Le ministre de la Santé, de la Population et de la réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, a encore une fois tiré à boulets rouges sur certains laboratoires pharmaceutiques qui seraient mêlées à des pratiques peu orthodoxes. En première ligne, les laboratoires étrangers. Ainsi, le ministre qui intervenait, hier, en marge de l'ouverture de la session de printemps du Parlement, a indiqué que certaines entreprises étrangères "viennent en Algérie, importent des médicaments et, au bout de deux ans, repartent avec leur bénéfice" sans aucun investissement. C'est donc la seconde fois en moins de deux semaines que le ministre s'attaque aux firmes étrangères d'autant plus que de sérieux doutes planent sur certaines d'entre-elles et qui seraient impliquées dans une affaire de déstabilisation du groupe pharmaceutique public Saidal. A ce propos, le ministre est revenu à la charge, hier, pour défendre le laboratoire algérien, réaffirmant que l'affaire Rhumafed "est montée de toutes pièces" pour nuire à la production nationale et au groupe pharmaceutique public Saïdal, rappelant que l'enquête a démontré que ce n'était qu'une erreur d'étiquetage. "Aucune personne n'est décédée suite à la prise de Rhumafed", a-t-il ajouté, indiquant qu'une plainte a été déposée à la suite de la diffusion de "milliers de SMS et d'e-mails" annonçant des morts. Il a indiqué, en outre, qu'il interdisait la production en Algérie de tout produit similaire à Rhumafed, rappelant que les médicaments équivalents à ceux produits en Algérie sont interdits à l'importation. Le ministre ira plus loin accusant ces laboratoires et importateurs d'entretenir une certaine opacité du marché. Il a, ainsi, indiqué avoir rencontré des pharmaciens, lors de sa visite, mardi, à Biskra, "qui se sont également plaints de l'opacité qui caractérise le marché du médicament". Il a expliqué cette situation par le fait que certains importateurs procèdent à la surfacturation des médicaments, rappelant que ces produits doivent être importés selon les prix de référence internationale. "La surfacturation est une pratique devenue fréquente et nous nous employons à la combattre", a-t-il dit. Le ministre a déploré, en outre, que certaines entreprises étrangères ne respectent pas la législation algérienne relative à l'importation et l'investissement dans le domaine du médicament. Notons qu'une circulaire signée au mois de mai dernier par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, obligeait les producteurs de médicaments à distribuer leurs produits afin de casser le monopole des grossistes et faire barrage aux surfacturations. Néanmoins, l'application de cette circulaire a été reportée pour 2012 pour laisser le temps aux laboratoires d'organiser leurs circuits de distribution. Il faut savoir, également, que le ministre avait récemment indiqué que plusieurs ruses étaient utilisées par les importateurs et conditionneurs afin de casser la production pharmaceutique nationale, évoquant la rétention des produits de certains producteurs, comme Saidal, par les grossistes, afin de perturber la distribution, les avantages douteux accordés aux grossistes et délégués médicaux dans le cadre de portfolios permettant de détourner la facturation de certains produits, les avantages en nature, etc. Notons, enfin, que les mesures prises par le gouvernement afin de réduire les importations et encourager la production locale de médicaments ont permis de baisser la factures des importations à hauteur de 6,53% (-12 millions de dollars), passant ainsi de 1,86 milliard de dollars en 2008 à 1,74 milliard à la fin de l'année 2009.