L'idée selon laquelle l'intégration maghrébine passera forcément par les banques, continue à faire son chemin. Dans ce sens, l'hebdomadaire Jeune Afrique s'est penché sur la question, estimant que les choses commencent à bouger grâce, notamment ,à l'implantation de quelques banques maghrébines à Tunis, notamment la libyenne North African Investment Bank (offshore), la Banque tuniso-libyenne (BTL, étatique mixte) et la marocaine Attijariwafa Bank. Néanmoins, relève Jeune Afrique aucun cadre opérationnel n'existe. Pour débloquer la situation, Ahmed El-Karam, vice-président d'Amen Bank, a une solution?: instaurer l'agrément bancaire unique entre pays du Maghreb. Réalisé sous le contrôle des banques centrales, il permettrait aux établissements de s'installer automatiquement en respectant quelques conditions de base, comme le réinvestissement de l'épargne collectée dans le pays d'implantation. Par ailleurs, en l'absence d'une intégration économique, la part des échanges inter-maghrébins ne dépasse pas 3 % des échanges commerciaux globaux de la région. 70 % des flux financiers sont dirigés vers le Nord, où se trouvent les principaux partenaires économiques de la zone. Dans ce sens, Mohamed Ghannouchi, Premier ministre tunisien, préconise d'ailleurs la mise en place d'un mécanisme permettant de " faciliter les opérations de transfert pour qu'elles se fassent directement dans les devises des pays de la région et sans avoir recours aux devises étrangères ". Les banques centrales de Tunisie et de Libye ont fait un premier pas dans cette direction, chacune cote la monnaie de l'autre pays, laquelle circule librement et est " convertible " aux guichets des banques. Cela avant l'entrée en opération prévue en principe pour septembre 2010, de la Banque maghrébine pour l'investissement et le commerce extérieur (BMICE). Mohamed Ghannouchi a affirmé que la mise en place de la BMICE constitue un mécanisme nécessaire pour le financement des projets mixtes, la facilitation du transfert des capitaux et le développement des échanges commerciaux, exprimant la volonté de voir l'activité de cette banque démarrer dans les plus brefs délais. Il faut rappeler, dans ce sens, qu'au cours de la réunion d'Alger, 500 millions de dollars ont été affectés à la création de cette banque, "équitablement répartis entre les cinq pays membres de l'UMA" dont 150 millions de dollars représentant un capital libéré, a indiqué le ministre, précisant que 25% du capital de la banque devront être libérés la veille de la tenue de l'assemblée constitutive de la Banque, dont le siège sera établi à Tunis. Il faut dire que de plus en plus des voix s'élèvent pour demander aux pays membres de l'Union de hâter la mise en service de la BMICE dont l'assemblée constitutive a été convoquée une première fois au mois de mars 2007, à Tunis. Déjà, en novembre 2008, M. Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international (FMI), avait appelé à l'accélération de la mise en place de cette Banque pour faciliter la réalisation de projets fédérateurs dans la zone du Maghreb. Rappelons que le deuxième forum maghrébin des hommes d'affaires a consacré un panel au système financier sous le thème " Le système financier maghrébin : moteur de l'intégration économique maghrébine ". La coopération bancaire maghrébine a eu un cadre organisationnel (l'Union des Banques maghrébines, UBM) qui a été créée le 7 décembre 1990 à l'initiative des présidents des banques des 5 pays du Maghreb : Tunisie, Algérie, Libye, Maroc, et Maurétanie. L'espace a gardé son caractère macro pour engendrer encore et encore un coût très célèbre : Le coût de non Maghreb. La zone compte 93 banques, 104 établissements financiers, 12 600 points de vente, 6 400 GAB et engendre 155 000 banques. Un environnement de calibre qui n'a pas contribué comme prévu à l'accroissement de l'espace économique maghrébin, sauf l'expérience d'Attijariwafa Bank qui a réussi son réseau régional pour le mettre au service des hommes d'affaires opportunistes.