Invité vendredi à l'émission " Le Talk de Paris " diffusée par France 24, M. Abdelaziz Belkhadem a estimé vendredi que le faible taux de participation enregistré jeudi par le scrutin législatif, ne veut en aucun cas dire un échec puisque les élections législatives n'ont jamais mobilisé depuis l'indépendance du pays plus de 40 à 60% des électeurs. Il rappellera que les élections législatives de 2002 n'ont pas mobilisé plus de 46%. Les élections législatives contrairement aux élections présidentielles et locales, ont toujours laissé une bonne partie de l'électorat indifférent. M. Abdelaziz Belkhadem estime que les absentéistes ne " s'intéressent peut-être pas au travail des députés, et qu'ils considèrent que les députés ne sont pas suffisamment présents dans leur wilaya. C'est une tendance mondiale ". A cet effet, il cite les cas d'abstention enregistrés aux législatives dans certains pays européens. Pour M. Belkhadem, ceux qui ont appelé au boycott du scrutin " n'ont pas gagné ". Ce n'est pas une réponse à cet appel. Interrogé sur le fait que le système des quotas a joué un rôle dans cette abstention record, Belkhadem a été catégorique pour démentir cette rumeur. Il en veut pour preuve que son parti, le FLN, a perdu quelques sièges (le FLN a perdu, jeudi dernier, 67 sièges NDLR). " C'est vrai nous restons la première force politique, mais il n'y a pas de système de quota qui a été instauré ". Faisant allusion à des cas de fraudes annoncés par la CNISEL, le SG de l'instance exécutive du FLN dit : " Je n'ai pas à répondre à M. le président de la CNISEL. Le cas en question concerne un bureau de vote et l'irrégularité a porté sur deux partis politiques. Le ministre de l'Intérieur a expliqué dans sa conférence de presse que ce bureau là a fait l'objet d'une mise au point, le président et les membres ont été remplacés, les bulletin ont été détruits et le scrutin a été repris à zéro ". Le taux de chômage très fortement réduit Abordant le dossier du chômage, M. Belkhadem reconnaît que même si le taux de chômage a été très fortement réduit, en l'espace de cinq ans il a été ramené de 34% à 13%, il reste très fort et c'est l'une des préoccupations du gouvernement. Sur ce même registre, il estime qu'il ne faut pas perdre de vue que le programme consacré au développement dépasse depuis 1999 plus de 150 milliards de dollars. Un investissement qui tend selon M. Belkhadem à la réalisation et à la modernisation des infrastructures (réalisation de plus d'universités, désenclavement de plus de régions, l'élargissement de la couverture d'électricité et de gaz). " L'Etat entreprend la réalisation de programmes très importants pour l'amélioration des conditions de vie des citoyens. " La révision de la Constitution sera relancée à partir de la première session du nouveau Parlement M. Belkhadem est revenu au cours de cette émission, sur la révision de la Constitution. " Au FLN, nous sommes pour la révision de la Constitution, et parmi les articles que nous nous proposons de réviser, celui d'ouvrir la possibilité au président de la République de pouvoir postuler à un troisième mandat ", dira-t-il avant d'ajouter que son parti œuvre à faire aboutir cette révision. " Nous pensons pouvoir militer pour cette révision juste après la première session du nouveau Parlement . Au FLN nous sommes pour un régime présidentiel très fort avec des prérogatives très claires consignées dans la Constitution. ", dira-t-il. Le déni de mémoire ne grandit pas une nation Concernant l'élection de M. Nicolas Sakozy à la tête de l'Etat français ? Belkhadem a présenté ses félicitations au peuple français d'avoir su préserver " la stabilité des institutions françaises ". D'après lui, les relations qui ont toujours existé entre l'Algérie et la France, " nous permettent d'assurer tous ceux qui s'intéressent à ces relations, qu'elles sont bonnes. Ce sont des relations entre deux Etats souverains qui se respectent et qui participent à une coopération mutuellement avantageuse pour les deux pays ". Et de savoir si les exigences de repentance ne sont plus de mise dans le discours algérien, M. Belkhadem précise que "c'est parce que nous ne parlons plus du traité d'amitié. Lorsque ce traité revenait très souvent et lorsque les responsables algériens sont interpellés, on se devait de rappeler le devoir de mémoire ". Selon M. Belkhadem on ne peut parler d'un traité d'amitié sans parler de devoir de mémoire. Il notera également que "si le représentant du peuple français juge nécessaire de contracter un traité d'amitié avec l'Algérie, nous ne sommes pas contre. Tout ce que nous voulons, c'est que ce traité n'occulte pas un pan de notre histoire qu'il réserve une place au devoir de mémoire. Le déni de mémoire ne grandit pas une nation ". M. Belkhadem estime aussi que les relations entre l'Algérie et la France vont dans le bon sens. " Au plan politique, elles sont bonnes. Sur le plan économique et commercial, la France fait de bonnes affaires en Algérie. La France a des intérêts en Algérie et l'Algérie a des intérêts en France. Nous avons une forte communauté qui vit en France et une communauté française qui vit en Algérie. Il y a une concertation entre les responsables des deux pays, il y a une coordination entre les services de sécurité des deux pays. Nous n'avons pas à nous plaindre de l'état des relations avec la France et nous souhaitons aller plus loin avec nos amis français pour développer la coopération ", dit-il. Il ajoute que le marché algérien n'est pas uniquement pour que les entreprises françaises commercialisent, " nous voulons que les entreprises françaises soient présentes chez nous, quelles fassent dans le cadre du partenariat des investissements qui produisent des biens en Algérie et surtout que l'on puisse développer un partenariat qui permettra une libre circulation des personnes entre l'Algérie et la France ". Une Union méditerranéenne à construire ensemble Il faut dire que M. Sarkozy propose une Union méditerranéenne, ce qui fait dire àM. Belkhadem qu'il ne connaît pas son contenu réel. Il explique dans ce sens que même si le processus de Barcelone est généreux dans ses objectifs, il reste très indigent dans les résultats qui ont été réalisés car, selon toujours M. Belkhadem " le processus de Barcelone ambitionnait de pouvoir établir des passerelles entre les deux rives tant au plan politique qu'économique ". Il note qu'au plan politique, l'Europe n'a pas beaucoup pour solutionner le conflit du Moyen-Orient et au plan économique, il n'y a pas beaucoup d'investissements européens dans la rive sud de la Méditerranée et sur le plan de la circulation des personnes ; ce qui existe dans les années 90 a été très fortement réduit après les événements du 11 septembre. Il précise que cette union de la Méditerranée est envisagée sans consultation préalable avec les partenaires de la région. " Nous voulons qu'il y ait un débat, et que l'on construise ensemble cette Union ".