Le ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos, a annoncé, hier, qu'il allait quitter son poste, comme prévu, après avoir été élu la veille président du Parti socialiste, Pasok. J'ai eu l'occasion lors d'une réunion d'adieu ce matin au ministère des Finances de donner mes dernières consignes, a indiqué M. Vénizélos aux médias à l'issue d'une rencontre avec le président grec Carolos Papoulias et juste avant de rencontrer le Premier ministre, Lucas Papademos, à qui il doit présenter officiellement sa démission. Titulaire du portefeuille des Finances depuis neuf mois et seul candidat à la direction du Pasok, M. Vénizélos, 55 ans, a été élu, avant-hier soir, à la tête de ce parti, un des deux partenaires du gouvernement grec transitoire de coalition, pour succéder à Georges Papandréou, en place depuis 2004. Pour lui succéder au poste des Finances, crucial pour la Grèce surendettée, les médias avançaient ces derniers jours les noms du Premier ministre et ex-banquier central, ou du numéro deux du ministère, Philippos Sahinidis, en poste depuis octobre 2009. Ces prochaines semaines, jusqu'aux élections, nous devons être très vigilants et persévérants pour atteindre les objectifs budgétaires, encaisser les revenus publics, contrôler les dépenses et appliquer le programme économique, a affirmé M. Vénizélos. Un scrutin législatif anticipé est en principe prévu d'ici la mi-mai en vertu de l'accord gouvernemental liant le Pasok à la Nouvelle-Démocratie (conservateurs). Au départ opposé aux recettes de rigueur prônées par l'UE et le FMI depuis 2010 pour redresser le pays surendetté en échange de son renflouement, M. Vénizélos s'est fait l'artisan avec M. Papademos du lancement du deuxième plan de sauvetage du pays, via l'adoption d'un nouveau train de rigueur et la restructuration de la dette grecque négociée avec les créanciers privés. Ce brillant professeur du droit constitutionnel a rallié à la fin des années 80 le Pasok, pour lequel il a depuis été réélu dans discontinuer député, et a enchaîné divers portefeuilles ministériels. Avant-hier, après son élection à la tête du PasoK, sanctionné par une chute libre dans les sondages pour la rigueur imposée au pays depuis deux ans, M. Vénizélos a indiqué qu'il espérait la victoire face à son rival conservateur, Antonis Samaras. Juncker reconnaît l'insuffisance des mesures pour la relance La zone euro a surtout mis l'accent sur l'assainissement des finances publiques de la Grèce et non sur la croissance pour l'aider à sortir de la crise, a reconnu le chef de file de l'eurogroupe Jean-Claude Juncker dans un entretien au journal Kathimérini publié, avant-hier. Je crois qu'on n'a pas suffisamment mis l'accent sur la dimension de la croissance au problème général grec. Nous avons surtout insisté sur l'assainissement des finances publiques sans donner de solution alternative ou laisser le choix à la Grèce, a dit M. Juncker au quotidien grec. Nous nous sommes montrés durs à l'égard de l'assainissement des finances mais très faibles à l'égard de l'autre paramètre important, celui de la croissance (...), a-t-il indiqué, en soulignant qu'il regrettait l'aggravation des conditions de vie des Grecs. M. Juncker a jugé qu'il aurait été plus logique de mettre dès le début l'accent sur la dimension de la croissance la Grèce traversant maintenant sa cinquième année de récession. Les coupes importantes dans les salaires et les retraites ainsi que la hausse des taxes imposées à la Grèce depuis 2010 par la zone euro et le FMI, en échange de prêts pour faire sortir le pays de la crise, ont favorisé l'aggravation de la récession, l'économie ayant accumulé un recul de 15% ces dernières années, provoquant la colère de la rue. Ce n'est que dans le deuxième plan d'aide approuvé récemment que l'UE et le FMI ont commencé à élaborer des mesures de croissance. L'Union européenne (UE) insiste sur l'accélération de l'absorption des fonds de cohésion européens par la Grèce pour relancer son économie. Le pays, qui peut prétendre à 20,4 milliards d'euros en fonds de cohésion européens pour la période 2007-2013, en a absorbé jusqu'à présent seulement 35%. De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) dans son nouveau programme d'aide de 28 milliards d'euros avalisé, jeudi, préconise la réalisation des réformes structurelles destinées à accélérer la croissance de l'économie et de l'emploi. Le chef de la mission du FMI en Grèce, Poul Thomsen, reconnaît en regardant en arrière, que certains changements auraient dû être effectués d'une façon différente. Par exemple, je crois que le programme (d'assainissement de l'économie grecque) a été trop basé sur l'augmentation de l'imposition alors qu'il aurait fallu insister plus sur la réduction des dépenses publiques, a indiqué M. Thomsen dans un entretien publié, avant-hier, dans l'hebdomadaire grec To Vima. Il a toutefois insisté sur la baisse des salaires effectué car le coût salarial doit s'adapter à la productivité basse du pays afin de favoriser la compétitivité. Le non-ajustement des salaires est la raison principale pour le taux élevé du chômage, souligne M. Thomsen. Il a annoncé la nécessité de l'adoption prochainement de nouvelles mesures d'économie de l'ordre de 5,5% du PIB en réduisant les dépenses publiques. La restructuration une occasion de changer le climat L'accord obtenu sur la restructuration de la dette grecque est une occasion de changer le climat économique dans le pays, a estimé le gouverneur de la Banque de Grèce (BdG) Georges Provopoulos dans un entretien publié dimanche dans l'hebdomadaire To Vima. Maintenant que l'accord sur le PSI (participation des créanciers privés à la restructuration de la dette, ndlr) s'est achevé d'une façon positive, c'est l'occasion de changer le climat, a indiqué M. Provopoulos à ce journal grec. Le gouverneur s'est dit optimiste sur le retour des dépôts aux banques grecques, qui ont été retirés ces dernières années par les épargnants en raison de l'incertitude économique. Dans un climat qui s'améliore, des sommes de 10 à 15 milliards d'euros doivent être retournées dans une première phase aux banques, ce qui va renforcer considérablement les liquidités, estime M. Provopoulos. Il rappelle que les dépôts bancaires ont subi une réduction de 70 milliards d'euros depuis 2009, soit 35% du PIB. M. Provopoulos souligne que le retour des dépôts combiné avec la recapitalisation des banques qui doit s'achever d'ici septembre, les privatisations prévues d'ici 2015 et l'absorption des fonds de cohésion européens vont donner un dynamisme important à l'économie. Sur le processus de recapitalisation des banques, il a précisé que la BdG informait actuellement les banques sur les estimations effectuées concernant les nécessités de renforcement de leurs capitaux afin de les aider à amortir le choc des pertes de créance après la restructuration de la dette. Ensuite d'ici fin mars, les banques vont nous soumettre la finalisation de leurs plans que nous allons évaluer en avril avant de commencer à puiser des capitaux sur le marché et, selon les besoins, bénéficier de l'aide du Fonds européen de stabilité financière (FESF), a-t-il ajouté. En vertu d'un accord inédit obtenu le 9 mars entre la Grèce et ses créanciers privés, ces derniers ont décidé d'effacer près de 105 milliards d'euros de dette au prix pour eux de pertes réelles de l'ordre de 74%. Cette opération vise à faire baisser la dette totale du pays à 120,5% du PIB, d'ici 2020 contre 160% du PIB actuellement (à plus de 350 milliards d'euros).