Après une ouverture en nette baisse, hier, les Bourses européennes, toujours angoissées à l'idée de ne jamais voir se terminer la crise de la dette en zone euro, remontaient la pente en milieu de matinée, marquant le retour du yoyo des dernières semaines. Paris gagnait 0,61%, Francfort 0,58%, Milan 1,48% et Madrid 0,49%. Londres chutait toujours mais moins qu'à l'ouverture à -0,84% (contre -1,78%, alors qu'à Zurich, le SMI gagnait 1,19%. En Asie la défiance était très élevée, la Bourse de Tokyo ayant chuté de 2,17% en clôture, la flambée du yen venant s'ajouter aux inquiétudes persistantes quant à la croissance mondiale. La Bourse de Thaïlande a même connu un plongeon de plus de 8% en séance, d'hier. "Les séances se suivent et se ressemblent. Une fois de plus la crise de la dette va focaliser les attentions", avertit un analyste parisien sous couvert d'anonymat. "La cacophonie ambiante entre les responsables politiques place les marchés dans une incertitude très anxiogène. On parle, on échange, mais rien de concret n'est entrepris", ajoute-t-il. Après un mauvais démarrage, les valeurs bancaires, très exposées aux dettes souveraines des pays de la zone euro, connaissaient cependant aussi une amélioration. Tôt la matinée, Deutsche Bank prenait ainsi 3,92% et Commerzbank 3,42%, sur fond de spéculations sur un nouveau renforcement des dispositifs d'aide européens. La place milanaise était également tirée par les valeurs bancaires. UBI Banca prenait 5,96%, Intesa Sanpaolo 5,64% et UniCredit 3,76% vers 07H50 GMT. Parmi les rares bonnes nouvelles, le baromètre Ifo sur le moral des entrepreneurs allemands a reculé moins que prévu en septembre. Le week-end a été marqué par de très nombreuses déclarations sur le sujet, chacun tentant de désamorcer la bombe qui fait vaciller les marchés financiers depuis cet été, la pression allant croissante pour que la zone euro trouve rapidement une issue à la crise. Le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner a déploré que l'Union monétaire avance "beaucoup plus" lentement que les marchés et Pékin a réclamé une solution "rapide" à la crise. Dans une déclaration commune samedi, les pays de la zone euro se sont engagés devant les Etats membres du FMI à faire "tout le nécessaire" et à "assurer la stabilité financière de cette zone dans son ensemble". "Si tout le monde était d'accord sur l'ampleur de la menace, aucune réponse rapide n'est ressortie. Le temps politique est long et les acteurs des marchés financiers vont devoir s'en accommoder", ont commenté les analystes du Crédit Mutuel - CIC. Paris accentue ses gains, portée par le secteur bancaire La Bourse de Paris accentuait ses gains, hier en fin de matinée, portée par une envolée du secteur bancaire, alors que des rumeurs évoquent une recapitalisation de certains établissements et qu'une semaine cruciale s'ouvre pour tenter d'avancer dans le dossier de la dette. A la mi-séance, le CAC 40 gagnait 2,31% à 2874,91 points dans un volume d'échanges de 1,088 milliard d'euros. Le secteur financier bondissait, BNP Paribas s'envolant de 8,04% à 27,35 euros, Axa de 7,53% à 8,92 euros, Crédit Agricole de 6,10% à 4,69 euros et Société Générale de 4,87% à 17,45 euros. "Le marché a, de l'avis de plusieurs experts, atteint un point bas. Il est donc temps pour les investisseurs de repasser à l'achat sur certains titres", souligne Dov Adjedj, vendeur d'actions chez Aurel BGC. "Les rumeurs du week-end peuvent aussi jouer un certain rôle, prouvant que l'Etat est prêt à agir en cas de dérapage de la situation", estime un analyste parisien sous couvert d'anonymat. Selon le Journal du dimanche, le gouvernement a proposé à BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, BPCE et Crédit Mutuel, de les renflouer à hauteur de 10 à 15 milliards d'euros. Plusieurs sources, dont la ministre du Budget, Valérie Pécresse, ont toutefois démenti l'existence d'un tel plan. "On espère surtout des avancées sérieuses dans les jours qui viennent", commente M. Adjedj alors que s'ouvre une semaine cruciale avec le retour de la troïka des créanciers (Fonds monétaire international, zone euro, ndlr) en Grèce et le vote prévu, jeudi, du Parlement allemand sur l'élargissement du Fonds de soutien européen. Une première avancée pourrait être de doter ce fonds d'instruments supplémentaires, au-delà de ceux décidés en juillet, a déclaré le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn. Londres: le Footsie passe dans le vert grâce aux banques La Bourse de Londres est passée dans le vert, hier, dans la matinée, profitant d'une envolée des valeurs bancaires après une ouverture en nette naisse. L'indice Footsie-100 des principales valeurs gagnait 30,80 points, soit 0,61% par rapport à la clôture de vendredi, à 5097,61 points. Il avait perdu jusqu'à 