Dans le sillage des festivités de "Tlemcen capitale de la culture islamique 2011", dont l'ouverture internationale est prévue le 16 avril prochain, journée nationale du Savoir, une halte fut observée en littérature. Début de semaine, des chercheurs et universitaires ont tenté de décortiquer l'œuvre dibiènne via l'espace " Echo de plume " qu'a instauré il y a quelques années, le Théâtre national algérien(TNA). Ce rendez-vous s'est donc déplacé d'Alger jusqu'a Tlemcen, ville natale de l'écrivain Mohamed Dib pour un hommage posthume à l'auteur de la fabuleuse, "Grande maison." Comme dans toute rencontre du genre, des professionnels à l'image de Sabeha Benmansour, présidente de l'association "La grande maison " ainsi que des chercheurs tels Said Ramdane de l'université de Grenoble, ont longuement disserté, au Centre international de presse de Tlemcen, autour de l'œuvre dibienne. "Notre association vise d'abord à faire découvrir l'ensemble des textes et livres de Mohamed Dib aux lecteurs, notamment aux jeunes élèves, lycéens et universitaires en plus d'essayer de mettre en valeur l'immensité et la variété de l'œuvre de ce symbole de la littérature algérienne", a souligné Mme Benmansour. "Mohamed Dib qui fut un grand lecteur d'Ibn Arabi et des productions littéraires européennes et américaines est une conjugaison qui s'est faite entre sa culture d'origine et les autres cultures", a-t-elle ajouté, en déclarant: "Notre souci est d'assurer une relève sur la base d'une figure majeure de la littérature algérienne, c'est pourquoi un prix littéraire portant le nom de cet écrivain a été institué et est actuellement à sa 4ème édition". De son côté, le chercheur Said Ramdane a fait une lecture d'un poème intitulé "la danseuse bleue" tiré du texte "l'Aube Ismael" de Mohamed Dib. Il a en outre présenté à l'assistance les recherches qu'il a effectuées sur le patrimoine littéraire algérien, notamment les contes populaires. à signaler que la manifestation "Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011" verra la présentation d'une pièce théâtrale réalisée par ce chercheur et le président de la coopérative théâtrale "l'astuce", Ali Abdoun, intitulée "Au café Romana" adaptée de l'œuvre de Mohamed Dib "au café". Cette pièce va être jouée sur le lieu même qui porte son nom, c'est-à-dire "Café romana" qui est témoin du début de l'écriture de Mohamed Dib. "La grande maison" Une œuvre référence L'écrivain algérien Mohamed Dib rendit l'âme à son domicile de la Celle-Saint-Cloud, près de Paris, il y a sept ans. Il avait 82 ans. L'auteur de la fabuleuse trilogie, La Grande maison était considéré par Aragon qu'il fréquentait, Jean Dejeux et autres …, comme l'un des écrivains algériens les plus précis et les plus modernes. L'association éponyme a depuis cette date instauré une tradition commémorative dans sa ville natale de Tlemcen où elle lui rend régulièrement hommage. Ces activités ont depuis 2006 concerné surtout la relance du prix littéraire Mohamed Dib, attribué une fois tous les deux ans, (2007/2009). Il y a cinq années, Mohamed Ali Bouacida, a été lauréat du trophée symbolique, (2004/2006) et en cette circonstance, l'auteur a procédé à une vente dédicace. Auteur d'une œuvre colossale, il n'y en aura qu'une qui lui collera toute sa vie à la peau : Il s'agit de la fabuleuse trilogie, La Grande maison, une œuvre qui sera adaptée sur le petit écran de façon magistrale par le défunt Mustapha Badie. Qui se souvient encore de Lala Aïni, de la Biyouna toute jeune qui y avait fait, par pur hasard, son baptême de feu ? Qui se souvient du petit Omar, cet anti- héros par excellence, aujourd'hui errant dans cet Alger qui l'a rendu fou ? Un téléfilm en noir et blanc qui a fait connaître, un homme et une œuvre tirée de façon extraordinairement réaliste de la misère humaine. Mohamed Dib est né le 21 juillet 1920 à Tlemcen. Il fait ses études primaires, puis études secondaires au collège de Slane à Tlemcen. Il passe une année au lycée d'Oujda, puis entre à l'Ecole normale d'instituteurs d'Oran, d'où il sortira sans diplôme. Instituteur en 1939-1940 à Zoudj-Beghal, puis comptable dans les bureaux des armées alliées à Oujda, au début des années 40. En 1945, il revient à Tlemcen où il travaille dans la corporation des tisserands. Entre 1950-1951, il fait des reportages divers, des textes engagés et des chroniques sur le théâtre en arabe parlé pour Alger-républicain. En 1959, il part en France et s'installe à Mougins, dans les Alpes-Maritimes. Voyage dans les pays de l'Est et, en 1960, au Maroc. En 1964, il s'installe à Meudon, puis à La CelleSaint-Cloud, près de Paris. Poète, romancier et auteur dramatique, le dernier des écrivains algériens de ce qu'on a appelé la " génération 52 " a publié plus de trente ouvrages. Il résidait en France depuis 1959 et n'était plus retourné en Algérie depuis 1983, date à laquelle il s'était rendu à l'enterrement de sa mère. Après la mort de son père en 1931, il commence autour de 1934 à écrire des poèmes mais également à peindre. Sa rencontre avec un instituteur français, Roger Bellissant (qui deviendra son beau-père) le conforte dans la voie de l'écriture. Il publie en 1946 un premier poème dans la revue Les Lettres, publiée à Genève , sous le nom de Diabi. Mohammed Dib lit à cette époque les classiques français, les écrivains américains, les romanciers soviétiques et italiens. Après avoir quitté en 1952 Alger républicain, Mohammed Dib séjourne à nouveau en France alors que paraît aux éditions du Seuil La Grande Maison, premier volet de sa trilogie Algérie, inspirée par sa ville natale, qui décrit l'atmosphère de l'Algérie rurale. Les deux autres volets de la trilogie, L'Incendie et Le Métier à tisser, paraissent en 1954, l'année même du déclenchement de la guerre de Libération.