La Méditerranée n'a pas vocation à devenir l'usine du monde. Au contraire, la diminution de la natalité, l'augmentation du nombre de jeunes diplômés et les initiatives en faveur de l'éducation des populations dans les pays qui souffrent le plus d'illettrisme, comme le Maroc, peuvent augurer le mouvement de convergence économique vers lequel tendent les deux côtés de la Méditerranée. Partant, la région a donc plutôt intérêt à se positionner sur la fourniture d'activités à valeur ajoutée, plutôt que de se battre uniquement sur la réduction des coûts des facteurs. C'est ce qui ressort d'une récente étude établie par le réseau Anima. Selon la même source, les pays Med restent compétitifs, en particulier pour des entreprises européennes qui souhaitent relocaliser des activités de production à proximité de l'Europe, pour des activités à fort besoins énergétiques ou encore pour quelques activités nécessitant une main-d'œuvre compétitive et souvent spécialisée. C'est en particulier le cas en Algérie ou en Syrie, qui grâce à leur production propre d'hydrocarbures attirent les activités métallurgiques ou chimiques, fortement consommatrices d'énergie. La chimie se développe également dans les pays disposant de matières premières sur place comme la Jordanie, le Maroc et les activités minières en Jordanie. Selon Anima, les pays sud-méditerranéens ont parfois du mal à se positionner les uns par rapport aux autres, du fait de la taille des marchés souvent comparables et d'avantages comparatifs équivalents. La région méditerranéenne est en revanche en train d'affirmer un positionnement de fait par rapport aux autres régions du monde sur un certain nombre de filières considérées prioritaires par chacun des pays. Ces domaines, qui découlent logiquement de l'identité et de la position géographique de la Méditerranée (agro-alimentaire, textile, tourisme, logistique, en plus des TIC). Concernant l'industrie agroalimentaire, le sud de la Méditerranée dispose d'atouts importants pour briller, à commencer par sa bonne réputation culinaire, Liban, Maroc et Syrie en tête. Cette région dispose tout d'abord de producteurs significatifs comme l'Egypte (8e mondial pour les fruits et légumes, et qui vise la 3e place), le Maroc (60% de la population vivent en partie grâce à ce secteur) et la Syrie (l'agriculture y représenté 25% du PIB). De plus en plus les pays de la région montent en valeur ajoutée, en développant les industries de transformation, comme en Jordanie, Tunisie, Maroc, Syrie, Egypte et le packaging pour développer les exportations (Egypte, Maroc, Liban). Aussi, plusieurs facteurs font du sud de la région une zone potentiellement incontournable sur la chaîne d'approvisionnement des entreprises ciblant la plaque euro-africaine et le Moyen-Orient. D'abord, l'existence de matières premières, en particulier produits de l'agriculture et de la pêche, minérales, hydrocarbures. La Méditerranée voit aussi transiter 30% du trafic mondial de conteneurs entre Port Saïd (Egypte) et Gibraltar au sud de l'Espagne, et dispose aujourd'hui d'un certain nombre de ports équipés pour accueillir les plus gros chargeurs (Port Saïd, Tanger, Malte, à terme Enfidha, Cap Djinet), avec des zones industrielles proches susceptibles d'accueillir des industries de transformation (automobile, par exemple). Les pays du Sud présentent de surcroît des marchés domestiques dont la demande reste croissante, contrairement à la rive Nord. Par ailleurs, les pays Med présentent des marchés importants pour la mise à niveau des PME dans les domaines des TIC (web, ERP, téléphonie IP, etc.), qui sont généralement déjà bien traités par des acteurs locaux et étrangers et qui bénéficient du soutien de politiques publiques incitatives. Dans le secteur des TIC, les pays Med ont déjà prouvé leur capacité à sauter les étapes : on l'a vu sur le téléphone mobile, dont la déferlante a effacé la faible pénétration du fixe dans ces pays. Pour la même raison, la région est aujourd'hui obligée de connaître un saut technologique sur l'Internet sans fil (Wimax - 3G/4G). D'Est en Ouest, la Méditerranée du Sud est un producteur important d'ingénieurs et de start-ups innovantes. Des marchés pionniers sont en gestation, ainsi qu'un savoir-faire technologique adapté aux réalités économiques des pays. Par ailleurs, la professionnalisation opérée par les grands ports de la zone, l'ouverture de l'espace aérien et l'expertise développée en matière de relations avec la clientèle étrangère fait de la rive Sud une base arrière possible pour les opérateurs de e-commerce de la rive Nord. D'autant plus que les pouvoirs publics engagent, aujourd'hui, des politiques incitatives sur le e-commerce. Après les centres de relation-client hier, le logiciel et la voie sur IP aujourd'hui, demain l'Internet mobile et le e-commerce…