Près de 870 millions de personnes, soit un habitant de la planète sur huit, souffraient de sous-alimentation chronique en 2010-2012, selon le dernier rapport sur la faim dans le monde diffusé, hier, par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Fonds des Nations Unies pour le développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondial (PAM). Le rapport souligne que la croissance globale est nécessaire mais non suffisante pour réduire durablement la faim. La croissance agricole est particulièrement efficace dans la réduction de la faim et de la malnutrition dans les pays pauvres, car la plupart des pauvres tirent de l'agriculture et des activités connexes au moins une partie de leurs moyens de subsistance. La croissance agricole impliquant les petits exploitants, notamment les femmes, sera d'autant plus efficace dans la réduction de l'extrême pauvreté et de la faim qu'elle permettra de créer des emplois pour les pauvres. La croissance ne doit pas seulement profiter aux pauvres, elle doit aussi être "sensible à la nutrition" afin de réduire les différentes formes de malnutrition. La réduction de la faim ne se limite pas simplement à une augmentation de la quantité de nourriture, il s'agit également d'améliorer la qualité des aliments en termes de diversité, d'éléments nutritifs et de salubrité. Car alors même que près de 870 millions de personnes souffrent de la faim, le monde est de plus en plus confronté à un double fardeau lié à l'alimentation: d'une part, la sous-alimentation chronique et les carences en micronutriments et, d'autre part, l'obésité, le surpoids et les maladies non transmissibles qui en dérivent et qui affectent plus de 1,4 milliard de personnes dans le monde. A ce jour, le lien entre la croissance économique et une meilleure nutrition a été sous-estimé, selon le rapport qui plaide pour une approche intégrée agriculture-nutrition-cadre santé. Les nouvelles estimations suggèrent que l'extension de la faim au cours de la période 2007-2010 a été moins forte qu'on ne le pensait. La crise économique de 2008-2009 n'a pas provoqué, comme on le craignait, un ralentissement économique rapide et immédiat dans de nombreux pays en développement. Les répercussions de la hausse des prix internationaux des denrées alimentaires sur les marchés intérieurs ont été moins prononcées qu'on ne le pensait à l'époque et beaucoup de gouvernements ont réussi à amortir les chocs et à protéger les plus vulnérables contre les effets de l'accélération des prix , lit-on encore dans le rapport. Des systèmes de protection sociale préconisés La croissance est évidemment importante, mais elle n'est pas toujours suffisante ou assez rapide. Par conséquent, des systèmes de protection sociale sont nécessaires pour s'assurer que les plus vulnérables ne soient pas laissés pour compte et puissent également participer, contribuer et bénéficier de la croissance. Des mesures telles que les transferts en espèces, les bons alimentaires ou l'assurance santé sont nécessaires pour les plus vulnérables qui, souvent, ne peuvent pas profiter directement des opportunités de croissance. La protection sociale peut améliorer la nutrition des jeunes enfants - un investissement qui sera rentable à l'avenir avec des adultes plus instruits, plus forts et plus sains. Avec une protection sociale efficace, complétant une croissance économique incluant tous les secteurs clés, la faim et la malnutrition peuvent être éliminées. Ce document présente par ailleurs, de meilleures estimations de la sous-alimentation chronique, basées sur une méthodologie et des données améliorées couvrant les deux dernières décennies. La grande majorité des personnes souffrant de la faim, soit 852 millions, vivent dans les pays en développement, environ 15 % des habitants de ces pays, tandis que 16 millions de personnes sont sous-alimentées dans les pays développés, a-t-on noté dans ce rapport onusien.