La restructuration de la dette n'est pas la panacée des problèmes financiers de la Grèce. C'est du moins la conviction d'un membre du conseil d'administration de la Banque centrale européenne (BCE). En effet, Jurgen Stark, membre du conseil d'administration de la Banque centrale européenne (BCE) croit dur comme fer que la retructuration de la dette grecque ne résoudrait pas les problèmes du pays mais serait plutôt une "recette pour une catastrophe". Alors que l'option d'un rééchelonnement de la dette grecque gagnait en vigueur en Europe, le banquier a indiqué que "c'est une illusion de croire qu'une restructuration, dévaluation ou autre aiderait à résoudre les problèmes" de la Grèce. "La Grèce n'a pas d'autre moyen que de poursuivre la consolidation budgétaire (...) une restructuration est une recette pour une catastrophe, qui ficherait en l'air toutes les banques grecques", a insisté M. Stark. "Cette histoire de restructuration part de Londres et New York (...) probablement les gens ont le nez dans leurs livres d'ordres", a-t-il lancé en visant les analystes, investisseurs et gourous de la City et de Wall Street, qui au moyen de puissants relais dans les agences de presse financières poussent depuis des semaines en faveur d'une restructuration dure de la dette grecque. Ces sources privilégient systématiquement toutes les déclarations allant dans le sens d'une restructuration, parce que la plupart d'entre eux ont pris des positions de marché pariant sur une restructuration. Cet état de fait est régulièrement dénoncé par le gouvernement grec, qui critique les "spéculateurs" et se bat en solitaire, avec l'aide financière du FMI et de la zone euro, pour mettre en oeuvre une politique de réformes structurelles afin de redresser ses comptes et éviter une telle option. Selon M. Stark, une telle option, comprenant ou non une cessation de paiement sur une partie du capital (haircut) serait une "catastrophe pour l'économie réelle" en Grèce. Les banques risquent d'être "effacées", a-t-il lancé. "Si le programme économique est appliqué point par point, alors la dette de la Grèce est viable", a-t-il dit. "La Grèce est solvable" a-t-il considéré. Pour sa part, le chef de la mission du FMI en Grèce, Poul Thomsen, insiste sur l'accélération des réformes structurelles en Grèce, en particulier pour réduire le secteur public, estimant que sinon, le programme de redressement financier du pays risquait de "dérailler". "Il est essentiel qu'il y ait une accélération significative des réformes structurelles, notamment dans le secteur public", a déclaré mercredi M.Thomsen citant entre autres une réforme de la santé, et de la grille des salaires de la fonction publique. "Nous ne sommes pas encore arrivés à une masse critique de réformes qui va transformer le pays. Nous en sommes encore loin", a dit ce responsable, qui mène à Athènes avec ses collègues de la Commission et de la Banque centrale européennes l'audit trimestriel des comptes grecs prévu par les créanciers du pays. Cet examen, prolongé au-delà du délai prévu d'une semaine pour permettre une évaluation détaillée de nouvelles mesures d'austérité et de réduction du secteur public prévues par le gouvernement, est un préalable au déblocage de la cinquième tranche du prêt de 110 milliards consenti à la Grèce en mai 2010 par UE et FMI. Les partenaires d'Athènes ont aussi indiqué attendre ces conclusions pour décider d'un éventuel nouveau soutien au pays.