Les cours des matières premières alimentaires ont progressé cette semaine, le cacao grimpant à des plus hauts depuis six mois à Londres et un an à New York, et le sucre retrouvant ses niveaux élevés de fin décembre, dynamisés par des craintes sur l'approvisionnement mondial. Les cours du cacao ont de nouveau été portés par des craintes sur l'approvisionnement mondial alimentées par les tensions politiques persistantes en Côté d'Ivoire, premier producteur mondial de fèves brunes, où la crise politique reste dans une impasse. La tonne de cacao est montée jusqu'à 2307 livres lundi à Londres, un plus haut depuis le 5 août 2010, et jusqu'à 3420 dollars jeudi à New York, un sommet depuis un an. Le président ivoirien reconnu par la communauté internationale, Alassane Ouattara, a appelé cette semaine à un arrêt des exportations de cacao, ce qui a eu pour effet de faire s'envoler les cours de la fève brune et inquiété les négociants. Opposé depuis plus d'un mois au chef d'Etat sortant Laurent Gbagbo, le gouvernement d'Alassane Ouattara a confirmé lundi avoir "informé les opérateurs économiques de l'arrêt immédiat de toute exportation de café et de cacao" jusqu'au 23 février. La plupart des grands négociants et chocolatiers semblaient s'être pliés à cette injonction, mais M. Outtara a indiqué par la suite qu'il était près à écourter cet arrêt, si son camp obtenait le contrôle des branches locales de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest (BCEAO). Cependant, pour Xin Yi Chen, analyste chez Barclays Capital, "les cours devraient être plus soutenus à court terme par le climat d'incertitudes politiques que par les chiffres des niveaux d'exportations de cacao". Les cours du café se sont stabilisés cette semaine, évoluant au gré de l'humeur des investisseurs spéculatifs, tiraillés entre des mouvements de prises de bénéfices et des achats à bon compte, reprenant un peu de vigueur en fin de semaine grâce à des achats d'investisseurs spéculatifs. Sur le plan des fondamentaux, les tensions politiques ivoiriennes n'avaient que peu d'effet sur les cours, le pays n'étant qu'au douzième rang des producteurs mondiaux, alors qu'au Brésil, le premier producteur mondial, les perspectives de la récolte en cours étaient renforcées par les fortes pluies attendues dans les jours à venir, ont observé les analystes de Commerzbank. De leur c ôté, es cours du sucre ont nettement progressé cette semaine, les cours se rapprochant même à New York d'un sommet en 30 ans atteint en décembre, soutenus par des inquiétudes sur l'offre alors que la demande devrait être toujours plus soutenue en 2011. Les autorités européennes ont laissé entendre cette semaine que les quotas d'importation de sucre de l'Union européenne pourraient être étendus pour satisfaire la demande dans la région. Ces commentaires "ont renforcé les prévisions d'une pénurie de sucre sur des marchés européens" où l'équilibre de l'offre et de la demande est déjà tendu, a commenté Yingxi Yu, analyste chez Barclays Capital. Du côté des céréales, les prix du soja ont connu une semaine agitée à Chicago face à l'actualité en Argentine, ballotés entre l'arrivée de pluies et les tensions sociales dans le secteur agricole, tandis que ceux du blé ont été soutenus par les inondations en Australie. Selon les analystes de Barclays Capital, les cours du soja ont été soutenus par les chiffres hebdomadaires des exportations américaines, "meilleures que prévu et proches d'un million de tonnes la semaine dernière, dont la moitié est attribuée à la Chine". "Dans le même temps, les anticipations de pluies en Argentine ont été compensées par une certaine incertitude face à la grève dans les ports du pays", ont-ils ajouté. Les cours se sont ainsi nettement repliés en début de semaine alors que d'importantes précipitations ont mis fin à plusieurs mois de sécheresse dans le pays, troisième exportateur mondial de soja. Mais mercredi, des camionneurs, dockers, maçons et vigiles ont entamé une grève à durée indéterminée, qui a paralysé le principal port d'exportation de soja et de céréales du pays sud-américain, situé près de la ville de Rosario. Le blé a atteint dans la semaine ses cours les plus élevés depuis le mois d'août, car le marché s'inquiète de la mauvaise qualité de la production de l'Australie, frappée par de terribles inondations. Les pays importateurs "vont acheter du blé américain dans les prochains mois", a avancé Bill Nelson, de Doane Advisory Services. "Lors d'une année normale, ils achètent à l'Australie", où la moisson a lieu peu auparavant. Concernant le maïs, vu l'offre limitée à l'échelle mondiale, "la tendance à long terme est à la hausse, mais à court terme, les pluies en Argentine et le ralentissement des exportations (américaines) ont pesé sur les cours", a ajouté l'analyste.