Le gouvernement de coalition de centre-droit suédois a donné lundi son feu vert à une baisse d'impôts de 2,5 milliards de couronnes suédoises pour les retraités (265 millions d'euros) qui entrera en vigueur l'année prochaine. L'accord reprend une proposition faite par le Premier ministre Frederik Reinfeldt la semaine dernière lors du coup d'envoi de la campagne de son parti en vue des élections législatives du 19 septembre. Par ailleurs, la Suède essaie tant bien que mal de lutter contre l'évasion fiscale. Depuis la crise financière, elle bénéficie du renforcement de la coopération internationale, qui rend plus difficile de cacher de l'argent à l'étranger, et notamment en Suisse. Mais la bataille est loin d'être gagnée. La liste des Suédois ayant choisi de s'exiler pour éviter d'avoir à payer des impôts dans leurs pays ne se limite pas à ces célébrités. Il est vrai que le royaume est, avec son voisin danois, l'Etat qui a la fiscalité la plus lourde de tous les membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Pour les autorités d'un pays luthérien se voulant égalitariste comme la Suède, une telle démarche n'est pas seulement condamnable d'un point de vue moral (chaque citoyen, estime-t-on, est censé participer par l'impôt au financement de l'Etat-providence qui, en contrepartie, doit bénéficier à tous). Elle représente aussi un manque à gagner important. L'Office suédois des impôts estime qu'en moyenne 46 milliards de couronnes (6,5 milliards de CHF) disparaissent chaque année "pour cause de transactions internationales". Soit un tiers des pertes enregistrées par le fisc. La principale fuite a lieu dans le royaume même, où le travail au noir est vivace, malgré le civisme réputé des Suédois. Le problème pour l'Etat suédois n'est pas nouveau. Ingvar Kamprad, par exemple, a quitté le royaume dès 1973, d'abord pour le Danemark puis pour la Suisse. Mais, reconnaît Göran Haglund, du bureau international de l'Office des impôts, "le phénomène a pris de l'ampleur à la faveur de la mondialisation, de la multiplication des paradis fiscaux et de la sophistication grandissante des moyens disponibles pour y transférer discrètement des fonds", qu'ils soient d'origine légale ou non. Face à cette réalité, les autorités suédoises ont eu du mal à suivre, confrontées qu'elles étaient au peu d'empressement à coopérer des pays abritant les fonds envolés. Mais le mouvement a commencé avant. Deux ans plus tôt, la Suède et les autres pays nordiques - tous adeptes d'une fiscalité forte - ont décidé d'unir leurs capacités de persuasion pour négocier des accords d'échange d'informations avec des paradis fiscaux et autres territoires ou pays offrant divers moyens d'échapper au fisc. Cette offensive a incité des Suédois à contacter l'Office des impôts pour "régulariser leur situation", indique Göran Haglund sans pouvoir préciser combien viennent de Suisse. En revanche, contrairement au Danemark, à la Finlande et à la Norvège, la Suède n'a pas conclu d'accord récent avec la Suisse. Celle-ci s'était empressée, il y a un an, de signer de tels accords pour pouvoir sortir de la "liste grise" des paradis fiscaux sur laquelle l'OCDE l'avait placée en avril 2009. C'est donc un ancien accord, mal adapté à la nouvelle donne, qui continue de régir les relations dans le domaine entre Stockholm et Berne. En attendant la signature d'un nouveau texte qui, à en croire l'ambassade de Suisse en Suède, ne dépend plus que de la disponibilité des uns et des autres.