Les prix des métaux industriels ont été fortement ébranlés en début de semaine par une révision en baisse des objectifs de la croissance chinoise, mais le marché a ensuite tenté de se reprendre, poussé par l'optimisme sur le plan de restructuration de la dette grecque. La Chine n'en finit plus d'entamer la confiance du marché des métaux: les importations de cuivre ou de minerai de fer du géant asiatique marquent le pas depuis la trêve du Nouvel an lunaire en janvier, et la perspective d'un ralentissement sensible de sa croissance hante de plus belle les opérateurs. Le Premier ministre Wen Jiabao a renforcé ces inquiétudes, en annonçant lundi un objectif de croissance de 7,5% cette année, un chiffre revu en nette baisse en raison d'un contexte international difficile -- alors que l'Europe, un débouché majeur de la production chinoise, peine à sortir de la crise. Dans la foulée, les prix des métaux échangés au London Metal Exchange (LME) ont trébuché, accélérant leur chute mardi et mercredi: en l'espace de trois jours, le cuivre a abandonné 4,6% et l'aluminium a reculé de 5%. La Chine est, de loin, le premier pays consommateur de métaux de base dans le monde. "Les doutes sur la solidité de l'économie chinoise n'ont fait que se renforcer avec la révision des prévisions de croissance. Or le signe le plus inquiétant pour le marché, c'est bel et bien que la demande de métaux en Chine reste faible", a souligné Dan Smith, analyste de Standard Chartered. Signe du manque de dynamisme chinois, "les stocks de la Bourse des métaux de Shanghai ont augmenté de 23% sur un mois au cours de la seconde quinzaine de février, reflétant l'excédent de production du marché local, et des cargaisons de métaux à destination de la Chine auraient été détournées vers d'autres destinations", a ajouté M. Smith. "Le danger le plus grave pour les prix des métaux à moyen terme, c'est le fait que l'activité économique en Chine soit moins consommatrice de matières premières" en raison d'un rééquilibrage en faveur des services, a renchéri Julian Jessop, analyste du cabinet londonien Capital Economics. Les cours des métaux ont cependant repris des couleurs jeudi, à l'unisson des autres matières premières et d'un affaiblissement du dollar face à un euro revigoré par l'optimisme des investisseurs avant une opération de restructuration de la dette grecque. Un fléchissement du dollar rend plus attractifs les achats de métaux libellés dans la monnaie américaine. En dépit d'une salve d'indicateurs moroses en Chine cette semaine (dont un ralentissement de la production industrielle et un coup de frein des ventes de détail en janvier et février), les opérateurs préféraient se concentrer sur la baisse de l'inflation dans le pays en février, au plus bas depuis 20 mois. "Cela offre plus de marge aux autorités chinoises pour assouplir davantage leur politique monétaire", des mesures susceptibles d'encourager les investissements dans les matières premières, notaient les experts de la société financière britannique Fast Markets. Enfin, le rapport mensuel sur l'emploi américain, bien meilleur qu'attendu, a également aidé cette semaine les prix des métaux à limiter en partie leurs pertes du début de semaine, renforçant le récent optimisme des opérateurs sur la reprise économique aux Etats-Unis. Cuivre Le groupe américain Freeport-McMoran a annoncé qu'il rouvrait mi-mars sa mine géante de Grasberg en Indonésie, qui représente environ 4% de l'offre mondiale de cuivre. Le site avait été paralysé en 2011 par une grève de trois mois, qui avait contribué à tirer vers le haut le cours du métal rouge. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 8490 dollars cette semaine contre 8595 dollars la semaine précédente vers la même heure. L'aluminium valait 2229 dollars la tonne contre 2340 dollars. Le plomb valait 2159 dollars la tonne contre 2175 dollars. L'étain valait 23 000 dollars la tonne contre 23 800 dollars. Le nickel valait 19 100 dollars la tonne contre 19 459 dollars. Le zinc valait 2087 dollars la tonne contre 2113 dollars.