Drapeaux en berne, brassées d'oeillets, cérémonies religieuses... La Russie était en deuil mardi au lendemain des attentats commis par deux femmes kamikazes dans le métro de Moscou. Les explosions ont fait 39 morts et fait plus de 70 blessés, dont cinq se trouvaient toujours dans un état critique, selon un dernier bilan. Dans une capitale sous le choc, après ce sinistre retour du terrorisme qui porterait la marque des rebelles du Caucase du Nord, aux yeux des autorités, l'inquiétude se lit sur les visages dans le métro. "Je sens la tension, (...) personne ne sourit ou ne rit", confie une jeune étudiante, Alina Tsaritova, non loin de la station Loubianka, théâtre de la première explosion lundi matin. La seconde déflagration a secoué la station Park Koultoury trois quarts d'heure plus tard, en pleine heure de pointe. Mardi a été déclaré jour de deuil. Les drapeaux ont été mis en berne sur les bâtiments publics, au Kremlin, et dans d'autres villes du pays. Des spectacles et des émissions télévisées ont été annulés tandis que des cérémonies étaient célébrées dans plusieurs églises. Dans les deux stations de métro visées par les kamikazes, des tables bancales sont inondées de fleurs. Des panonceaux en plastique promettent qu'elles seront remplacées par d'autres, destinées à rester. Les personnes défilent, secouées de sanglots au moment de déposer des bougies à la mémoire des victimes. Une femme touchée dans l'un des attentats a succombé à ses blessures, portant le bilan à 39 morts mardi, selon des responsables. Cinq personnes demeuraient par ailleurs dans un état critique, sur les 71 hospitalisées après les explosions, et seules huit corps ont été formellement identifiés, a rapporté Andreï Seltsovski, des services sanitaires, à la chaîne de télévision Rossiya-24. Selon l'enquête préliminaire, les attentats sont l'œuvre de deux femmes kamikazes qui ont déclenché leurs ceintures d'explosifs dans les stations Loubianka -située au-dessous du bâtiment abritant le siège du Service fédéral de sécurité (FSB, ex-KGB), l'un des symboles du pouvoir- et Park Koultoury, près du célèbre parc Gorki. Il s'agit des premiers attentats depuis une série d'attaques commises il y a six ans. Le 31 août 2004, une kamikaze avait tué au moins dix personnes près de la station de métro Rijskaïa. L'attentat avait été revendiqué par un groupe islamiste soutenant les séparatistes tchétchènes. A la suite de ces nouveaux attentats, la sécurité a été renforcée dans les transports russes. Des policiers armés de mitrailleuses et accompagnés de chiens renifleurs d'explosifs patrouillaient aux entrées du métro. Le président Dmitri Medvedev s'est rendu dans la journée à Loubianka pour y déposer des fleurs, jurant que les commanditaires des attaques, des "animaux", seraient "trouvés et détruits", selon l'agence de presse Itar-Tass. Le président Medvedev a souhaité une amélioration des lois antiterrorisme, tandis que des députés réclament le retour de la peine de mort pour les terroristes, selon l'agence de presse officielle RIA Novosti. La Russie observe un moratoire depuis 1996 et s'est engagée à abolir complètement la peine de mort mais le Parlement, contrôlé par le Kremlin, renâcle, et l'opinion publique reste favorable à la peine capitale. Nombre de dirigeants mondiaux parmi lesquels les Européens, les présidents américain Barack Obama et chinois Hu Jintao, ont condamné les deux attentats lundi dans le métro de Moscou, qui ont fait 39 morts selon le dernier bilan, et qu'aucun groupe n'a encore revendiqué. Le président chinois Hu Jintao a également condamné les attentats dans un message à Dmitri Medvedev et affirmé "soutenir les efforts de la Russie pour éliminer le terrorisme". "Rien ne peut justifier de telles attaques contre des civils innocents", a déclaré pour sa part le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen. Les ministres des Affaires étrangères du G8 ont "fermement condamné" les attentats, à l'ouverture de deux jours de discussions à Gatineau (Canada) consacrées notamment à la lutte contre le terrorisme.