Le dirigeant palestinien Mahmoud Abbas a appelé le président américain samedi à imposer un accord de paix au Moyen-Orient, reflétant la frustration croissante des Palestiniens face à ce qu'ils perçoivent comme l'échec de Washington à obtenir des concessions du gouvernement israélien. Sur un ton inhabituelement tranché, Abbas a souligné que si Barack Obama croit qu'un Etat palestinien est dans l'intérêt vital des Etats-Unis, alors il doit forcer la voie pour y parvenir. "Puisque vous, Monsieur le Président, et vous, les membres du gouvernement américain, vous croyez cela, il est de votre devoir d'ordonner les étapes qui permettront d'atteindre la solution, et de l'imposer" a estimé Mahmoud Abbas dans un discours devant les cadres de son mouvement le Fatah. "Mais ne dites pas que c'est une question vitale et stratégique pour la nation américaine si ensuite vous ne faites rien" a martelé le chef palestinien. Notons que le président palestinien Mahmoud Abbas a reçu une invitation du président américain Barack Obama d'effectuer en mai une visite à Washington, a déclaré hier Saëb Erekat, négociateur en chef palestinien. "La date exacte n'a été fixée mais la visite se déroulera en mai", a confié à Xinhua M. Erekat. Il a ajouté que George Mitchell, l'envoyé spécial américain chargé du processus de paix du Moyen-Orient, a transmis l'invitation à M. Abbas, qui l'a acceptée. Il s'agit de la seconde visite de M. Abbas aux Etats-Unis depuis l'arrivée au pouvoir du président Obama l'année dernière. Pourtant, elle interviendra durant une période difficile où les négociations de paix israélo-palestiniennes sont au point mort. Le mois dernier, l'Organisation de libération palestinienne (OLP) a approuvé une proposition américaine pour ouvrir les négociations "de proximité" (indirectes) avec Israël, mais une décision israélienne de construire 1.600 unités de logements à Jérusalem-Est, un endroit considéré par les Palestiniens comme leur future capitale, a entravé le lancement des négociations. Pourtant, selon un reportage publié dimanche par Ha'aretz, un journal israélien, les négociations de proximité s'ouvriront pendant la première moitié du mois de mai et Washington servira de médiateur. Pourtant, M. Erekat a fait savoir que cela "dépendrait d'une démarche du gouvernement israélien de suspendre toutes ses activités provocatrices liées aux colonies de peuplement". "Les négociations ne sont pas liées à un certain moment, elles seront soumises à une attitude et la direction palestinienne est toujours en attente de l'attitude israélienne d'arrêter tous ses actes provocateurs", a ajouté M. Erekat. M. Mitchell est arrivé jeudi dernier dans la région et a rencontré les dirigeants israélien et palestinien en vue de lancer les négociations de proximité. Il n'a pas réussi à obtenir l'engagement israélien de cesser l'expansion de ses colonies de peuplement, mais a apporté une promesse de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, d'oeuvrer pour résoudre le conflit par la solution de deux Etats. Dans un communiqué, Mitchell, qui a prévu de revenir dans la région dès la semaine prochaine, indique toutefois avoir eu "des entretiens positifs et productifs" avec les dirigeants des deux camps. L'envoyé de la Maison blanche précise poursuivre ses efforts "afin d'améliorer l'atmosphère en faveur de la paix et pour instaurer des discussions de proximité", expression qualifiant des négociations indirectes sous médiation américaine. De source palestinienne, on indique que George Mitchell a présenté un compromis dans lequel les Palestiniens participeraient aux discussions de proximité en échange d'un accord non-écrit de Washington de dénoncer publiquement le camp qui compromettrait ces négociations.