Les participants estiment que les premiers états généraux de la société civile, en libérant la parole et en offrant un espace d'écoute aux attentes citoyennes, ont atteint largement leur objectif principal, selon la déclaration finale lue, jeudi à la mi-journée, par Mohamed-Seghir Babes, président du Conseil national économique et social (Cnes), organisateur de l'événement. Les participants ont enregistré avec intérêt, poursuit la déclaration finale, les interventions des invités étrangers et notamment celles du président de l'Association internationale des conseils économiques et sociaux et institutions similaires (AICESIS) et du président économique, social et culturel de l'Union africaine, du président du forum de Crans Montana ainsi que celle de Mme l'ambassadeur, chef de la délégation de l'Union européenne à Alger. Les participants, qui sont essentiellement issus des organisations patronales, syndicales, estudiantines et du mouvement associatif, ont aussi adopté une charte de la société civile. La proclamation d'Alger recommande, en outre la consécration du rôle de la société civile dans un cadre institutionnel approprié à même de permettre de pérenniser son action dans une démarche de démocratie participative. Ils ont chargé le président du Cnes, de transmettre l'ensemble des recommandations, issues de ces premiers états généraux de la société civile, qui ont regroupé 1100 délégués au Palais des nations, durant trois jours, au président de la République. Du côté des déclarations recueillies, jeudi, auprès des délégués qui se sont exprimés en aparté, les avis divergent quant à la réussite de l'événement en termes, notamment, de la qualité des participants et de la libération de la parole contradictoire. D'ailleurs, un délégué qui a osé prendre la parole pour apporter un autre son de cloche a été stoppé net par des cris de contestation. Et pourtant il n'a parlé que de "respect de la diversité de la société civile algérienne dans toutes ses franges sociologique" (?). Certains participants regrettent l'absence de certains mouvements actifs de la société comme le mouvement citoyen des Aârouch. Ainsi, M. Boukhari Ahmed Lotfi, docteur d'Etat en économie et président de l'Association nationale pour la promotion et la modernisation des communes algériennes (PROMOCAL), est de cet avis. " Je ne comprends pas comment un mouvement citoyen aussi puissant comme celui des Aârouch, qui a fait ses preuves sur le terrain des revendications sociales, ne soit pas invité à une telle instance ; alors qu'ils sont même des fondateurs incontestables de la société civile en Algérie", a-t-il indiqué, soutenant que la parole contradictoire n'est pas encore libérée, dit-il, dans le sens de la démocratisation de la société algérienne afin qu'elle puisse se prendre en charge dans un monde imprévisible fait de bouleversements sociaux et de changements tragiques. Or, une société civile plurielle, démocratique et autonome, est capable, dit-il, de faire face à de tels bouleversements, en citant le cas de la Tunisie. "Les participants parlent toujours avec une même voix pour faire seulement des demandes sociales ou carrément tisser des relations d'affaires, sans soulever les vrais problèmes de gouvernance ou de gestion des affaires locales " a-t-il ajouté. Ainsi, d'autres organisations aussi importantes n'ont pas jugé utile de répondre à l'invitation de M Babès. M Abderrahmane Bergui, président de l'Association Ouled El Houma a souligné, quant à lui, l'importance de ces premières assises en tant que premiers jalons de la société civile algérienne. Elle est en marche, dit-il, vers un ancrage dans la démocratisation et l'acquisition de son autonomie. C'est un début prometteur, dit-il, en termes de concertation et de dialogue entre les délégués du mouvement associatif en vue de s'entendre sur l'essentiel. Certains ont fait, dit-il, des propositions intéressantes pour parvenir à l'émergence d'une démocratie participative à tous les niveaux de la société. La jeunesse constitue un enjeu stratégique qui nécessite, a-t-il ajouté, la mobilisation de toutes les énergies et synergies pour la soustraire aux fléaux sociaux qui la guettent tous les jours. La drogue est l'un de ces graves fléaux qui menace dans son existence et dans son droit à une vie meilleure, a-t-il ajouté, mettant en évidence la réinsertion des jeunes détenus par des rencontres sportives. Absences et divergences reviennent souvent dans les coulisses du Palais des nations.