La visite du président chinois Hu Jintao aux Etats-Unis dans le courant du mois sera déterminante pour une éventuelle modification du taux de change du yuan, a déclaré vendredi un conseiller de la banque centrale chinoise. Une visite fructueuse pourrait ouvrir la voie à un ajustement, a déclaré à Reuters Li Daokui, nouveau membre du comité de politique monétaire de la Banque populaire de Chine, tout en soulignant qu'une éventuelle appréciation du yuan serait fonction du contexte économique en Chine. La Chine est l'objet de pressions des Etats-Unis et d'autres pays occidentaux qui accusent Pékin de maintenir sa devise à un niveau artificiellement bas pour aider ses exportateurs. La question du taux de change de la devise chinoise a été politisée par certains pays ces derniers mois, estime Li Daokui, mais la visite du président Hu Jintao aux Etats-Unis est le signe d'un apaisement des tensions. Elle pourrait permettre de lever les obstacles à une réforme de la politique monétaire de Pékin, a-t-il ajouté. "L'ajustement devrait être mis en oeuvre au moment opportun. Nous devons trouver le moment approprié", a-t-il dit. "Cela va dépendre de la visite du président Hu aux Etats-Unis. Si les discussions sont fructueuses, nous pourrions effectuer un ajustement qui sera fonction des conditions propres à la Chine", a-t-il ajouté. Le président Hu Jintao a prévu de se rendre aux Etats-Unis à l'occasion du sommet multilatéral sur le désarmement nucléaire à Washington les 12 et 13 avril. Hu Jintao et son homologue américain Barack Obama se sont entretenus une heure au téléphone pour évoquer notamment le contentieux commercial entre les deux pays, a-t-on indiqué vendredi à Pékin et à Washington. Dans les communiqués publiés dans les deux capitales, il n'est pas fait mention du niveau du yuan mais rien ne dit toutefois que le dossier n'a pas été abordé. Notons que des économistes américains estiment que la pression exercée sur Pékin en faveur d'une réévaluation du yuan ne résoudra pas le déséquilibre commercial avec la Chine et ne favorisera pas l'emploi. De nombreux parlementaires américains de tous bords exhortent actuellement le gouvernement de Barack Obama à qualifier formellement la Chine de "manipulatrice monétaire" dans le rapport du Trésor qui doit paraître mi-avril. Ils menacent en outre d'imposer des droits compensateurs sur les biens chinois pour contrebalancer l'avantage compétitif supposé dont ceux-ci disposeraient grâce à un yuan sous-évalué. Cependant, les milieux d'affaires et les économistes estiment en général que la stratégie consistant à vouloir jouer les gros bras avec Pékin mènera dans le meilleur des cas à un échec de cette politique, et dans le pire des scénarios, à une guerre commerciale entre les deux pays. Selon certains conseillers économiques de Barack Obama, il serait donc préférable pour les responsables américains de s'exprimer le moins possible sur le sujet, afin que le gouvernement chinois ne donne pas l'impression de céder aux exigences étrangères s'il se décidait finalement à agir. Au contraire, Washington devrait, selon les économistes interrogés par Reuters, envisager les problèmes monétaires et les autres causes supposées du déficit commercial dans le cadre d'une approche multilatérale.