Un événement en chasse un autre. Samedi, les yeux étaient braqués sur "Tlemcen capitale de la culture islamique", inauguré dans un bain de foule par le président de la République, aujourd'hui c'est le mois du patrimoine qui commence. Trente jours pour faire le tour de tout ce qui représente, que ça soit matériellement ou immatériellement, la notion du patrimoine. Notion qui à vrai dire, est liée à l'Histoire, aux inventions populaires, aux trouvailles urbanistiques, ….bref à une mémoire collective qu'il faut coûte que coûte conserver des affres du temps et des oublis cérébraux. L'an 2011 célébrera ce mois sous le thème "le patrimoine culturel et la société de proximité" selon la directrice du musée national Cirta. Slogan fort en ces temps de tribulations. A peu près partout dans nos contrées, et à Alger comme à Constantine ou ailleurs, les institutions culturelles ont déjà concocté leur programme qui glorifiera les biens culturels d'un pays plusieurs fois séculaire. Conférences, tables rondes, expo, journée d'étude, virées dans les lieux de mémoires, ….sont autant de rendez-vous qui attendent le public d'ici et d'ailleurs, pendant trente jours. Il y aura aussi réception de certains espaces restaurés, comme c'est le cas du palais Ahmed bey de Constantine, récemment promu au rang de Musée national des arts et des traditions populaires. Celui-ci accueillera pour la circonstance de nombreuses manif dont son ouverture qui livrera sa richesse en matière d'artisanat, ethnographique et historique. Pareil pour le bastion 23 à Alger, ou le Santa Cruz à Oran qui lui aussi, est depuis quelques mois, sur le grand chantier de la rénovation. Des virées seront organisées pour les écoliers de nos institutions pédagogiques qui seront présents lors de cette grande fête où ils découvriront dans les musées et autres sites, des morceaux de ce que nos aïeux ont fait avant nous. Il s'agit de leur montrer des échantillons et des pièces de musée sur l'histoire ethnographique de l'ère numide jusqu'à nos jours, ainsi que des modèles de l'artisanat remontant au XIXe siècle, en plus des repères et des sites historiques d'Alger et d'ailleurs dont les spécimens dorment dans les présentoirs verrés de nos différents et nombreux musées. Le patrimoine immatériel qui est entre autres un ensemble de traditions séculaires se déclinera lui aussi, et à Constantine par exemple, les responsables des centres culturels sortiront leur grande artillerie de spécimens de "fetla" et de "medjboud" caractérisant la gandoura et l'habit traditionnels sur le Rocher. Une fête de mariage classique et une "qaâda traditionnelle constantinoise", suivies d'une exposition d'anciens instruments musicaux et de divers autres objets d'époque (habits et chaussures anciens, paniers en osier, portraits des beys de Constantine, tapisserie, m'laya constantinoise, ébénisterie artistique agrémenteront ce Mois du patrimoine. Un patrimoine méconnu De par son histoire encore très peu connue, l'Algérie recèle de nombreux trésors architecturaux qui, classés ou pas, peuvent donner un caractère authentique et civilisateur à certaines de nos villes. Rien qu'avec quelques monuments bien retapés et accompagnés d'une feuille de route, nos enfants pourront savoir plus sur leurs racines, et par la même, avoir des repères qui les rapprocheraient davantage de leur contrée. Ces sites pourraient aussi être un formidable moyen d'attirer une manne touristique qui a complètement disparue de nos espaces. La Casbah d'Alger, un espace qu'on vante comme un culte, qui a vu naître des faiseurs de poésie, des guerriers, et des héros, demeure une sorte de mythe qui s'effondre au gré du temps qui passe et des administrations transies. Les mois du patrimoine -du 18 avril au 18 mai- se suivent et se ressemblent. La promotion, de par le monde, de ce patrimoine, ainsi que la mise en place de mécanismes permettant le perfectionnement des missions d'instances concernées par la gestion des biens culturels, outre l'intensification des activités de sensibilisation sur les modalités et procédures de classement et de réhabilitation des sites et vestiges historiques et culturels, ont été souvent évoquées lors de séminaires et autres rencontres. La création d'antennes de l'Office national de gestion des biens culturels protégés, la réhabilitation des Instituts d'archéologie, la mise à la disposition des organismes concernés des moyens réglementaires nécessaires à la préservation des biens, dont ceux chargés du plan d'occupation du sol, font partie des recommandations prônées par plusieurs experts. Les experts ont toujours appelé à l'association du secteur privé dans la gestion des secteurs culturels protégés, dont les musées, et l'encouragement de la création d'associations chargées de la préservation du patrimoine culturel, la création d'un prix spécial pour les particuliers et entreprises activant véritablement dans le domaine de la protection du patrimoine culturel. Les professionnels du secteur ont revendiqué l'intégration des services culturels aux comités des marchés publics des wilayas, la sensibilisation des organismes chargés de la réalisation des plans de protection sur l'exploitation des recherches universitaires, la réhabilitation des éléments urbains et le cachet architectural, dont les coupoles, la réglementation des activités commerciales dans les lieux protégés.