Le Parlement européen a voté jeudi de nouvelles règles pour prévenir la pêche illégale du thon rouge. En prenant en compte la manière dont les prises sont comptabilisées, ces mesures permettent un suivi des quotas qui évite les tricheries et facilite la traçabilité. "Le thon rouge a une telle valeur que les opérateurs n'hésitent pas à aller loin dans la fraude", a affirmé l'écologiste espagnol Raul Romeva i Rueda, à l'origine du texte. Réunis à Strasbourg, les députés européens ont approuvé la transposition en droit communautaire d'une série de règles adoptées en novembre 2009 par la Commission internationale pour la conservation des Thonidés de l'Atlantique (Iccat). Ces règles étaient censées devenir obligatoires à partir du 1er juin dernier. Ce nouveau dispositif prévoit la mise en place d'un "système de documentation à chaque étape, y compris pour la mise en cage, les récoltes, l'importation, l'exportation et la réexportation afin de garantir une traçabilité totale et fiable" explique le Parlement européen dans un communiqué. "Le thon rouge a une telle valeur que les opérateurs n'hésitent pas à aller loin dans la fraude", déplore le rapporteur du texte adopté jeudi, l'écologiste espagnol Raul Romeva i Rueda. "Il y a une surexploitation, nous devons prendre des mesures significatives", a-t-il insisté. Les mesures transposées concernent notamment l'interdiction du transbordement en mer, afin d'éviter les tricheries au niveau de l'origine des thonidés, et de nouvelles contraintes en matière de durée pour la récolte des poissons mis en cage, pour imposer une traçabilité fiable. D'après les défenseurs de l'environnement, les stocks de thon rouge ont chuté de 75% depuis 1957, et de 60 % au cours des dix dernières années, en raison de la surpêche et de la demande croissante d'une chair tant appréciée par les amateurs de sushis. Notons par ailleurs, que l'association écologiste Sea Shepherd a affirmé vendredi avoir "libéré" 800 thons rouges qui étaient remorqués, selon elle, par des "braconniers" au large des côtes libyennes. Dans un communiqué, l'organisation non-gouvernementale (ONG) rapporte que cinq de ses plongeurs ont pénétré jeudi après-midi à l'intérieur d'une cage remorquée par le thonier senneur libyen Cesare Rustico. Ils ont "réussi à couper le filet des cages" et ont "libéré les 700 à 800 thons rouge retenus à l'intérieur". "Sea Shepherd Conservation Society n'est pas une association de protestation. C'est une organisation anti-braconnage et ces deux senneurs étaient, sans doute possible, des braconniers", assure l'association. L'organisation affirme que les thons libérés étaient des juvéniles, qu'ils avaient été capturés hors quota et "à l'évidence" après la clôture de la saison de pêche légale, le 14 juin. A l'appui de ses affirmations, elle souligne que les conditions météo étaient très mauvaises sur la zone située au nord de Tripoli du 8 au 14 juin et qu'il est par conséquent "impossible" que ces prises aient été faites pendant la saison légale de pêche. Par ailleurs, souligne Sea Shepherd, le capitaine du Cesare Rusticoces a indiqué que ces thons avaient été pris sous quota libyen par huit senneurs libyens. Or "le quota total de la Libye est de 725 tonnes et il est fort probable qu'à l'instar des pays européens, ce quota ait été atteint dès le 9 juin", estime l'ONG. Le thon rouge, qui a connu une décennie d'exploitation débridée, fait désormais l'objet d'une politique beaucoup plus stricte avec une saison réduite à un mois (contre deux en 2009) et des quotas en baisse.