La crise des monnaies européennes n'est pas terminée. La difficulté est d'enrayer la contagion, voulue par les spéculateurs qui s'attaquent maintenant au Portugal et à l'Espagne. Selon le président de l'Eurogroupe, le Luxembourgeois Jean Claude Juncker, le Fonds européen de stabilité permettra de réagir aux défis lancés à la zone euro. Il a ainsi affirmé, dans un entretien publié hier par le quotidien économique belge L'Echo, que "le fonds tel qu'il existe nous permettra de réagir de façon convenable aux défis qui peuvent être lancés". La Commission européenne a démenti vendredi avoir proposé de doubler à 880 milliards d'euros le montant des garanties de prêts du Fonds de secours pour la zone euro. Ce fonds doit être activé dans le cadre d'un plan de soutien à l'Irlande impliquant le FMI dont l'annonce est attendue aujourd'hui. L'aide devrait tourner autour de 85 milliards d'euros contre certaines conditions à remplir pour Dublin, selon des sources européennes. Le président de l'Eurogroupe et chef du gouvernement luxembourgeois se veut par ailleurs rassurant à propos du Portugal et de l'Espagne, dont les économies sont en difficulté. "L'Espagne et le Portugal ont su anticiper sur le plan des finances publiques des remises en cause qui auraient pu les concerner", explique-t-il. "Il n'y a aucun parallèle entre l'Irlande et le Portugal", affirme-t-il. "Le Portugal a mis sur la table de son parlement un plan d'assainissement assez conséquent et le secteur bancaire montre des signes de robustesse", souligne-t-il. Le Parlement portugais a définitivement adopté vendredi un budget d'austérité pour 2011 qui doit permettre de réduire drastiquement le déficit du pays. "Pour ce qui est de l'Espagne, je vois que le gouvernement a mis en place des mesures de consolidation budgétaires très strictes", a ajouté M. Juncker. Les Européens se sont efforcés vendredi d'endiguer les inquiétudes concernant la zone euro, alors que les rumeurs d'aide à Lisbonne se font insistantes et que se multiplient les signe de la défiance des investisseurs à l'encontre de l'Espagne. M. Juncker se prononce enfin pour un mécanisme permanent de résolution de crise appelé à prendre le relais du Fonds européen de soutien lorsque celui-ci arrivera à échéance, en 2013. Mais il se montre dubitatif sur une implication du secteur privé. "Je ne m'érigerai jamais en adversaire acharné d'une implication du secteur financier dans la résolution de crise", dit-il. "Mais il faut savoir que le Fonds monétaire international, qui a une expérience certaine dans les résolutions de crises, n'a jamais considéré que, l'implication du secteur privé devrait toujours faire partie d'un arsenal de résolution de crise", souligne-t-il. A Lisbonne, comme à Madrid, on assurait qu'il n'y avait pas de souci, qu'on allait s'en sortir tout seul… Une attaque de l'Espagne poserait un problème d'une tout autre ampleur : plus que la Grèce, l'Irlande et le Portugal réunis. Avec elle, on entrerait dans la cour des grands d'Europe avec l'Italie, le Royaume-Uni ou… la France. La valeur d'une monnaie reflète la confiance que l'on a en elle. Elle s'apprécie quand les investisseurs estiment qu'elle va s'orienter à la hausse et, inversement, elles se déprécient quand on craint qu'elle perde sa valeur. En ce moment, le fonctionnement de la zone euro inquiète, l'euro ne semble plus être la meilleure manière de se protéger contre une perte de valeur de ses économies. On préfère vendre. D'autres vont faire pareil… Jusqu'à ce que la confiance revienne.