Det Norske VeritasLe gaz naturel liquéfié (GNL) va devenir le principal carburant pour les navires marchands dans les 40 ans à venir dans le sillage des pressions que subissent les armateurs pour la protection de l'environnement, a indiqué la société de classification des navires Det Norske Veritas. Les navires devront réduire leurs émissions d'oxydes de soufre, un polluant favorisant les pluies acides, à 0,5% d'ici à 2020, contre 4,5 % actuellement, en vertu des règles de l'Organisation maritime internationale. Dans les régions plus respectueuses de l'environnement, la limite supérieure devra même baisser à 0,1 % en 2015 contre 1 % actuellement. En 2020, avance cette société, la majorité des armateurs exigeront la dotation de réservoirs de GNL dans leurs contrats de commandes de nouveaux navires. Selon les estimations, la facture des contrats de commandes de navires a atteint 46,1 milliards de dollars en 2010 (contre 28,1 milliards de dollars en 2009), précisant que le changement des spécifications de construction pour les doter de réservoirs de GNL représentera environ 10 % des coûts de construction. Selon les prévisions, le basculement de la flotte de transport vers le GNL comme carburant va engendrer une demande de 360 millions de tonnes équivalent pétrole de gaz liquéfié GNL. Dans le transport maritime, le GNL permettra la réduction d'émissions de carbone d'environ 25 %, des oxydes de soufre de près de 100 %, et des oxydes d'azote de 85 %. Actuellement, les capacités mondiales de liquéfaction de gaz sont légèrement supérieures à 100.000 b/j. L'entrée en service de nouvelles unités, et notamment de la raffinerie Shell de Pearl au Qatar, les portera à un niveau compris entre 0,5 et 1 Mb/j à l'horizon 2020. Au cours des dernières années, l'essor d'un marché mondial du GNL a encouragé le développement du stockage maritime du gaz, et ces techniques, initialement destinées à faciliter le transport du gaz naturel, autorisent naturellement l'utilisation du GNL comme carburant pour les navires. La consommation totale de la flotte commerciale mondiale dépasse les 3,5 Mb/j de fioul lourd, de sorte que l'usage accru du GNL pourrait en réduire fortement la demande globale. Il est également possible que certaines flottes (par exemple celle de la Chine) préfèrent la propulsion nucléaire à tout type de carburants fossiles. Dans l'industrie automobile, les produits pétroliers peuvent être remplacés par le charbon ou le gaz naturel grâce au développement de véhicules hybrides ou 100% électriques, entre lesquels une certaine concurrence se développe désormais. Notons que Fatih Birol, économiste en chef de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la croissance de la production de gaz d'origine non conventionnelle devrait permettre un "âge d'or" pour cette énergie, en la rendant bon marché et abondante. Dans ce sens, Fatih Birol estime que parallèlement à la stagnation de l'offre de brut, l'AIE prévoit un fort développement du gaz naturel liquéfié et du pétrole non conventionnel, (tiré) principalement (des) sables bitumineux canadiens, qui porteront la production mondiale à l'équivalent de 96 mbj en 2035. "Le gaz naturel pourrait connaître un âge d'or très bientôt. Cette énergie fossile sera meilleur marché et abondante, les gazoducs sont aisés à construire, et le gaz est comparativement plus favorable à l'environnement que le charbon" a-t-il indiqué. Et d'ajouter que d'ici 2035, environ un tiers de la production de gaz devrait venir de sources non conventionnelles. Ainsi, la surabondance actuelle de gaz naturel au niveau mondial devrait donc perdurer encore 10 ans. Cela signifie qu'il y aura beaucoup de pression à la baisse sur les prix du gaz, ce qui est évidemment une bonne nouvelle pour les consommateurs. Depuis deux ou trois ans, les perspectives du gaz naturel aux Etats-Unis ont complètement changé. Pour pallier la baisse de leurs ressources "classiques" de gaz, les Etats-Unis se sont lancés dans un programme massif d'équipement en terminaux méthaniers pour y recevoir du gaz naturel liquéfié. En conséquence, le prix du gaz avait dépassé les 12 $ par million de British Thermal Units (MBTU), unité anglo-saxonne utilisée dans ce secteur (*), pour atteindre un pic de 14 $/MBTU. Ce prix est désormais redescendu en dessous de 4 $/MBTU, complètement découplé du prix du pétrole qui reste voisin de 75$ par baril. Il y a deux causes à cet effondrement des prix du gaz, l'une conjoncturelle et l'autre durable. D'une part, la récession mondiale de 2008-2009 provoquée par la crise financière a réduit la demande de gaz naturel à la fois pour les usages industriels et pour la production d'électricité. Mais surtout, on a assisté à un développement spectaculaire de la production américaine de gaz de schiste, un gaz naturel encore classé comme "non conventionnel", comme le grisou des gisements de charbon. Ce gaz s'est formé dans certaines couches de schiste par décomposition de matières organiques fossiles sous l'action de la chaleur et de bactéries, et y reste piégé en grande quantité mais à faible concentration. Ces ressources, considérables sont connues depuis longtemps, mais ce n'est que tout récemment que les progrès techniques (forages horizontaux, fracturation hydraulique des roches) les ont rendues exploitables à grande échelle. Il y a désormais 35 000 puits produisant du gaz de schiste aux Etats-Unis - il n'y en avait qu'une cinquantaine en 1990. On prévoit que le gaz non conventionnel, qui assurait 42% de la production américaine en 2007, atteindrait 64% en 2020, ce qui, ajouté au gaz classique, rendrait les Etats-Unis pratiquement auto suffisants pour au moins deux siècles.