Bien que considéré par nombre d'hommes d'affaires comme une région prometteuse, les investissements directs étrangers au Maghreb ont chuté de plus de 38 % en un an. L'Algérie, le Maroc, la Tunisie et la Libye n'ont attiré que 6,052 milliards d'euros d'investissements directs étrangers (IDE) en 2010, soit une baisse de 38,4% par rapport à 2009. Malgré les performances relativement bonnes du secteur de l'énergie, l'Algérie n'a attiré que 805 millions d'euros d'investissements étrangers en 2010, contre 3,07 milliards une année auparavant. Cette information a été rendue publique par l'Observatoire des investissements et partenariats en Méditerranée (Anima-Mipo) dans son bilan annuel. Selon les rédacteurs de ce rapport, la raison essentielle de ce recul reste les mesures " anti-libérales " prises par l'Algérie et la Libye. Toutefois, ils restent confiant que l'émergence des valeurs démocratiques dans la région peut constituer un motif d'optimisme pour 2011. "Pour le moment, les mouvements populaires que l'on observe sont neutres sur la question du nationalisme économique et les entreprises étrangères ne semblent pas visées”. Le rapport intitulé “ La Méditerranée entre croissance et révolution : Investissements directs étrangers et partenariats vers les pays méditerranéens en 2010 ", révèle que 251 projets d'investissement ont été annoncés l'an passé contre 219 seulement une année auparavant dans les quatre pays maghrébins étudiés (Algérie, Libye, Maroc et Tunisie). Le Maghreb est ainsi allé à contre-courant de la tendance générale observée dans l'ensemble des onze pays de la rive sud de la Méditerranée, où le montant total des IDE a progressé de 17 % (33,2 milliards d'euros en 2010 contre 28,4 milliards en 2009). Cependant, le bilan de l'observatoire Anima-Mipo signale que les pays du Maghreb ne sont pas logés à la même enseigne. Si en général, les performances du Maghreb sont "décevantes ", ceux de la Tunisie a enregistré un flux nets d'IDE de 2,34 milliards d'euros en 2010, contre 1,023 milliard en 2009. Cette hausse est dû à deux secteurs, soit celui des télécommunications et celui de l'immobilier qui représentent plus de 70 % des investissements annoncés. Bien qu'il demeure " brillant pour les partenariats et apprécié par les PME", le Maroc n'a pas réalisé un bon score. Il est presque resté en situation stable par rapport à 2009 (2,30 milliards d'euros). Les plus gros projets annoncés au royaume chérifien en 2010 concernent essentiellement les secteurs de l'énergie et des télécoms (rachat de 40% du capital de Méditel par Orange pour 640 millions d'euros). A la différence du Maroc et de la Tunisie, l'Algérie et la Libye ont durci ces dernières années leurs conditions d'accueil des IDE, en donnant la préférence aux entreprises nationales dans les appels d'offres internationaux ou encore en obligeant les investisseurs étrangers à s'associer à des partenaires locaux à hauteur de 51% du capital. Cette préférence nationale a fini par décourager les porteurs de projets étrangers qui misaient sur l'énorme potentiel de ces deux pays pétroliers. En Libye, l'attrait qu'exerce l'or noir sur les investisseurs étrangers n'a également pas suffi pour éviter un plongeon des IDE. Le volume total des investissements étrangers annoncés en 2010 dans ce riche état pétrolier est pratiquement divisé par trois par rapport à 2009, pour s'établir à 600 millions d'euros. Concernant l'impact économique des révolutions qui secouent le Maghreb, les auteurs du rapport restent prudents : " La plupart des investisseurs ont mis en stand-by leurs projets non engagés dans les pays touchés par des révoltes contre les régimes. Ils attendent de voir à quoi l'avenir ressemblera. Pour le moment, les mouvements populaires que l'on observe sont neutres sur la question du nationalisme économique et les entreprises étrangères ne semblent pas visées ", notent-ils. Même s'ils redoutent les nationalisations de certaines entreprises nées de partenariats impliquant des membres des anciens clans au pouvoir (cas d'Orange-Tunisie), les responsables de l'observatoire Anima-Mipo restent cependant confiants quant à l'avenir économique de la région.