On utilise pêle-mêle les concepts d'hommes d'affaires, d'opérateurs économiques, d'investisseurs, d'entrepreneurs et cela en ajoutant du brouillard à la compréhension déjà assez complexe des cadres juridiques dans lesquels sont menées les réformes. On disait au début du lancement des réformes qu'on allait casser le monopole sur le commerce extérieur. Même ceux qui n'y comprenaient goutte pensaient que cela devait certainement être bien, du fait que cela était nouveau. Le mot " casser " était bien perçu car il traduisait une action. Quelle action ? Une action tout de même. Sortir de l'immobilisme, combattre la corruption car c'était le moment où on parlait d'un chiffre magique, soit 10%. Des commissions à 10%. Puis, ce fut une sortie " politique " du chef de gouvernement en poste avec un autre chiffre, soit 26 milliards de dollars détournés. Vrai ? Faux ? Allez le savoir. Le chiffre a servi de référence aux critiques contre le régime et le système. Puis, silence. Le monopole sur le commerce extérieur est cassé. Des agences " import-export " furent créées pour gérer la manne en devises qui servait aux importations par l'Etat, c'est-à-dire par les entreprises publiques. Où en sommes-nous aujourd'hui à propos de la corruption ? Dès lors qu'on avait cassé le monopole sur le marché extérieur pour transférer cette mission étatique aux entreprises privées, ce qui revient à dire que les moyens financiers en devises sont mis à la disposition d'hommes d'affaires, on n'avait fait que transférer l'appât du gain facile et choisir qui sera rendu riche en lui octroyant les autorisations d'importation. Un tel gain facile et sans risque pour les importateurs ne peut qu'irriter ceux qui veulent investir dans la production nationale. Y a-t-il moins de corrompus dans le secteur privé par rapport au secteur public ?Dans une wilaya de l'est du pays, les importateurs (privés bien sur) pensent que les infrastructures dans cette wilaya ne permettent pas de doubler et même de décupler (pourquoi pas ?) le volume des importations. Il leur faudrait un deuxième aéroport et spécialisé exclusivement dans les importations. Ces importations n'allaient bien sûr pas offrir des plans de charge à nos entreprises mais avaient financé ceux des entreprises étrangères installées outre mer, contribuant ainsi à la relance économique et à la préservation des emplois chez nos fournisseurs. Alors, pour ce qui nous concerne, certes la question peut se poser de savoir pourquoi ne serait-il pas possible de doper nos exportations, alors qu'en réalité c'est une autre question qui devrait se poser. En sommes-nous capables ou bien cela serait il prémédité ? C'est bien aux Algériens de développer le pays et non aux étrangers. Mais, malheureusement, il y a nombre d'hommes d'affaires algériens qui veulent construire leur avenir ailleurs et qui transfèrent les devises accumulées en Algérie vers leurs pays d'adoption. Il suffit de se rappeler l'histoire des neufs cent millions d'euros qui sont passés frauduleusement vers l'Espagne pour se surprendre à pleurer sur l'avenir.