L'économiste en chef du Fonds monétaire international, Olivier Blanchard, juge nécessaire que la Banque centrale européenne (BCE) "clarifie sa communication et convainque les marchés" qu'elle continuera, "si nécessaire", à acheter des obligations d'Etat. Dans un entretien au quotidien La Tribune daté de mardi, Blanchard estime en effet que les soubresauts que connaissent les marchés actuellement sont dus notamment au fait qu'"il y a des doutes sur la politique de la BCE". La BCE a entrepris de racheter des obligations des Etats de la zone euro en grave difficulté budgétaire, comme la Grèce ou le Portugal, une mesure inédite dans son histoire et contestée par certains de ses membres au motif qu'elle risque de créer de l'inflation. Blanchard met par ailleurs en garde contre "le risque que, "sous la pression des marchés, certains pays fassent du zèle dans l'austérité". "Ce serait une erreur. Les marchés se sont longtemps endormis sur le risque budgétaire. Aujourd'hui ils se réveillent et s'affolent", juge-t-il. A propos des mesures de réduction du déficit en cours d'adoption par plusieurs pays européens, il relève que "certaines mesures de consolidation n'impliquent pas une diminution de la demande et un ralentissement de la croissance". Par exemple, la réforme des retraites par augmentation de l'âge du départ à la retraite ou de la durée des cotisations "n'a pas d'effet négatif sur la demande, et donc sur la croissance à court terme". Au contraire, assure M. Blanchard, "elle a même de bonnes chances d'accroître la demande: si les gens prennent leur retraite plus tard, ils ont moins besoin d'épargner, et ils peuvent donc consommer un peu plus". Blanchard estime également que les incertitudes des marchés face à la capacité de la Grèce à rembourser ses dettes sont "compréhensibles" vu le comportement des gouvernements grecs dans le passé. Olivier Blanchard a également indiqué que s'ajoutent les doutes sur la capacité de l'Union européenne à délivrer l'argent qu'elle a promis pour financer le gouvernement grec. Il explique que le gouvernement grec doit montrer sa détermination à mettre en place le plan d'ajustement établi avec l'aide du FMI et de l'Union européenne et que par ailleurs, les Parlements doivent voter les mesures voulues par les gouvernements. En outre, O.Blanchard estime que la Banque centrale européenne doit clarifier sa communication et convaincre les marchés qu'elle continuera, si nécessaire, à acheter des obligations d'Etat. Il indique ne pas identifier de besoin d'une révision majeure des perspectives de croissance mondiale du FMI pour 2010 par rapport à avril. Il note également que la dépréciation de l'euro est "une bonne nouvelle" pour la Grèce car elle lui permettra d'améliorer la compétitivité des exportateurs grecs.