Le débat sur les qualités et l'engagement du président Mohamed Boudiaf revient aux devant de la scène, cette semaine, à l'occasion du quinzième anniversaire de sa disparition, survenue le 29 juin 1992. Appelé à prendre les commandes de l'Etat après avoir été désigné président du Haut comité d'Etat (HCE) au moment où le pays s'apprêtait à vivre une crise politique sans précédent, et ce, suite à la démission de l'ancien président Chadli Bendjedid et l'arrêt du processus électoral en janvier 1992, le président Boudiaf tentera d'entreprendre des chantiers et des réformes qui renseignent sur l'abnégation exemplaire de l'homme à sa patrie. En tout cas, le parcours du patriote authentique de Boudiaf ne commence pas avec son arrivée à la tête du HCE. Ancien chef historique, il a fait partie du groupe des six qui a déclenché la guerre de Libération nationale aux côtés de Krim Belkacem, Didouche Mourad, Larbi Ben M'hidi, Rabah Bitat et Mustapha Ben Boulaïd, après avoir fondé le CRUA (Comité révolutionnaire pour l'unité et l'action). Au lendemain du déclenchement de la guerre de Libération nationale, le 1er Novembre 1954, Boudiaf a eu à commander la délégation du FLN à l'extérieur, avec Aït Ahmed, Ben Bella et Khider. Après leur arrestation en octobre 1956 par les services français, Boudiaf et ses compagnons passeront le reste de la révolution en prison et ne seront libérés qu'au lendemain de la signature des accords d'Evian en mars 1962. En 1963, Boudiaf s'inscrit dans l'opposition au président de l'époque, Ahmed Ben Bella, pour des divergences concernant les choix politiques imprégnés à l'Etat après l'indépendance. Boudiaf opte, ensuite, pour l'exil après avoir créé, en 1963, le PRS (Parti de la révolution socialiste). Durant toute cette période, il a vécu au Maroc, où il a fondé une fabrique de matériaux de construction. Et ce n'est qu'en 1992 que l'homme se verra à nouveau chargé d'une mission à la tête de l'Etat. En tout cas, son passage à la présidence du HCE, même s'il a été de courte durée, à savoir, du 16 janvier au 29 juin 1992, a été marqué par des positions capitales et radicales, tant sur le plan politique qu'économique. Dès son arrivée, Boudiaf s'attaquera aux problèmes d'urgence, en tentant d'en finir une bonne fois pour toutes avec la crise sécuritaire qui a résulté de l'arrêt du processus électoral et l'annulation des législatives de décembre 1991. Sur le plan socioéconomique, le président Boudiaf, dès son arrivée, a tenté d'instaurer des politiques sociales de développement et se penchant notamment sur les questions du chômage et des difficultés vécues par les franges fragiles de la société, tels les vieillards sans pensions de retraite et les handicapés. Sur le plan économique, Mohamed Boudiaf a également donné le ton de son choix pour des réformes globales et profondes. Le tempérament d'un homme juste et intègre a poussé le président du HCE à inscrire le dossier de la corruption, qui gangrène les institutions de l'Etat à l'époque, au chapitre de ses priorités. En tout cas, Mohamed Boudiaf a été perçu par l'ensemble de l'opinion publique comme une bouée de sauvetage, l'unique homme capable de sortir le pays de l'impasse. Il avait projeter d'instaurer en Algérie une véritable démocratie, pour que le pays soit tourné vers la modernité.