaient s'inscrire dans une logique favorisant une croissance additionnelle et une diversification de la production nationale. Ainsi tout investissement étranger devra désormais cibler des secteurs porteurs de revenus extérieurs venant à substitution aux dépenses d'importations, d'autant que l'achat par crédit favorisait que les groupes étrangers, en portant préjudice à l'économie nationale et en fragilisant les budgets des ménages. En Algérie, ce crédit est, en effet, caractérisé par trois éléments. Premièrement, il est orienté vers l'acquisition de véhicules importés au bénéfice d'une industrie qui n'existe pas en Algérie. Deuxièmement, il est développé par des banques privées, particulièrement étrangères. Le troisième élément est qu'il y a un emballement de la demande qui s'opère auprès des ménages et qui crée des situations assez difficiles, voire de surendettement. Et l'effet a été immédiat. La mesure la plus décriée de la LFC 2009, a eu pour effet direct sur la réduction des importations de véhicules. Ainsi, les importations de véhicules ont chuté de 18,09% au cours des dix premiers mois de l'année en cours. A en croire le Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis) relevant des douanes, l'Algérie a, en effet, importé 228 520 véhicules en 2009, contre 278 996 unités durant la même période de l'année écoulée. La valeur globale des véhicules importés, par contre, n'a pas baissé, passant ainsi de 205,7 milliards de dinars à 222,1 milliards de dinars. De janvier à fin octobre 2009, les principaux concessionnaires automobiles étrangers (une quarantaine) ont importé 213 424 véhicules contre 260 552 unités à la même période 2008, en baisse de 18,09% pour une valeur de 213,4 milliards de dinars, contre 179,9 milliards de DA. Les particuliers, quant à eux, ont importé 15 096 véhicules au cours des dix premiers mois 2009, contre 18 442 unités durant la même période 2008, en baisse également de 18,14% pour un montant de 20,6 milliards de DA contre 25,8 à la même période de référence en 2008. En effet, il est à préciser, dans ce sillage, que près de 99% des véhicules importés viennent de France. L'Algérie importait 210 000 véhicules par an, dont 65 000 de moins de trois ans, avant l'entrée en vigueur de la mesure d'interdiction du gouvernement. Cependant, la seule année où les importations de voitures en Algérie ont connu une baisse, c'était en 2006 où 188 006 unités ont été importées, contre 251 576 unités l'année d'avant, soit une baisse de 25% selon les statistiques des Douanes algériennes. A noter que le parc automobile en Algérie, avec ces 3,9 millions de véhicules (juillet 2008), possède le deuxième parc le plus important d'Afrique après l'Afrique du Sud. 90% des concessionnaires intéressés tout d'un coup par le montage L'investissement dans le secteur automobile semble prendre un nouveau souffle en Algérie. D'abord le gouvernement avait décidé d'encourager l'industrie et l'installation d'unités de montage dans le cadre d'un partenariat avec des sociétés étrangères, afin de réduire l'importation de véhicules qui coûtait chaque année une facture très lourde pour la trésorerie de l'Etat. Ainsi, cette tendance semble même intéresser aujourd'hui les concessionnaires et les investisseurs algériens qui commencent à prendre conscience des dernières mesures prises dans le cadre de la LFC 2009, souhaitant ainsi s'aventurer dans le montage. 90% des concessionnaires sur le marché algérien sont aptes pour le montage ou l'assemblage et cherchent des partenaires afin de lancer des investissements dans ce créneau. Selon Mohamed Bairi, président de l'Association nationale des concessionnaires automobiles (AC2A), lors de l'ouverture officielle du troisième Salon international du véhicule industriel (SIVI 2009) qui s'est tenu au Palais des expositions des Pins maritimes, la nouvelle donne a changé maintenant puisque, depuis l'application des nouvelles mesures prises dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour 2009, les investisseurs et concessionnaires ne parlent plus de gain et de ventes seulement, mais de montage et d'assemblage de véhicules. "Le langage des investisseurs et concessionnaires a changé maintenant ; la plupart des concessionnaires existant sur le marché cherchent à établir des partenariats dans le domaine de l'assemblage et du montage de véhicules ; d'ailleurs certaines marques étrangères ont manifesté leur intérêt d'investir dans ce créneau, ce qui encourage la création d'emplois ; en d'autres termes, cela veut dire que les concessionnaires ont pris un coup de conscience après l'application des dernières mesures de la LFC 2009 ", a-t-il révélé. Le président de l'AC2A dira, dans ce même contexte, que la volonté existe, "c'est ce que nous avons en tout cas constaté ces derniers temps, donc on avance ainsi, tout ce qui encourage le développement de l'industrie du véhicule en Algérie nous intéresse ". Il faut dire que l'Algérie a pris du retard dans l'industrie de l'automobile qui est une industrie lourde et demande la maîtrise de la technologie, à cause de la situation politique et économique difficile qu'elle a connue dans les années 90. Dans cette période, les grandes entreprises de construction de véhicules se sont dirigées vers les pays de l'Est et l'Iran. L'Algérie peut accélérer la mise en place d'une industrie automobile, mais l'important c'est de trouver le partenaire étranger afin de garantir le financement et la technologie. Vers la fabrication de la voiture algérienne Le marché de l'automobile en Algérie est en voie de (re)construction et de structuration, après les difficultés rencontrées par le pays au cours de la décennie écoulée. L'Algérie négocie actuellement l'installation d'une usine de construction automobile en partenariat. L'Algérie souhaite, en effet, lancer une industrie de production automobile et non pas le montage et la sous-traitance. A en croire le ministre de l'Industrie et de la promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, dans ses déclarations, en marge de l'Université d'été de la communauté nationale à l'étranger, la fabrication de voitures en Algérie sera pour bientôt. Selon le ministre, les négociations avec de grandes firmes étrangères sont en cours pour la fabrication de voitures en Algérie. "Il ne s'agit pas de montage de véhicules, mais de la fabrication de voitures algériennes. Les accords avec des partenaires étrangers seront conclus avant la fin octobre de l'année en cours", précisera-t-il. Selon Temmar toujours, le gouvernement a entamé depuis quelques années des contacts avec plusieurs grandes entreprises étrangères afin de trouver un partenaire pour la mise en place d'une entreprise publique d'industrie automobile. II avait expliqué que le partenaire étranger sera le bienvenu même s'il désire construire une unité en Algérie à 100 %. Aujourd'hui, tout porte à croire que ce type d'industrie est considéré comme une priorité dans la nouvelle stratégie industrielle, d'autant que des atouts existent pour sa mise en place et sa réussite. Selon les spécialistes, l'Algérie dispose, en effet, d'un tissu de petites et moyennes entreprises (PME) de sous-traitants qui pourrait très bien appuyer l'activité de fabrication automobile. L'existence d'industries de sidérurgie, de verre et de plastique constitue un atout en plus pour ce type de projet. L'approvisionnement en accessoires pourrait, également, se faire localement grâce à des fabricants nationaux qui ont prouvé leurs compétences dans ce domaine. Selon le ministre Temmar, le coût du véhicule à produire en Algérie "doit être inférieur à celui importé", et toute décision sur ce dossier "tiendra d'abord compte de la protection du consommateur et des intérêts du pays, d'une manière générale". Si l'Algérie dispose d'atouts importants tels que le coût de la main-d'oeuvre et l'ouverture en faveur d'une économie de marché, elle pâtit cependant d'un certain nombre de faiblesses comme le niveau de qualification du personnel local et le manque de développement du tissu industriel, en particulier au niveau des fournisseurs et des équipementiers automobile. Adnane Cherih