Les cours des métaux de base ont tenté une percée vers le haut cette semaine, poussés par un regain d'appétit des investisseurs pour les matières premières, mais seul le nickel, grand favori actuel des analystes, a pu conserver ses gains. Les métaux du London Metal Exchange ont emboîté le pas à l'euro et aux Bourses, qui ont grimpé de concert jusqu'à mercredi avant de rechuter vendredi. L'optimisme de l'ensemble des marchés financiers s'est nourri de l'espoir que la Grèce serait secourue par l'Union européenne (UE), mais s'est assombri au fur et à mesure que de nouvelles incertitudes surgissaient. Les cours ont donc temporairement profité "de l'affaiblissement du dollar et du raffermissement des marchés mondiaux d'actions, qui renforcent l'appétit des investisseurs pour les actifs à risques", expliquait Eugen Weinberg, analyste de Commerzbank, tout en jugeant que les "niveaux de prix actuels ne se justifiaient pas du point de vue de l'offre et la demande". Les investisseurs ont par ailleurs gardé à l'esprit la crainte que la Chine ne limite l'accès au crédit pour éviter la surchauffe de son économie. "La nervosité des opérateurs se fait sentir, et elle est attribuable à la crainte que la Chine n'annonce un resserrement monétaire tôt ou tard", notait ainsi Ed Meir, analyste de MF Global. Poussé par l'engouement des investisseurs, l'ALUMINIUM a atteint 2.303 dollars, son niveau le plus haut depuis le 20 janvier, avant de revenir à la stabilité. Les cours du CUIVRE ont, eux aussi, marqué une hausse avant de céder du terrain, tandis que les stocks entreposés au LME montaient. "Les réserves ne devraient pas décroître de façon significative dans un futur prévisible, car la production continue à augmenter, stimulée par la hausse des cours", notait M. Weinberg. Suivant le même mouvement, le ZINC a cédé 2,8%. Grand favori des analystes depuis quelques semaines, le NICKEL a progressé jusqu'à 22'800 dollars, proche de son pic du 4 mars, lorsqu'il avait atteint 23'040 dollars la tonne, son record depuis juin 2008. Le métal profite d'un resserrement progressif de l'offre et la demande. Selon certains analystes, le marché pourrait même afficher un déficit de production cette année. "Nous prévoyons un déficit de 18'000 tonnes de métal cette année et pensons que les prix ont le potentiel de dépasser les 25'000 dollars la tonne dans les semaines à venir", juge par exemple Michael Widmer, analyste de Merrill Lynch. Le cours du nickel a connu l'ascension et la dégringolade les plus spectaculaires de tous les métaux du LME. Entre mai 2007 et octobre 2008, son prix a été divisé par six, passant de 51.800 à 8850 dollars la tonne. L'ETAIN a légèrement progressé, de 1% sur la semaine, tandis que le plomb finissait stable. Pour sa part, le marché des métaux précieux a évolué cette semaine au gré des mouvements du dollar américain et ils ont fini stables, après avoir perdu les gains accumulés à la faveur d'un affaiblissement du billet vert. Seul le palladium a gagné du terrain, après avoir touché un nouveau plus haut depuis deux ans. Les cours de l'or ont suivi en sens inverse les variations du dollar, esquissant une hausse jusqu'à mercredi avant de céder tous leurs gains vendredi. Les cours de l'or sont fortement corrélés à la valeur de la devise américaine: l'affaiblissement du dollar incite les investisseurs à acheter du métal jaune, bouclier traditionnel contre l'inflation. L'or a ainsi grimpé jusqu'à 1133 dollars l'once mercredi, jour où le dollar tombait à 1,3818 dollar pour un euro, un plus bas depuis début février. Quand la tendance s'est retournée, l'or a effacé tous ses gains, baissant jusqu'à 1104 dollars vendredi. Toutefois, "les prix de l'or se sont montrés assez résistants face au renforcement du dollar: depuis son niveau le plus faible de début janvier, le dollar a gagné 6% face à l'euro, tandis que les cours de l'or n'ont perdu qu'à peine 1%", constatait Suki Cooper, de Barclays Capital. Dans les pas du marché des devises, l'once d'argent a fait une incursion jusqu'à 17,59 dollars vendredi, avant de fléchir jusqu'à 17,00 dollars en fin de semaine. L'once d'argent a fini à 17,31 dollars au fixing du soir vendredi, inchangé par rapport à la clôture du vendredi précédent. Le palladium a, comme la semaine précédente, occupé le haut de l'affiche, marquant un plus haut depuis deux ans, tandis que le platine renouait avec son niveau de janvier. Les cours du palladium ont grimpé jusqu'à 481,70 dollars, un prix plus vu depuis mars 2008. Le métal bénéficie d'un intérêt croissant des investisseurs, via des produits cotés lancés cette année aux Etats-Unis, les ETF (Exchange Traded Funds) adossés au platine. De son côté, le platine a atteint 1643 dollars mardi, un plus haut depuis janvier, avant de céder ses gains. "En plus d'une consommation croissante de pots catalytiques (principal débouché du platine, ndlr), favorisée par le redressement de l'industrie automobile, le platine profite d'une demande en hausse de la part des investisseurs", expliquait Eugen Weinberg, analyste chez Commerzbank, ajoutant que les cours pourraient continuer à progresser, car la Coupe du monde de football prévue en Afrique du Sud pourrait entraîner des rationnements d'électricité, qui risquent d'affecter la production.