La Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Iccat) a augmenté de près de 1.000 tonnes les quotas de pêche de thon rouge pour 2008. Cette décision a été prise à la réunion annuelle de l'Iccat qui s'est achevée, dimanche, à Antalya en Turquie, à l'issue de dix jours de travaux. Ainsi, l'Algérie, la Libye, la Maroc et la Tunisie seront autorisés à pêcher 691 tonnes supplémentaires en 2008, 771 tonnes de plus en 2009, et 985 en 2010, une révision à la hausse justifiée par le fait que leurs dernières prises ont été inférieures aux quotas qui leur avaient été accordés. La Commission européenne, de son côté, a salué les résultats de la réunion de l'Iccat, assurant qu'il avait été décidé de poursuivre le plan de sauvegarde du thon rouge, sur 15 ans, adopté l'an dernier. Elle a également indiqué que l'UE, qui a dépassé son quota de pêche de 4.000 tonnes en 2007, avait accepté un plan de "remboursement" de cette surpêche. Ainsi, les quotas européens des années 2009, 2010 et 2011 seront au total amputés de ces mêmes 4.000 tonnes. En raison de ce dépassement des quotas, la Commission avait été obligée en septembre de fermer la pêche au thon rouge dans l'UE et elle a également lancé des procédures d'infractions contre sept Etats membres. Aussi, le Parlement européen vient d'adopter une résolution pour sauver le thon rouge. Le texte préconise un contrôle de la pêche, plus strict de la part des Etats membres. Objectif : reconstituer les stocks de thon dans l'Atlantique et surtout en Méditerranée. Les gouvernements des 27 sont donc invités à durcir le plan de sauvetage du thon adopté en juin dernier. Un dispositif qui prévoit déjà de réduire de 10 % des quotas de pêche, de limiter les sorties en mer à 6 mois par an, et d'augmenter de 10 à 30 kg la taille minimale des prises. Un moyen de laisser aux jeunes thons le temps de se reproduire. Le Parlement demande aussi aux Etats membres de mieux contrôler le développement des parcs d'engraissement de thons rouges qui contribuent à appauvrir les stocks. Ce plan, qui vise à restaurer les stocks principalement en Méditerranée, s'inscrit dans le cadre des efforts mondiaux décidés en janvier au Japon par l'ensemble des grandes nations de pêche. Concrètement, les députés européens souhaitent que l'UE renonce à des dérogations prévues sur la taille minimale des poissons pêchés dans certaines zones ou concernant la taille maximale des navires autorisés à pêcher avec des palangres pélagiques (des fils de cordage traînés par les bateaux auxquels sont accrochés des hameçons et des leurres). "Accepter des dérogations pour certaines pêcheries serait contraire aux recommandations de l'ensemble de la communauté scientifique" et ne serait "pas justifié sur le plan biologique", a souligné le Parlement européen. Le Parlement demande aussi que les Etats établissent des plans de pêche très stricts pour les campagnes annuelles. Objectif: garantir que le nombre de navires et de madragues (des filets de pêche fixes, conçus pour la pêche de thons migrant, régulièrement en longeant certaines côtes) sera proportionnel aux quotas accordés. Il demande enfin aux Etats de mieux surveiller le développement des "parcs d'engraissement de thons rouges" sauvages dont le nombre a beaucoup augmenté en Méditerranée, contribuant à appauvrir un peu plus les stocks de l'espèce. Mais les verts estiment que ces mesures restent insuffisantes. Ils pensent que le thon rouge est gravement menacé par la surpêche généralisée, mais la France, l'Espagne et l'Italie - les trois champions européens des prises de thon rouge -, trouvent encore un prétexte pour refuser les mesures destinées à lutter contre la pêche illégale. Ces faux arguments visent, selon eux, à torpiller la mesure phare de la réglementation contre la pêche pirate présentée fin octobre par la Commission européenne. Un certificat attesterait que les captures sont licites et que le navire concerné est titulaire des licences, permis et quotas requis. Dans son dernier rapport, le comité scientifique de l'Iccat estime à 50 000 tonnes la quantité réelle de thon rouge pêchée en 2006, alors que le quota autorisé était de 32 000.