Le chef du gouvernement, M. Abdelaziz Belkhadem, a accusé, jeudi, le candidat UMP à la présidentielle française, Nicolas Sarkozy, de vouloir "réhabiliter l'Organisation de l'armée secrète" (OAS). Dans une interview publiée, jeudi dernier dans Le Monde, Belkhadem a indiqué que "l'OAS était une organisation criminelle, une organisation terroriste du même type qu'Al-Qaïda aujourd'hui. Elle a été le précurseur d'Al-Qaïda, d'une certaine façon". En avril dernier, Nicolas Sarkozy avait déclaré, dans un courrier adressé à des associations de rapatriés français, qu'il souhaitait ne pas "sombrer dans la démagogie de la repentance" et était favorable à ce que les "victimes françaises innocentes" de la guerre d'indépendance et "tout particulièrement les victimes du 26 mars 1962" se voient reconnaître la qualité de "morts pour la France". M. Abdelaziz Belkhadem a rappelé dans cette interview, notamment que "nous gardons en mémoire tout ce qui a été dit en France. Nous n'avons rien oublié et, pour nous, on ne peut pas parler d'aspect positif de la colonisation". Le chef du gouvernement, et également secrétaire général de l'instance exécutive du FLN, a expliqué que l'Algérie "souhaite toujours la signature d'un traité d'amitié avec la France", mais qu'il faut "se démarquer des crimes de la France coloniale". Nicolas Sarkozy a déjà rejeté, de son côté, toute idée de traité d'amitié. Quelques jours avant sa visite à Alger en novembre dernier, il avait déclaré que l'"amitié n'avait pas besoin d'être gravée". M. Abdelaziz Belkhadem a, une fois de plus, réitéré le sentiment général qui se dégage en Algérie, à savoir que "la colonisation a été abominable et qu'on ne peut pas se contenter de gestes symboliques pour la condamner". Cette déclaration de M. Abdelaziz Belkhadem intervient à la suite de la lettre adressée le 17 avril dernier par Nicolas Sarkozy au président du comité de liaison des associations de rapatriés. Celle-ci a circulé dans les milieux des pieds noirs et a été publiée sur un site internet. Nicolas Sarkozy, candidat UMP à la présidentielle française, redit son engagement de ne "jamais sombrer dans la démagogie de la repentance. Si la France a une dette morale, dit-il, c'est d'abord envers les Français rapatriés d'Algérie". La candidate socialiste à la présidentielle, Mme Ségolène Royal, avait pour sa part qualifiée cette colonisation de "système de domination, de spoliation et d'humiliation". A la suite de l'abrogation de l'article 4 de la loi du 23 février 2005, le 31 janvier 2006, le SG de l'instance exécutive du FLN, M. Abdelaziz Belkhadem, a d'abord salué cette décision la considérant comme "un signe positif qui redonne la chance à tout ce qui peut servir les intérêts des deux peuples". "Nous ne pouvons que nous réjouir des positions de certaines personnalités politique, de certains partis, de certaines associations contre l'apologie du colonialisme", a-t-il indiqué. Au-delà de cette démarche, le patron du FLN a estimé qu'il faudra que "la France officielle fasse des excuses au nom de la France coloniale, pour tous les crimes, les massacres collectifs, les enfumades et les tentatives d'effacer l'identité nationale, commis 132 ans durant". Ajoutant que "ceux qui ont connu les enfumades, ceux qui ont comptabilisé des victimes, ceux qui ont fait l'objet de massacres collectifs, ceux qui n'ont pas eu la possibilité d'aller à l'école, ceux qui n'ont pas été soignés, qui ont eu à subir la dépersonnalisation sont en droit de demander des dédommagements à la France coloniale". Il avait également souligné que "le traité d'amitié, qui devrait être signé entre les deux pays, est plutôt une affaire d'Etat".