L'ouverture en 2013 d'appels d'offres pour des concessions de blocs pétroliers pré-salifères au Brésil -gelées depuis 2008- devraient relancer d'énormes investissements dans l'industrie du secteur, selon les analystes toutefois inquiets d'une loi en suspens sur les royalties du brut. La présidente du Brésil, Dilma Rousseff, vient d'autoriser l'ouverture, en novembre 2013, d'un appel d'offres pour l'exploitation de gisements de brut et de gaz découverts en eaux très profondes dans l'océan Atlantique sous une épaisse couche de sel mais dont l'exploitation requiert de très gros investissements. Ces appels d'offres (précédé d'un autre pour l'exploitation de brut en dehors des réserves pré-salifères en mai 2013) seront les premiers depuis 2008, au lendemain de la découverte de ces gisements en mer. Cependant, cette relance des appels d'offre dépend encore de l'approbation au Parlement d'une loi polémique sur la redistribution des royalties du pétrole qui divise les Etats producteurs et non-producteurs de brut. Après avoir été approuvée au Congrès, elle est bloquée à la Chambre des députés. L'exploitation de ces gigantesques réserves, enfouies jusqu'à 7 000 mètres de profondeur dans l'Atlantique, permettra au Brésil de passer de pays importateur à pays exportateur. Il est primordial de savoir ce que va donner la loi sur les royalties, a déclaré la présidente de la compagnie pétrolière brésilienne Petrobras, Graça Foster, mercredi dernier, lors d'une audience au Sénat. Petrobras a besoin du secteur étranger pour atteindre ses objectifs de plus que doubler sa production de pétrole d'ici à 2020 avec le pré-salifère.La production passerait de 2 millions de barils par jour actuels à 4,9 millions b/j en 2020, ce qui lui permettrait de dégager un excédent de 1,7 million b/j pour l'exportation. Satisfaction des compagnies pétrolières La reprise des appels d'offres, même incertaine, a été bien reçue par l'industrie pétrolière dont les spécialistes sont réunis cette semaine à Rio dans le cadre de la conférence internationale Rio Oil and Gas. C'était le signal que nous attendions du gouvernement pour le retour à la normale des appels d'offres. Et le gouvernement va avoir une réponse positive des producteurs de pétrole et de gaz, s'est félicité Joao Carlos de Luca, président de l'Institut brésilien du pétrole qui regroupe des compagnies brésiliennes et étrangères. Cette annonce est très encourageante, on l'attendait depuis longtemps. Nous sommes prêts à participer, a affirmé Angel Gonzalez Lastra, directeur des opérations de Repsol-Sinopec, de capital sino-espagnol, qui opère déjà dans 16 puits pré-salifères et investit actuellement un milliard de dollars dans le pays. Mme Foster a assuré que Petrobras, dont le principal actionnaire est l'Etat brésilien qui jusqu'en 1997 avait le monopole du pétrole, a les fonds pour être en lice dans les nouveaux appels d'offres. Toutefois, les ressources dépendront de la qualité de l'offre de chaque bloc proposé, que nous allons évaluer quand nous aurons toutes les informations, a précisé Carlos Tadeo Fraga, directeur du secteur pré-salifère de Petrobras dont le budget pour la période 2012-2016 s'élève à près de 70 milliards de dollars. Petrobras opère actuellement dans 32 puits du Bassin de Santos à 210 kilomètres des côtes de Rio de Janeiro. Avec les gisements pré-salifères, le Brésil passerait des 13,9 millions de barils en réserves de brut actuelles à 55 millions, d'après l'Université fédérale de Rio (UFRJ). Onze opérateurs contrôlés par des groupes étrangers travaillent à ce jour au Brésil, selon l'Agence nationale du pétrole (ANP). Au moins neuf d'entre eux devraient investir 30 milliards de dollars d'ici à 2020, selon la UFRJ.