Voter ou rester chez soi, espoir d'amélioration ou résignation: les avis sur le référendum constitutionnel dimanche au Kirghizstan sont très partagés à Och, épicentre des récents affrontements interethniques où l'on redoute de nouvelles violences. Lire la suite l'article Moins de trois semaines après les événements de la mi-juin qui ont fait selon les autorités jusqu'à 2.000 morts dans le sud de ce pays pauvre d'Asie centrale, les tensions entre Kirghiz et la minorité ouzbèke sont encore vives. Le couvre-feu instauré dans le Sud dans la région d'Och après le début des violences a été levé samedi. Cependant, des barrages de contrôles ont été maintenus dans la ville et la région et les contingents de forces de l'ordre ont été renforcés à certains endroits. Environ 2,5 millions d'électeurs, sur une population de 5,3 millions d'habitants, doivent se prononcer sur la nouvelle Constitution, dont le principal amendement affaiblit considérablement le président au bénéfice du Parlement, afin d'éviter la concentration du pouvoir dans les mains d'une seule personne. Le président déchu, Kourmanbek Bakiev, a été renversé début avril au cours d'un soulèvement populaire sanglant (87 morts), en raison de la dérive autoritaire et du népotisme ayant caractérisé son mandat. L'opposition s'est alors emparée du pouvoir et a formé un gouvernement provisoire. A la veille d'un référendum constitutionnel décisif, les autorités du Kirghizistan ont lancé samedi les premières investigations sur les violences ethniques qui ont fait 275 morts dans le sud du pays. Les services de médecine légale ont procédé à l'exhumation des premiers corps dans la ville d'Och, point de départ des troubles entre Kirghizes et Ouzbeks de souche qui se sont propagés ensuite à toute la région frontalière de l'Ouzbékistan. Le premier vice-ministre de l'Intérieur, Baktibek Alimbekov, a expliqué que ces exhumations étaient destinées à identifier les cadavres et à se faire une idée plus précise du nombre de morts. Si le bilan officiel reste inférieur à 300 tués, la présidente par intérim Roza Otounbaïeva a répété à plusieurs reprises que ce nombre est d'au moins 2.000, les violences s'étant propagées à la ville de Djalalabad et à d'autres localités."Actuellement, notre équipe conduit ces opérations. C'est dans l'intérêt des victimes (d'être identifiées), et je ne pense pas que cela va provoquer de mécontentement", a dit Alimbekov lors d'une conférence de presse à Och. Un observateur étranger, s'exprimant sous le sceau de l'anonymat, a précisé à Reuters avoir vu au moins cinq cadavres exhumés du cimetière d'Och. Plusieurs habitants d'un quartier de la périphérie ont exprimé leur désapprobation lorsque les soldats se sont présentés samedi matin et qu'ils ont commencé à ouvrir des sépultures sans prendre les précautions nécessaires. "Les soldats sont venus et ils les ont déterrés. Ils les ont emportés, ceux qui n'avaient pas été identifiés", a raconté un habitant. "Les gens de chez nous ne voulaient pas faire ça, pas sans une commission officielle", a-t-il ajouté. L'homme a précisé que seuls des Ouzbeks de souche étaient enterrés là, précisant que certains corps se résumaient à des tas d'os calcinés.