Le cours de l'once d'or a engrangé près de 70 dollars (+4%) cette semaine, revigoré comme l'argent et les platinoïdes par la réélection du président américain Barack Obama, qui laissait présager la poursuite d'une politique monétaire accommodante favorable aux métaux précieux. Or La courte victoire du président démocrate Barack Obama mardi a provoqué des étincelles sur le marché de l'or. Le prix du métal jaune, qui avait sombré, lundi dernier, à 1 672,75 dollars l'once (un plus bas depuis fin août), s'est envolé dès les premiers sondages sorties des urnes mardi soir, et n'a fait que conforter ses gains les jours suivants, jusqu'à atteindre 1 739,04 dollars vendredi, un sommet depuis trois semaines. "Le rebond du cours de l'or s'explique par le fait que l'on s'attend à une longue période de politique monétaire ultra-accommodante" de la part de la Réserve fédérale américaine (Fed) sous la nouvelle administration Obama, a expliqué Julian Jessop, analyste de Capital Economics. De fait, les injections de liquidités par la Fed dans l'économie, qui a mis en place en septembre un ambitieux programme de rachats d'actifs destiné à stimuler la croissance, contribuent à stimuler les investissements dans les matières premières mais aussi à diluer la valeur du dollar. Or, un dollar affaibli rend plus attractifs les achats de métaux précieux, libellés dans la monnaie américaine, pour les détenteurs d'autres devises. Dans ce contexte, "l'or est parti pour atteindre prochainement de nouveaux sommets", surpassant le pic de 1 796,05 dollars l'once atteint début octobre (un plus haut depuis 11 mois), anticipent les experts de Deutsche Bank. Selon eux, la Fed pourrait annoncer lors de leur réunion de décembre une nouvelle extension de leur programme d'assouplissement quantitatif, "ce qui provoquerait un nouveau coup de pouce au prix de l'or avant la fin de l'année". Par ailleurs, la politique monétaire accommodante de l'institution "pourrait alimenter sur le long terme les tensions inflationnistes", contre lesquelles l'or est traditionnellement réputé être un bon bouclier, a ajouté Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital. Enfin, le récent regain d'inquiétude sur la zone euro, après l'abaissement des prévisions de croissance de la Commission européenne, et sur la situation de la Grèce en particulier, "peut raviver la demande d'or comme valeur-refuge, ce qui contribuerait à tirer les prix vers le haut", a noté M. Jessop. Cependant, la hausse du cours de l'or reste fragilisée par une demande physique (achats dans le secteur de la joaillerie) encore morose, avec notamment une forte chute cette année des importations d'or de l'Inde, deuxième pays consommateur de métal jaune après la Chine, ont prévenu les experts de Commerzbank. La demande indienne d'or pâtit sévèrement de la chute de la roupie face au dollar (ce qui renchérit le prix de l'or sur le marché local) et d'une hausse des droits de douane, ont-ils expliqué. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé la semaine à 1 738,25 dollars au fixing du soir contre 1 685 dollars la semaine précédente. Argent Considéré comme une alternative meilleur marché au métal jaune, les cours de l'argent ont globalement épousé la trajectoire de l'or, prenant plus de 2 dollars sur la semaine et se hissant vendredi à 32,78 dollars l'once, un sommet depuis le 19 octobre. Le métal gris a terminé la semaine à 32,16 dollars l'once, contre 31,92 dollars sept jours auparavant. Platine/Palladium Les métaux platinoïdes ont eux aussi accompagné l'or dans son ascension, et restaient portés par la poursuite des grèves dans le secteur minier en Afrique du sud (premier pays exportateur de platine au monde, et deuxième de palladium), mais, leur débouché principal étant l'industrie automobile, ils ont vu leurs gains limités par les incertitudes persistantes sur l'économie mondiale. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a terminé la semaine à 1 559 dollars contre 1 552 dollars une semaine auparavant. L'once de palladium a fini à 612 dollars contre 608 dollars la semaine précédente.