Pour la première fois, un membre du directoire Siemens, Johannes Feldmayer, a été interpellé dans le cadre des scandales financiers qui hantent l'entreprise depuis cinq ans Le directoire de Siemens est désormais directement touché par le scandale de corruption qui mine l'entreprise. Mardi, Johannes Feldmayer, membre en exercice du directoire, a été interpellé. Il serait responsable de paiements injustifiés qui atteignent plusieurs centaines de millions d'euros, avec lesquels Siemens s'est acheté la bienséance de membres du comité d'entreprise. Et mercredi, c'est Karl-Hermann Baumann, l'ancien président du conseil de surveillance, qui a été à son tour touché. C'est ce que révèle le Süddeutsche Zeitung dans son édition de mercredi. Selon le journal, une enquête pour abus de confiance serait en cours à l'encontre de Baumann, qui avait aussi occupé la fonction de directeur financier. D'autres membres du directoire seraient aussi visés par l'enquête déclenchée par le parquet de Nuremberg. La justice soupçonne tout ce beau monde d'avoir acheté les bonnes grâces du petit syndicat AUB, pour tenter de réduire l'influence de son puissant rival IG Metall. Le chef d'AUB, Wilhelm Schelsky, aurait ainsi reçu au total 34 millions d'euros d'honoraires, dans le cadre des activités de son cabinet de conseil. Le parquet s'interroge sur l'existence de réelles contreparties. Schelsky aurait fait profiter son syndicat d'une partie des sommes reçues pour ses activités de conseil, selon le Süddeutsche Zeitung. Soupçonné de fraude fiscale et d'abus de confiance, le responsable syndical se trouve en détention préventive depuis mi-février. Plusieurs enquêtes en cours Depuis cinq mois, les scandales s'enchaînent chez Siemens. Plusieurs enquêtes sont en cours pour déterminer l'importance des "caisses noires". La justice estime que les sommes suspectes s'élèvent à 200 millions de dollars. Siemens, de son côté, entend passer au crible quelque 420 millions de dollars au total. Cet argent aurait notamment servi à décrocher des contrats en Asie, en Afrique et en Europe, notamment pour les Jeux olympiques d'Athènes en 2004. Siemens a décidé mercredi d'annuler une réunion exceptionnelle de son conseil de surveillance, selon le journal économique Handelsblatt. Le scandale dépasserait même la seule frontière allemande: des plaintes contre Siemens ont été déposées aux Etats-Unis, tandis que des opérations effectuées au Liechtenstein, en Suisse et en Grèce demeurent floues. Par ailleurs, le titre Siemens baisse de plus de 2% à 80,10 E à la Bourse de Francfort après l'annonce de la mise en détention préventive de Johannes Feldmayer membre du directoire du groupe. Il est soupçonné d'abus de confiance dans le cadre de versement de sommes d'argent au syndicat indépendant AUB. Cette arrestation de Johannes Feldmayer a été réalisé à la suite de plusieurs perquisitions dans les bureaux du groupe. Les versements pourrait porter selon Le Figaro du jour sur près de 15 millions d'euros. Ils auraient été réalisés auprès du président du syndicat, Wilhelm Schelsky, ancien membre du Comité d'entreprise de Siemens. Le journal Suddeuts-che Zeitung a annoncé que 2,5 millions d'euros auraient été versés à Wilhelm Schelsky entre 2002 et 2004. Rappelons que le groupe Siemens fait également l'objet de plusieurs accusations suite à l'enquête lancé par le parquet de Munich en novembre dernier. Le procès pour corruption de deux anciens dirigeants de l'activité Power Generation a été ouvert mi mars. Les accusations portent sur les versements illicites de près de 200 millions d'euros pour faciliter la signature de plusieurs contrats importants.