L'Europe importera son électricité solaire depuis l'Afrique du Nord pour la première fois d'ici les cinq prochaines années, a déclaré, dimanche, le commissaire à l'Energie Günther Oettinger. L'UE soutient les projets visant à transformer la lumière solaire du désert du Sahara en électricité pour l'Europe, grosse consommatrice d'énergie, qui espère que ce programme lui permettra de respecter son objectif de tirer 20% de son énergie de sources renouvelables en 2010.Je pense que certains modèles qui débuteront dans les cinq prochaines années produiront des centaines de mégawatts pour le marché européen, a déclaré à Reuters M. Oettinger après une rencontre avec les ministres de l'Energie d'Algérie, du Maroc et de Tunisie. Il a affirmé que ces volumes initiaux seront tirés de petits projets pilotes, mais que le volume d'électricité s'élèverait à des milliers de mégawatts dès que davantage de projets seront mis en place, notamment le programme solaire Desertec d'une valeur de 400 milliards d'euros. Desertec, dans son ensemble, est une vision pour les 20 à 40 ans à venir avec des investissements de milliers de milliards d'euros, a déclaré M. Oettinger. Intégrer un pourcentage plus important de renouvelables, de solaire et d'éolien demande du temps. L'UE soutient la construction de nouvelles connexions électriques, connues sous le nom d'interconnecteurs, sous la mer Méditerranée pour transporter l'énergie renouvelable depuis l'Afrique du Nord. Certains groupes environnementaux ont averti que ces câbles pourraient être utilisés pour importer de l'électricité non renouvelable issue du charbon et des centrales à gaz d'Afrique du Nord. C'est une bonne question, mais elle ne doit pas détruire notre projet, a dit M. Oettinger. Cette question doit être résolue en y apportant la bonne réponse et nous avons donc besoin de moyens pour nous assurer que nous importons bien de l'électricité issue de renouvelables. Il a déclaré qu'il estimait qu'il était technologiquement possible de contrôler les importations d'électricité vers l'UE et d'établir si elle était issue de sources renouvelables ou fossiles. Cette question doit être résolue dans les années à venir, a-t-il dit. Le consortium Deserstec comprend des entreprises majeures comme Siemens, RWE et la Deutsche Bank. Ils devraient demander de l'argent public pour ce projet. M. Oettinger a déclaré que l'assistance de l'UE devrait comprendre une aide à la coordination des parties prenantes, une mise à jour des réglementations afin d'autoriser le déplacement à travers les frontières européennes de l'électricité importée, et le financement des études de faisabilité. En ce qui concerne d'éventuelles subventions européennes, ou sur l'autorisation de la Commission européenne d'aides d'Etat pour les entreprises impliquées dans le projet, il a affirmé que tout cela serait tiré au clair une fois que le consortium aura présenté un business plan détaillé. M. Oettinger a dit que les trois ministres de l'Energie avaient envoyé un signal lors de leur rencontre dans la capitale algérienne : ils sont prêts à construire les infrastructures et les règles de marché commun nécessaires pour permettre un commerce en matière d'électricité renouvelable avec l'Europe.Il a rejeté les inquiétudes exprimées par le passé de certains officiels en Algérie selon lesquelles le projet pourrait impliquer une exploitation des ressources naturelles de l'Afrique du Nord par les Européens. Peut-être qu'un pourcentage plus important d'électricité sera exporté vers l'Europe, mais dans le même temps, nous devons exporter la technologie, les instruments, les machines, les experts, et il s'agit donc d'un vrai partenariat, et pas seulement un partenariat de vente et d'achat.