Le cours de l'or a brillé cette semaine, son statut de valeur refuge attirant des investisseurs affolés par la crise des dettes souveraines en Europe, mais le métal jaune a accusé un net repli vendredi, pâtissant in fine du fort renchérissement du dollar. Le métal jaune a vu son prix bondir de plus de 25 dollars sur les deux jours de lundi et mardi, soutenu par un regain d'incertitudes sur la zone euro puis par des tensions militaires dans la péninsule coréenne, des gains que le marché a conservé durant une bonne partie de la semaine. "Un mouvement de peur sur une possible contagion de la crise irlandaise" à d'autres pays fragiles de la zone euro, à commencer par le Portugal, "a prospéré à grande échelle sur les marchés et les investisseurs se sont précipités pour trouver refuge dans les actifs les plus sûrs", a commenté Filip Petersson, de la banque suédoise SEB. "En conséquence, le dollar et l'or ont grimpé de concert, un phénomène que nous avions déjà observé au plus fort de la crise grecque" au printemps, a-t-il précisé. Des tensions militaires sont venues accroître encore un peu plus l'aversion des investisseurs pour les actifs jugés risqués: la Corée du Nord a tiré mardi des dizaines d'obus sur une île de Corée du Sud, déclenchant des tirs de riposte de Séoul, une situation qui a renforcé la forte anxiété du marché. Les achats d'or profitaient également "des préoccupations permanentes sur les perspectives d'un resserrement monétaire en Chine", susceptible de brider la consommation du géant asiatique, ajoutait Suki Cooper, analyste de Barclays Capital, tout en notant que les volumes échangés avaient été grandement limités par la fermeture jeudi des marchés américains en raison de Thanksgiving. Autre facteur de soutien pour le métal jaune: la Vietnam, l'un des cinq plus gros pays consommateurs d'or selon le Conseil mondial de l'or, vient d'autoriser les entreprises nationales à importer de l'or jusqu'à la fin de l'année, ce qui devrait accroître les importations du pays. Les cours de l'or ont cependant brusquement inversé la tendance vendredi, s'effondrant de plus de vingt dollars dans la journée et effaçant en grande partie leurs gains des jours précédents, succombant finalement à la forte envolée de la monnaie américaine. "Le principal facteur de cette baisse est le raffermissement du dollar, monté à son plus haut niveau en plus de deux mois face à l'euro", ce qui rendait moins attractifs les achats d'or libellés en dollars, observaient les experts de Commerzbank. Aussi, le cours de l'argent a suivi fidèlement celui de l'or, maintenant ses forts gains de début de semaine avant de chuter vendredi. Les métaux platinoïdes ont joué les montagnes russes cette semaine. Le palladium a ainsi bondi lundi jusqu'à 714 dollars l'once lundi, toujours porté par les craintes du marché sur un possible épuisement des stocks russes (la Russie est le premier producteur mondial), avant de se replier nettement, tombant jusqu'à 660 dollars mercredi, puis de remonter tout aussi promptement. Le platine l'a imité, reculant fortement en milieu de semaine plombé par le renchérissement du dollar, avant de rebondir grâce à la solidité de la demande industrielle. La progression des ventes automobiles aux Etats-Unis en novembre "est de bon augure pour la perspective du marché automobile en 2011" et donc la demande de platinoïdes, dont c'est le principal débouché, relevait Suki Cooper. De leur côté, les cours des métaux de base échangés au London Metal Exchange (LME) se sont dans l'ensemble stabilisés cette semaine, après leur dégringolade de la semaine précédente, sur un marché toujours nerveux et pénalisé par les inquiétudes macroéconomiques. Les prix des métaux industriels s'étaient effondrés en milieu de semaine dernière à leurs plus bas niveaux depuis plus de deux mois avant de se reprendre quelque peu: ils ont légèrement creusé leurs pertes cette semaine, puis se sont stabilisés sur un marché volatil. "Il y a une exacerbation des incertitudes macroéconomiques (la politique monétaire en Chine, la crise irlandaise), alors que les investisseurs ont préféré s'éloigner des actifs à risque avant la fête de Thanksgiving", pour laquelle les marchés américains étaient fermés jeudi, a souligné Robin Bhar, analyste de Crédit agricole. Cependant, "il semble que le mouvement de vente massive de la semaine dernière était exagéré et que le marché à surréagi": la relative reprise qui a suivi les plus bas niveaux enregistrés la semaine dernière "montre que des opportunités d'achats à bon compte sont apparues", tempérait-il. De bons indicateurs aux Etats-Unis mercredi - notamment une baisse des inscriptions hebdomadaires au chômage à leur plus bas niveau depuis juillet 2008 ou une progression d'un indice de confiance des consommateurs - ont également apporté un peu de soutien aux cours. Le marché est toutefois resté prudent, alors qu'un regain de craintes d'une contagion de la crise des dettes souveraines en zone euro, le renchérissement du dollar, mais aussi des chiffres en demi-teinte concernant les importations chinoises de métaux, avivaient la nervosité des opérateurs.