Le Forum des chefs d'entreprise ne remet pas en cause le bien-fondé de l'instauration de la lettre de crédit comme unique mode de paiement dans le commerce extérieur, mais des formules d'assouplissement doivent être trouvées, a indiqué, hier, M. Réda Hamiani sur les ondes de la Radio nationale. Renchérissement des importations jusqu'à 2.5 %, l'introduction de délais supplémentaires qui pénalisent les importateurs, sont, entre autres, les contraintes de cette mesure. Mais la plus importante, selon Hamiani, est son signe de défiance à l'égard de la relation de confiance fournisseur-client. La solution préconisée par le chef du FCE est que cette mesure ne soit pas appliquée de la même façon aux importateurs revendeurs en l'état et des producteurs pour les besoins de leurs entreprises. " Ce distinguo n'a pas été opéré et on estime que c'est le minimum", a regretté Réda Hamiani, affirmant que cette distinction aurait pu contribuer à réduire la facture des importations tout en encourageant la production locale. Les assouplissements apportés par la loi de finances complémentaire pour 2010 à cette mesure pour les besoins de la production, concernant l'autorisation dans la limite de 2 millions de dinars de déroger à cette règle pour les intrants et les pièces détachées pour les entreprises de production, ont été salués par le président du FCE, qui les a néanmoins, jugés insuffisants, d'autant qu'ils ne tiennent compte ni du chiffre d'affaires de l'entreprise, ni de son effectif et encore moins de sa taille. Dans le même ordre d'idées, M Hamiani souhaite que l'initiative du gouvernement soit un premier pas vers la satisfaction des doléances des chefs d'entreprises qui jugent que le montant de l'assouplissement est trop bas. Par ailleurs, le chef du patronat a salué le pragmatisme du gouvernement consistant à impliquer davantage le capital national dans la stratégie industrielle, traduit par la règle 51/49 concernant l'investissement étranger et les nouvelles mesures du code des marchés publics, souhaitant que des modalités précises soient apportées incessamment à la mise en œuvre de cette démarche. M. Hamiani a également tenu à saluer la politique agricole visant à assurer la sécurité alimentaire de notre pays. "Elle constitue une excellente ressource pour beaucoup d'industriels", a-t-il tranché. Le privé est à l'origine de 80 % des richesses produites Le président du FCE a exprimé sa satisfaction des politiques engagées par les pouvoirs publics pour asseoir une véritable croissance économique, qui se traduit notamment par le lancement des projets d'infrastructures, mais surtout par les révisions opérées et qui ont donné lieu à une meilleure participation des entreprises locales dans la scène économique du pays. " La politique gouvernementale s'inscrit, comme on le souhaite, dans une vigoureuse relance économique", a-t-il affirmé, rappelant le rôle revendiqué par le FCE dans l'accompagnement des autorités dans ses politiques déterminantes. Il a également exprimé sa satisfaction des prouesses enregistrées par le secteur privé. " Le secteur hors hydrocarbures est satisfaisant. Son taux de croissance, ces dernières années, était de 5 %. En 2009, il était de 9 % et notre satisfaction vient de là", s'est félicité M. Hamiani, affirmant que le secteur privé représenté par le FCE, en l'occurrence le secteur industriel et celui des services est mobilisé pour garder le taux de croissance autour des 5 %. " C'est la seule façon de résoudre le problème de la création d'emplois", a-t-il tranché. Pour le patron des patrons, la part du secteur privé dans la croissance économique a considérablement augmenté ces dernières années. " A l'heure actuelle, a-t-il dit, il est à l'origine de la création de 80 % des richesses produites dans notre pays". Considérant, toutefois, les politiques élaborées par les pouvoirs publics pour apporter des solutions au foncier industriel, à la mise à niveau des PME ainsi qu'au problème des financements, globalement satisfaisantes, M. Hamiani a regretté que ces solutions ne soient pas traduites sur le terrain. Conséquences : le secteur privé, versé essentiellement dans l'agroalimentaire et le BTPH ne se redéploie pas au rythme voulu. Pis encore, le tissu PME-PMI peine à avoir des entreprises championnes dans leur domaine et même le nombre d'entreprises créées annuellement demeure médiocre. A cela s'ajoute, selon Hamiani, une absence de culture d'entrepreneuriat chez les jeunes diplômés qui préfèrent chercher un emploi ou partir vers d'autres cieux que de se lancer dans des initiatives entrepreneuriales.