L'Asie reste fermement positionnée comme le fer de lance de la reprise économique mondiale, et la forte croissante enregistrée par cette région devrait se poursuivre, selon un rapport publié jeudi par le Fonds monétaire international (FMI). "L'expansion en Asie a dépassé les prévisions sur le premier semestre de cette année, amenant le Fonds à réviser à la hausse sa prévision de croissance pour cette région à 8 pourcent, soit près d'un point de plus que la prévision d'avril", a déclaré le FMI dans son dernier rapport sur les Perspectives de l'économie régionale pour l'Asie et le Pacifique. L'institution financière internationale basée à Washington a indiqué que les économies de l'ensemble de la région connaissaient une forte expansion. "La Chine et l'Inde sont en tête avec des taux de croissance prévus de 10,5 % et 9,7 % en 2010, respectivement, tandis qu'en Indonésie la croissance devrait être de 6 %. Au Japon, les projections annoncent désormais une croissance de 2,8 %". Le fonds anticipe pour 2011 un rythme de croissance régional plus soutenable de 6,8 pourcent. Par ailleurs, le FMI a observé que la forte croissance économique amenait de nouveaux défis politiques. "Les pressions inflationnistes continuent de s'accumuler, tandis que les prix sur certains marchés immobiliers progressent à un taux de plus de dix pourcent", souligne-t-il. Si l'Asie devrait demeurer une destination attractive pour les investissements étrangers, du fait de la lenteur de la reprise aux États-Unis et en Europe, les afflux de capitaux pourraient s' ajouter aux pressions sur les prix au niveau national dans la période qui s'annonce, selon ce rapport. Le temps est par conséquent venu pour les pays de la région de normaliser leurs positions de politique monétaire et budgétaire, estime Anoop Singh, directeur du département Asie et Pacifique du FMI. "Nous saluons les mesures prises jusqu'à présent par les décideurs politiques pour contrôler les risques inflationnistes et limiter l'aggravation des points faibles du secteur financier, mais il faut aujourd'hui en faire davantage, du fait de la croissance forte et continue dans la région", explique M. Singh. Le FMI estime que "le principal défi pour les dirigeants asiatiques va être de réussir à mettre fin aux plans de soutien" lancés durant la crise. Des mesures sont nécessaires afin "d'apaiser les pressions sur les prix", souligne-t-il. Il note que certaines "économies ont commencé à prendre des mesures" pour resserrer leur politique monétaire. Pékin a ainsi annoncé cette semaine la première hausse des taux d'intérêt depuis trois ans, tandis que l'Inde, Singapour et la Thaïlande ont également pris des mesures ces dernières semaines. Pour M. Singh, l'une des priorités réside dans "l'appréciation des taux de changes". "Il est naturel que, lorsque ces économies croissent, leurs monnaies se renforcent. C'est le signe du succès de l'Asie". La plupart des monnaies asiatiques se sont fortement appréciées face au dollar ces derniers mois sur fond d'afflux de capitaux lié à la faiblesse des taux d'intérêt dans les pays développés et la confiance des investisseurs dans les économies d'Asie. Les questions de changes devraient dominer la réunion des ministres des Finances du G20 de cette fin de semaine, qui sera suivie du sommet des pays du G20, à Séoul les 11 et 12 novembre. Par ailleurs, le FMI appelle l'Asie à accroître ses investissements dans les infrastructures pour stimuler le secteur privé et soutenir la demande intérieure, clés pour assurer la croissance à long terme de la région.