Barack Obama a proposé, avant-hier, un plan prévoyant de réduire le déficit budgétaire de 3.000 milliards de dollars sur les dix prochaines années, dont la moitié proviendrait de nouvelles recettes fiscales prélevées sur les Américains les plus riches et les grandes entreprises. Le plan du président démocrate, dont les recommandations devraient satisfaire la base électorale de son parti, a été immédiatement décrié par les républicains, augurant d'une bataille au Congrès. Cet affrontement idéologique sur la politique économique devrait se prolonger jusqu'à l'élection présidentielle de novembre 2012. "Washington doit vivre avec ses moyens. Nous devons arrêter ce que nous ne pouvons plus nous permettre afin de payer pour ce qui compte vraiment", a dit Barack Obama en présentant son plan. "Je ne soutiendrai pas un plan qui met tout le fardeau de la réduction du déficit sur les épaules de l'Américain moyen", a dit Obama. "Nous n'aurons pas d'accord inégal qui toucherait les plus vulnérables", a-t-il dit. Des économies seront faites dans Medicare, le programme de sécurité sociale pour les Américains les plus âgés, a dit le président américain. Mais il a prévenu qu'il mettrait son veto à toute proposition qui réduirait les prestations de Medicare sans exiger en contrepartie un effort accru des Américains les plus aisés et des grandes entreprises. Le président américain s'est dit prêt à travailler avec les républicains pour une réforme globale de la fiscalité mais a prévenu que l'objectif d'une telle réforme devrait être d'augmenter les revenus de l'Etat. Il s'est dit prêt à baisser les taxes sur les entreprises à condition de se débarrasser de toutes les niches fiscales. Pas sérieux, disent les républicains La taxe "Buffett", du nom de l'investisseur Warren Buffett qui l'a proposée, est la proposition la plus spectaculaire de ce plan, bien qu'elle reste symbolique de l'aveu même de la Maison-Blanche. Elle concernerait les contribuables gagnant plus d'un million d'euros (environ 725.000 euros). L'objectif, a précisé Obama, est que le taux d'imposition des contribuables américains les plus riches revienne à son niveau des années 1990 et que la classe moyenne ne paye pas plus, proportionnellement, que les millionnaires. Les propositions d'Obama sont destinées à la commission bipartisane créée cet été dans le cadre de l'accord sur le relèvement du plafond de la dette. Les six républicains et les six démocrates qui la composent doivent trouver d'ici fin novembre au moins 1.200 milliards de réductions du déficit budgétaire, qui viendront s'ajouter aux 917 milliards déjà décidées par l'accord du mois d'août. "Menacer de veto, augmenter massivement les impôts, faire des économies fantômes et miser sur une réforme des programmes sociaux, ce n'est pas une recette pour la croissance de l'économie ou du marché du travail", a dit le chef de file des sénateurs républicains, Mitch McConnell. John Boehner, président de la Chambre des Représentants, a jugé que la contribution d'Obama à la commission bipartisane n'était pas "sérieuse". Dans le détail, Obama préconise l'abandon, à leur expiration, d'exonérations fiscales remontant à la présidence de George W. Bush (800 milliards de dollars seraient ainsi récupérés sur dix ans) et une refonte du code des impôts pour éliminer certaines niches fiscales, comme celle qui offre des exonérations aux entreprises faisant l'acquisition d'avions d'affaires (gain total de 700 milliards). Le plan Obama table également sur 1.100 milliards d'économies liées aux retraits des troupes déployées en Irak et en Afghanistan. Les services de la Maison-blanche estiment enfin que ces réductions du déficit budgétaire auront pour effet d'alléger le fardeau de la dette, allègement qu'ils chiffrent sur dix ans à 430 milliards de dollars d'intérêts en moins à payer.