“Nous sommes conscients de nos engagements, nous sommes des défenseurs et des promoteurs de l'environnement”. C'est en ces termes nets et précis que le ministre des Travaux publics, M. Amar Ghoul, a tenu à répondre à la polémique sur le tracé de l'autoroute Est-Ouest qui devra traverser le Parc national d'El-Kala sur une longueur de 15,5 kilomètres. Lors d'une rencontre organisée, jeudi dernier, au siège de son département ministériel, M. Amar Ghoul estime que ceux qui ont créé cette polémique ont manqué de voir dans ce projet un moyen qui permettra le désenclavement de toute une population vivant dans des conditions difficiles sur le plan économique En effet, pas moins de 11 communes qui existent aux alentours du parc sortiront de l'isolement total si ce projet vient à être concrétisé. De plus, sur 80 000 hectares sur lesquels s'étend le parc, seuls 15 kilomètres seront dédiés à un tronçon autoroutier, un projet qui offrira beaucoup d'opportunités aux habitants de la région sur le plan socioéconomique. En effet, le projet remonte aux années 80 quand ce dernier a été adopté par le conseil des ministres en 1987. Il a, également, été bien accueilli par la population locale qui ne voyait aucun inconvénient à la concrétisation de ce projet, bien au contraire, les habitants, notamment l'ont applaudi. Mais, aujourd'hui, au moment où le projet du siècle "l'autoroute Est- Ouest" commence à voir le jour, la polémique surgit. Certains estiment que le projet représente une énorme menace sur les équilibres écologiques du parc d'El-Kala et sollicitent les pouvoirs publics tout comme les responsables du projet à revoir la conception du projet à même de modifier le tracé. Cette demande a été prise en considération par le département de M. Amar Ghoul à travers le lancement d'études approfondies portant sur deux variantes différentes. Résultat, la deuxième variante, qui ne traversera pas le parc, coûtera six fois plus que la première soit 260 milliards de dinars supplémentaires, de plus, elle ne peut être réalisée avant cinq ans vu la nature du sol qui est rocheux ; et elle n'est pas du tout rentable sur le point économique puisque le tracé sera réalisé sous un tunnel de 20 kilomètres au milieu d'une zone montagneuse située au sud de la wilaya surplombant le parc jusqu'aux frontières algéro-tunisiennes. "Donc nous allons déboucher sur une zone totalement isolée et vierge", expliquera M. Amar Ghoul. Pis encore si cette variante est adoptée, a souligné M. Ghoul, "notre gouvernement sera obligé de prendre en charge le financement de la liaison directe vers la transmaghrébine qui traversera un passage montagneux en Tunisie". Alors que la variante, dont le département des travaux publics s'est engagé à réaliser, ne représente, en effet que "15 kilomètres soit 0,2 % de la superficie du parc et en aucun cas ne passera par des lacs ou un massif forestier. Le choix a été fait minitieusement" a précisé le ministre qui a encore souligné que "l'étude conçue par des experts internationaux est au niveau des trois ministères concernés, à savoir celui de l'Environnement, de l'Agriculture et des Travaux publics pour que ces trois départements veillent à appliquer les mesures nécessaires". L'étude d'impact sur l'environnement qui réunit pas moins de 1 000 pages, a permis de recenser la faune et la flore qui vivent dans le parc ainsi que les mesures qui devraient être prises pour protéger les espaces animales et végétales. L'étude a même pris en charge le volet pollution du parc engendré par le rejet d'huiles par les automobiles. Pour éviter cela, des bacs à rétention seront aménagés aux abords de la route. "Nous acceptons toute idée intéressante, les portes du ministère sont ouvertes au dialogue et ce dans l'intérêt national", a encore ajouté le premier responsable du secteur des travaux publics. En somme, il faut dire que de tels projets se font le plus normalement dans des zones protégées dans le monde à l'image du Canada, la France, le Japon, l'Allemagne qui sont connus pour leurs positions en terme de protection de l'environnement. Citant ainsi le tracé de l'autoroute Montauban-Brive en France qui traverse en effet, une zone très sensible du département du Lot et celui de l'autoroute des Glaciers-Alberta au Canada reliant deux parcs nationaux Jespere et Banf de la province de l'Alberta. Autrement dit le projet de l'autoroute Est-Ouest est loin d'être un fait unique.
