Renault, qui a fait du véhicule électrique un axe majeur de son développement pour les années à venir, va finalement faire appel à son partenaire japonais Nissan pour produire ses batteries dans son usine de Flins (Yvelines). Renault reste propriétaire du terrain et du bâtiment, Nissan payera un loyer et Renault sera son principal client, a annoncé, mercredi dernier, une porte-parole du constructeur français. Renault avait annoncé en grande pompe, à l'automne 2009, le choix de cette usine, qui produit actuellement la Clio 3, pour y fabriquer sa future petite citadine électrique Zoé mais aussi ses batteries, répondant ainsi aux inquiétudes sur la place accordée à la France dans sa stratégie industrielle. Il était soutenu en cela par l'Etat français qui devait lui apporter un prêt de 100 millions d'euros. Une coentreprise entre l'alliance Renault-Nissan, le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et le Fonds stratégique d'investissement (FSI) devait être mise sur pied pour produire les batteries lithium-ion nécessaires à ses futurs véhicules verts. L'investissement de la première phase du projet était estimé à 600 millions d'euros jusqu'en 2013, le FSI devant entrer au capital de la nouvelle entité à hauteur de 125 millions d'euros en numéraire et le CEA pour 5 millions. Mais ce schéma a été depuis abandonné, obligeant Renault à trouver une solution alternative. Dans le nouveau schéma retenu, ce sera le groupe français qui assurera les investissements, selon la porte-parole. Le groupe a aussi revu à la baisse les embauches prévues, selon des sources proches du dossier. Le groupe avait prévu d'affecter environ 500 personnes à la production de batteries, avec la moitié qui devaient être recrutées d'ici la mi-juin 2012 et le reste d'ici fin 2012. Ce nombre serait ramené entre 220 et 230 embauches, selon deux de ces sources. Par ailleurs, il se pourrait que l'objectif de production de 100 000 batteries par an soit abaissé dans un premier temps à 25.000, selon les mêmes sources. La porte-parole de Renault n'a pas souhaité commenter ces chiffres. Le constructeur avait déjà annoncé cet été que le lancement de la production de batteries, prévu pour la mi-2012, aurait un an et demi de retard. Selon des documents, c'est la maturité de la technologie utilisée par Renault et Nissan qui était en cause. Le problème est que ces technologies évoluent très vite et qu'il y a des évolutions permanentes à prendre en compte, avait fait valoir la direction de Flins lors d'un comité d'établissement du 25 mai. Les premiers véhicules électriques Renault, des utilitaires Kangoo ZE, viennent d'arriver dans les concessions. Ils seront suivis par une version électrifiée de la berline Fluence puis par le quadricycle Twizy en fin d'année et enfin la Zoé en 2012. Renault s'approvisionne actuellement en modules de batterie chez AESC, coentreprise créée entre Nissan et le groupe d'électronique nippon NEC, et auprès du Sud-Coréen LG, et compte faire ensuite appel aux usines Nissan au Portugal et au Royaume-Uni. Renault et Nissan ont misé gros sur cette technologie et ont déjà investi 4 milliards d'euros dans son développement. Pour le P-DG de l'alliance, Carlos Ghosn, qui incarne ce choix, les véhicules électriques devraient représenter 10% du marché automobile mondial en 2020.