L'Assemblée générale de l'ONU a adopté, avant-hier, à une large majorité la résolution sur la Syrie qui appuie le plan de la Ligue arabe prévoyant la mise à l'écart du président Bachar al-Assad. La Chine et la Russie s'y sont une nouvelle fois opposées. Le texte, similaire à celui auquel Moscou et Pékin ont opposé leur veto le 4 février au Conseil de sécurité, a été approuvé par 137 voix contre 12 et 17 abstentions, selon un premier décompte. Trois délégations ont toutefois fait savoir que leur vote n'avait pas été pris en compte. La résolution exige du gouvernement syrien qu'il mette fin à ses attaques contre la population civile, soutient les efforts de la Ligue arabe pour assurer une transition démocratique à Damas et recommande la nomination d'un envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie. Moscou ne soutiendra pas une résolution inéquitable La Russie ne soutiendra pas le projet de résolution sur la Syrie soumis au vote de l'Assemblée générale des Nations unies, avant-hier, dans la mesure où il est inéquitable dans sa forme actuelle. Le projet dans sa forme actuelle est inéquitable et ne prend pas en compte notre position, a déclaré cette source anonyme, sans autre détail, après que Moscou a demandé plusieurs amendements au texte. L'Assemblée doit s'est prononcé, avant-hier après-midi à New York, sur un projet de résolution qui condamne la répression en Syrie, quelques jours après le blocage par Moscou et Pékin d'un texte similaire au Conseil de sécurité. Un des amendements russes porte sur un paragraphe se référant au plan de la Ligue arabe du 22 janvier, avaient indiqué mercredi des diplomates. Ce plan prévoit que le président syrien Bachar al-Assad cède ses pouvoirs à son vice-président, alors que Moscou s'oppose à tout changement de régime imposé de l'extérieur. Un autre amendement ferait coïncider le retour des troupes syriennes dans leurs casernes avec la fin des attaques par des groupes armés d'opposition. Moscou insiste pour faire reconnaître la part de responsabilité de l'opposition dans les violences. La Russie veut aussi inscrire dans le texte que l'opposition doit se dissocier des groupes armés et gommer la liste des exactions commises par Damas contre les civils. Principal soutien du régime du président Bachar al-Assad, la Russie a bloqué à deux reprises des résolutions au Conseil de sécurité condamnant la répression sanglante en cours depuis près d'un an en Syrie. Ban Ki-moon salue le "message tant attendu" de l'ONU Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a "salué le message tant attendu" envoyé, avant-hier, à la Syrie par l'Assemblée générale de l'ONU. Celle-ci a adopté à une large majorité une résolution dénonçant la répression en Syrie. M. Ban, cité par son porte-parole, a invité "les autorités syriennes à entendre l'appel de la communauté internationale et la voix du peuple syrien". "Il est essentiel pour le monde de parler d'une même voix pour mettre un terme à l'effusion de sang et de redoubler d'efforts pour résoudre cette crise pacifiquement", a-t-il estimé. "C'est ce que l'Assemblée générale a fait aujourd'hui" en adoptant sa résolution. Le secrétaire général se déclare "prêt à assumer ses responsabilités, comme le demande cette résolution. Il travaillera en étroite coopération avec la Ligue arabe" pour tenter de régler cette crise, conclut le communiqué de l'ONU. Soutien sans équivoque Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé s'est félicité, avant-hier soir, de l'adoption de la résolution sur la Syrie. Elle constitue, selon lui, "un soutien massif et sans équivoque au peuple syrien". Quant au ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, il a qualifié cette résolution d'avertissement "sans ambiguïté" au régime de Damas. "Le message est sans ambiguïté. La violence doit cesser immédiatement", a déclaré M. Hague dans un communiqué. La résolution, approuvée par 137 voix pour, 12 contre et 17 abstentions, exige du gouvernement syrien qu'il mette fin à ses attaques contre la population civile. Elle soutient les efforts de la Ligue arabe pour assurer une transition démocratique à Damas et recommande la nomination d'un envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie. L'offensive se poursuit Les forces gouvernementales syriennes ont de leur côté poursuivi, avant-hier, leur offensive contre plusieurs villes rebelles, dont Derra, berceau du mouvement de contestation. Elles ont aussi arrêté deux figures de la révolte, le journaliste Mazen Darwich et la blogueuse Razzan Ghazzawi. Les forces du président syrien ont continué de pilonner Homs. Elles ont aussi attaqué Hama à la roquette et ont renforcé leur présence à Deraa, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé à Londres. Plus au nord, à Hama, quatre civils et dix rebelles ont été tués dans un pilonnage et quatre soldats ont péri dans l'attaque de leur check-point, selon l'ONG. A Deraa, un civil a été tué par des tirs des troupes et trois soldats ont été tués lors d'affrontements avec des rebelles armés. La politique d'arrestations s'est poursuivie. Des membres des services de sécurité sont entrés dans le Centre syrien pour les médias et la liberté d'expression à Damas pour y arrêter le journaliste et directeur du centre, sa femme et un employé. Bombardements les plus violents depuis 14 jours sur Homs La ville rebelle de Homs, dans le centre de la Syrie, était, hier matin, la cible des bombardements les plus violents depuis 14 jours menés par les forces du régime. Il s'agit des bombardements les plus violents depuis 14 jours. C'est incroyable, c'est d'une violence extrême, on n'a jamais connu ça. C'est en moyenne quatre roquettes tirées par minute, a affirmé Hadi Abdallah, membre de la Commission générale de la révolution syrienne. En plus des quartiers de Baba Amr et d'al-Inchaat, ceux de Khaldiyé et de Bayyada sont pilonnés vendredi, alors que les bombardements sur ces quartiers n'ont pas été aussi intenses au cours des derniers jours, a-t-il souligné. Le militant a précisé que l'aviation militaire et des avions de reconnaissance survolaient Homs, qualifiant ce déploiement de sans précédent. Il y a des milliers de gens à Homs isolés du monde entier, c'est un crime de guerre, a poursuivi le militant, alors que la ville connaît une crise humanitaire. Les forces du régime de Bachar al-Assad bombardent la cité rebelle depuis le 4 février pour tenter d'y étouffer la contestation.