BP a confirmé, hier, être en discussions avancées avec le groupe public russe Rosneft pour lui vendre 50% de sa coentreprise à problèmes basée en Russie TNK-BP, une opération qui permettrait au britannique de repartir du bon pied dans ce pays doté d'immenses réserves de pétrole. Aucun accord n'a encore été conclu à ce stade, a toutefois précisé BP dans un bref communiqué. Créé en 2003 par BP et le consortium d'oligarques russes Alfa Access Renova (AAR), TNK-BP était englué dans un conflit entre actionnaires depuis la signature en janvier 2011 d'une alliance entre BP et Rosneft pour explorer l'Arctique, qui a finalement échoué en raison de l'opposition d'AAR à cet accord. Rosneft s'était ensuite retourné vers l'américain ExxonMobil, le norvégien Statoil et l'italien Eni pour conclure des alliances. TNK-BP représente à elle seule un gros quart de la production mondiale de BP et lui a rapporté plus de 18 milliards de dollars depuis sa naissance. Mais face à l'impossibilité d'une bonne entente avec son partenaire, le groupe britannique avait fini par annoncer en juin qu'il souhaitait vendre sa part. Si un accord était finalisé avec Rosneft, BP solderait ainsi avantageusement une aventure qui avait fini par le paralyser en Russie, et qui était devenu l'un de ses gros problèmes avec l'explosion en avril 2010 de sa plateforme Deepwater Horizon et la marée noire dans le golfe du Mexique qui avait suivi. Il trouverait aussi un allié de poids avec Rosneft, un puissant groupe public détenu à plus de 75% par l'Etat russe. Rosneft aurait offert jeudi plus de 25 milliards de dollars pour racheter les 50% de TNK-BP de BP, selon plusieurs médias. Le britannique recevrait une partie en numéraire et une partie en actions Rosneft, ainsi qu'un ou deux sièges au conseil d'administration. Selon le Wall Street Journal, la vente s'élèverait entre 26,6 et 28 milliards de dollars. Elle donnerait au britannique une participation d'un peu moins de 20% dans Rosneft. BP va obtenir l'accès à l'Arctique, qui est la dernière frontière pour l'exploration pétrolière, et devenir actionnaire de l'une des plus grandes compagnies pétrolières mondiales, a ainsi salué Stuart Joyner, analyste chez Investec. Ces discussions, qui restent à finaliser, impliquent vraisemblablement le pouvoir russe au plus haut niveau de l'Etat. Des pourparlers ont déjà eu lieu entre le président russe Vladimir Poutine et les dirigeants de BP et Rosneft. Les deux groupes ont coopéré dans le passé et BP possède déjà 1,3% du capital de Rosneft, acquis lors de son introduction en Bourse en 2006. Le groupe public russe pourrait également racheter auprès d'AAR les autres 50% de TNK-BP, ce qui le propulserait au premier rang mondial des pétroliers cotés en Bourse en termes de production de brut, devant PetroChina et l'américain ExxonMobil. L'opération renforcerait ainsi encore l'emprise du Kremlin sur le secteur énergétique russe: l'ensemble produirait environ 4 millions de barils par jour, totalisant environ 40% de la production russe. A la Bourse de Londres, l'action BP reculait légèrement, hier matin. Elle perdait 0,54% à 447,9 pence peu après l'ouverture, reculant plus que l'ensemble du marché.