Le géant pétrolier anglo-néerlandais Shell a renforcé vendredi sa présence dans le marché en plein développement de l'exploitation du gaz de schiste, une forme non-conventionnelle de gaz naturel, en achetant une société américaine pour près de 5 milliards de dollars. Le groupe a annoncé dans un communiqué avoir acquis l'essentiel des activités d'East Resources, compagnie d'exploration et de production pétrolière et gazière spécialisée dans le gaz naturel, pour 4,7 milliards de dollars payables entièrement en numéraire. Shell a précisé s'être entendu avec le groupe américain et son actionnaire minoritaire, le fonds d'investissement KKR, pour racheter "des filiales qui détiennent pratiquement toutes les activités" d'East Resources. East Resources est une société d'exploration et de production d'hydrocarbures, spécialisée dans la recherche et l'exploitation de gaz naturel aux États-Unis, principalement dans la strate de Marcellus, une couche de schistes et autres roches sédimentaires traversant le bassin des Appalaches. Shell a ajouté avoir parallèlement acquis cette année des droits d'exploration sur une surface totale d'un millier de kilomètres carrés dans une région gazière du sud du Texas, précisant avoir déjà commencé à y effectuer des forages. Cette acquisition et les achats de droits d'exploration vont permettre au groupe anglo-néerlandais de renforcer considérablement sa présence dans le secteur très prometteur du gaz de schiste aux Etats-Unis, qui est devenu un nouveau terrain de chasse pour les géants mondiaux de l'énergie. Le gaz de schiste est une forme non conventionnelle de gaz naturel contenu dans des roches souterraines. Une évolution spectaculaire des méthodes d'extraction a conduit ces dernières années à un développement impressionnant de l'exploitation et de la production de cette forme de gaz, particulièrement abondante aux États-Unis. Ces techniques consistent à casser la roche en y injectant sous haute pression un liquide contenant des produits chimiques qui libèrent le gaz et le font remonter à la surface, puis à forer à l'horizontale pour suivre les couches de la roche. l convient de signaler que le gaz non conventionnel représente à peine 4 % des réserves mondiales de gaz, selon les estimations de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Mais il a assuré 12 % des volumes produits dans le monde l'an dernier. En 2030, le gaz non conventionnel devrait représenter près de 60 % de la production américaine de gaz, contre à peine 30% en 2000, selon l'AIE. Le marché spot de GNL enregistre depuis 2009 une baisse importante des prix en raison de la hausse inattendue de la production gazière aux Etats-Unis, grand consommateur de cette énergie, favorisée par de nouvelles techniques d'extraction. À l'échelle mondiale, cette évolution fulgurante du marché américain a eu un effet spectaculaire: les États-Unis ont ravi en 2009 à la Russie la place de premier producteur mondial de gaz. Les multinationales de l'énergie ont multiplié les acquisitions dans ce domaine, pour tenter de s'emparer de cette manne. Au début du mois, le groupe britannique BG Group avait ainsi acquis 50% des activités d'exploitation de gaz de schiste du groupe américain Exco, pour 950 millions de dollars maximum.