1,8% en début de séance. Les banques profitaient d'un regain d'espoir sur la possibilité d'une entente entre Européens pour contenir la crise de la dette. Royal Bank of Scotland prenait ainsi 5,12% à 24,02 pence et Barclays 5,48% à 154 pence. Les valeurs minières poursuivaient en revanche leur plongeon en raison des craintes grandissantes d'un retour en récession des pays développés. Francfort: le Dax rebondit nettement La Bourse de Francfort, après avoir ouvert en nette baisse, rebondissait en milieu de matinée, portée notamment par les valeurs financières sur fond de spéculations sur un nouveau renforcement des dispositifs d'aide européens. Peu après l'ouverture, le Dax prenait 1,80% à 5290,31 points, renforçant ses gains après la publication d'un baromètre Ifo sur le moral des entrepreneurs allemands meilleur qu'attendu. Il a reculé à 107,5 points en septembre contre 108,7 points en août. Mais les analystes interrogés par Dow Jones Newswires l'attendaient encore plus bas, à 106,5 points. La première banque allemande Deutsche Bank prenait 5,73% à 24,44 euros tandis que Commerzbank gagnait 4,95% à 1,72 euros.Allianz, avec +6,88% à 63,08 euros, prenait la tête de l'indice vedette francfortois tandis que Munich Re affichait +2,53% à 82 euros. Le laboratoire pharmaceutique Bayer se portait également bien (+4,21% à 41,09 euros). Suisse: Le SMI repasse dans le vert Après un début de séance sous l'équilibre, la Bourse suisse est passée dans le vert dès les premiers échanges. Les poids lourds pharmaceutiques et les financières ont ramené les indices en territoire positif. Les investisseurs restent pourtant préoccupés par la crise de la dette dans la zone euro, selon des observateurs. Les déclarations vagues et parfois contradictoires des Etats membres du Fonds monétaire international (FMI), ce week-end, ne sont pas vraiment de nature à rétablir la confiance sur les marchés, selon des intervenants. Le SMI gagnait 0,77% à 5339,62 points, après une ouverture en baisse de près de 1%, à 5246,71 points. Le SLI prenait 0,53% à 791,385 points, le SPI avançait de 0,31% à 4827,91 points. Les bancaires étaient nettement en hausse. UBS gagnait 1,2%, Julius Bär 1,0%, CS 2,8%. UBS est en point de mire, aujourd'hui, après la démission du CEO Oswald Grübel, annoncée samedi, et la nomination du Tessinois Sergio Ermotti pour lui succéder, dans un premier temps à titre intérimaire. L'avenir de la division banque d'affaires reste un sujet de débat. M. Ermotti dirige actuellement les activités en Europe, Afrique et Moyen-Orient d'UBS. Il était jusqu'à l'an dernier numéro deux d'UniCredit, la première banque italienne et a rejoint la direction générale d'UBS en avril dernier. Les analystes ont des avis divergents sur les conséquences de cette nouvelle pour le titre UBS. Le japonais Nomura est plutôt optimiste, alors que JP Morgan se déclare "très déçu" par le départ d'Oswald Grübel. Plusieurs informations concernant des pharmas ont été publiées. Roche (+2,0%) a annoncé que son médicament expérimental trastuzumab emtansine (T-DM1) améliore la survie par rapport au traitement standard lors du cancer du sein métastatique HER2-positif. Novartis (+1,0%) a indiqué que son médicament Afinitor (évérolimus), associé à l'exémestane, contribue à prolonger significativement la vie des femmes atteintes d'un cancer du sein à un stade avancé et a publié de bons résultats de phase III avec le médicament Glivec (Imatinib; QTI571) contre l'hypertonie artérielle pulmonaire (PAH). Une demande d'homologation devrait avoir lieu cette année. A l'inverse, les titres Actelion (-1,0%) reculaient. Ils souffraient de peurs sur le produit principal Tracleer à cause de la concurrence, selon les observateurs. Nestlé (+0,5%) n'a pas souffert outre mesure de la baisse de la recommandation à "hold", contre "buy", par ING. Sonova (+2,7%) profitait par contre pleinement d'une étude positive de Credit Suisse. La banque a rehaussé la recommandation d'entreprise d'appareils auditifs à "outperform" contre "neutral". Les titres cycliques ABB (-0,4%) et Holcim (+0,9%) ne connaissaient pas le même développement. Le directeur du concurrent HeidelbergCement a confirmé dans une interview les objectifs 2011, après que le chiffre d'affaires au troisième trimestre a apparemment dépassé de manière modérée les prévisions. Les titres du luxe Swatch (-0,8%) et Richemont (-1,7%) poursuivaient leur recul. Parmi les valeurs secondaires, Aryzta (+1,7%) a clairement augmenté ses résultats sur l'année 2010/2011 se terminant fin juillet. Kuoni a fourni des informations positives. Les vols vers l'Egypte sont presque complets, a indiqué son CEO Peter Rothwell à la presse ("FuW"). Schulthess (+5,8%) et Evolva (+4,4%) étaient très recherchés. Swissmetal (-7%) et Santhera (-6,3%) reculaient le plus.