Le groupe automobile Renault-Nissan, qui détient 40% du marché russe, entend augmenter sa production en Russie pour maintenir sa position, a déclaré mardi le PDG de l'alliance Carlos Ghosn lors d'une rencontre avec le premier ministre russe Vladimir Poutine. Selon M.Ghosn, les ventes sur le marché russe dépasseront 4 millions d'automobiles dans cinq ans, Renault devant donc vendre 1,6 million de voitures. Ces projets concernent les usines Renault de Togliatti (Volga), de Saint-Pétersbourg et de Moscou, mais le groupe Renault-Nissan envisage également de prendre d'autres mesures pour contrôler 40% du marché russe, a ajouté M.Ghosn. L'alliance Renault-Nissan pourrait prendre le contrôle du constructeur russe Avtovaz, une éventualité évoquée hier par Vladimir Poutine, le Premier ministre de Russie, où le secteur automobile, très lourdement affecté par la crise de 2009, est en pleine reprise. "Le Premier ministre a indiqué qu'il n'était pas opposé (...) à ce que la part de Renault-Nissan (dans Avtovaz) soit élargie et qu'elle puisse atteindre 50%", a déclaré le patron de l'alliance, Carlos Ghosn, après une rencontre à Moscou avec le chef du gouvernement russe. L'alliance franco-japonaise deviendrait ainsi l'actionnaire largement majoritaire du constructeur russe. Actuellement, Nissan ne détient pas de parts dans Avtovaz dont les principaux actionnaires sont, outre Renault (25% plus une action), le conglomérat russe Rostekhnologuii (25,1%) et la banque d'investissement Troïka Dialog (25%), selon le dernier rapport d'activité disponible d'Avtovaz. "Nous saluons la possibilité d'élargissement de votre participation dans le capital de la compagnie" russe, a souligné Vladimir Poutine. Le 27 octobre, M. Ghosn avait évoqué dans une déclaration à la chaîne de télévision russe Russia Today un éventuel rachat des 25% de Troïka Dialog dans Avtovaz, sans donner plus de précisions, si ce n'est "qu'aucune décision concrète n'a été prise". Renault avait acquis 25% plus une action d'Avtovaz pour un milliard de dollars en février 2008. Le fabricant des célèbres Lada, numéro un de la construction automobile en Russie, a entre-temps été pris au piège de la crise économique mondiale et s'est retrouvé confronté à une dette colossale. L'Etat russe avait exprimé depuis à plusieurs reprises le souhait que Renault augmente sa participation, mais le groupe français avait jusqu'à présent indiqué ne pas prévoir d'acquérir des parts supplémentaires. Cependant depuis 2010, le secteur automobile russe, lourdement affecté par la crise de 2009 avec un recul de 49% des ventes par rapport à 2008, est sur la voie de la reprise, y compris Avtovaz. Le groupe est sorti du rouge et a renoué avec les bénéfices au premier semestre 2010, dégageant un bénéfice net de 3,1 milliards de roubles (74,8 millions d'euros), après une année noire en 2009 avec une perte de 49,2 milliards de roubles (1,28 milliard d'euros). "Chez Avtovaz, les choses vont de mieux en mieux", a souligné M. Poutine mardi, précisant que cette année la capitalisation du groupe s'établissait déjà à 1,79 milliard de dollars. M. Ghosn a quant à lui fait part de sa confiance dans la reprise du secteur automobile en Russie et indiqué vouloir renforcer la production de véhicules pour faire face à la hausse de la demande et "conserver la part de 40%" de l'alliance sur ce marché. "Les ventes sur le marché russe doivent atteindre quatre millions de véhicules d'ici cinq ans, ce qui signifie que l'alliance doit en vendre 1,6 million" pour conserver sa part actuelle, a-t-il expliqué. De son côté, le patron de Rostekhnologuii, Sergueï Tchemezov, a réaffirmé mardi la possibilité de vendre à Renault-Nissan 4% de ses parts dans Avtovaz, issus d'une augmentation de capital annoncée en juillet et qui devrait faire grimper la participation du conglomérat à 29%. "Il n'y aucune raison pour que Rostekhnologuii détienne plus de 25% (dans Avtovaz) et si (Renault-Nissan) a l'intention d'élargir sa part, nous sommes prêt à soutenir cette opération", a-t-il déclaréM. Ghosn s'est contenté de répondre que l'alliance réagissait "de manière positive" à l'invitation de Vladimir Poutine, sans donner plus précisions sur ses intentions. "Pour Renault-Nissan, c'est absolument logique et nous comprenons cette demande. Nous allons étudier cette possibilité avec plaisir" avec les autres actionnaires d'Avtovaz, a-t-il conclu.