Les Bourses européennes ont ouvert dans le rouge, hier, l'attention des investisseurs se détournant progressivement de la Grèce pour se reporter sur les négociations budgétaires qui semblent pour le moment piétiner aux Etats-Unis. La Bourse de Tokyo a chuté de 1,22%, hier, dans le sillage de Wall Street, après les propos du chef de file démocrate du Sénat, Harry Reid, qui s'est dit déçu du "peu de progrès" des négociations entre démocrates et républicains visant à épargner aux Etats-Unis un "mur budgétaire", synonyme peu ou prou de récession l'an prochain. L'expression "mur budgétaire" ("fiscal cliff") désigne le déclenchement simultané au début de l'an prochain de coupes budgétaires et d'une hausse des impôts dont l'impact est évalué à 600 milliards de dollars si le Congrès et la Maison Blanche ne parviennent pas à un compromis d'ici la fin de l'année. Un tel blocage aurait des conséquences dramatiques sur l'économie américaine et par conséquent sur les autres économies de la planète, au moment où celles-ci commencent à donner de timides signes d'amélioration. "L'économie mondiale, la Chine et l'Europe ont besoin de voir l'économie américaine croître et c'est pour cela que la pression pour parvenir à un compromis est plus forte qu'avant", note Carl Larry, courtier de produits dérivés chez Atlas Commodities. "L'économie mondiale ne peut pas se permettre que l'Amérique retombe en récession." La nervosité commence à gagner les marchés européens, dont l'attention était ces derniers temps focalisée sur la dette grecque. La Grèce n'est d'ailleurs pas totalement sortie des esprits, l'accord sur la réduction de la dette et le déblocage d'une nouvelle tranche d'aide conclu la veille entre l'Eurogroupe, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque centrale européenne (BCE) devant encore être approuvé par les députés allemands, néerlandais ou finlandais. Ewald Nowotny, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, s'est efforcé hier matin de rassurer le Bundestag, qui devrait se prononcer sur l'accord d'ici la fin de la semaine, en assurant à une radio autrichienne qu'une décote sur la dette grecque n'était plus à l'ordre du jour. À Paris, le CAC 40 recule de 0,43% à 3 487,24 points dans les premières cotations. À Francfort, le Dax cède 0,37% et à Londres, le FTSE perd 0,41%. L'indice paneuropéen EuroStoxx 50 est en baisse de 0,45%. Paris: le CAC 40 en baisse pénalisé par les craintes sur le budget US La Bourse de Paris était en baisse, hier en début de séance (-0,44%), dans un marché dominé par l'incertitude sur la situation budgétaire aux Etats-Unis. Peu après l'ouverture, le CAC 40 cédait 13,98 points pour s'inscrire à 3 488,13 points. Parmi les valeurs qui se distinguent, on note Faiveley qui prend 3,14% à 45,06 euros. L'équipementier ferroviaire a réitéré son objectif d'amélioration de sa rentabilité sur l'exercice décalé 2012/13 après une hausse de 31,5% de son bénéfice net au premier semestre. LVMH, soutenu par un relèvement de la recommandation de Nomura, progresse de 0,61% à 132,4 euros. Boiron gagne 4,76% à 26,40 euros. Le groupe a indiqué que la société ainsi que des membres de la famille Boiron allaient acquérir la participation de 15,5% que le laboratoire pharmaceutique Pierre Fabre détenait dans Boiron. Du côté des valeurs en repli, on note les constructeurs automobiles: Renault (-1,89% à 37,32 euros) et Peugeot (-1,29% 0 4,73 euros). Lafarge cède 1,30% à 43,18 euros. ArcelorMittal est en repli de 1,24% à 11,33 euros. Les discussions se poursuivent entre l'Etat et l'entreprise "jusqu'au terme du délai qui avait été convenu pour trouver un éventuel repreneur", soit samedi, a indiqué l'Elysée. Publicis abandonne 0,43% à 42,94 euros. Le groupe publicitaire a annoncé que le taux de distribution de ses bénéfices, sera porté progressivement "autour de 35%" contre 23,6% au titre de 2011. Londres: le Footsie ouvre en baisse La Bourse de Londres a ouvert en baisse hier, l'attention des investisseurs se portant de nouveau sur les inquiétudes concernant la situation budgétaire américaine. Dans les premiers échanges l'indice FTSE-100 des principales valeurs reculait de 11,87 points, soit un repli de 0,20% par rapport à la clôture de la veille, à 5 787,84 points. "A partir de maintenant et jusqu'à la fin de l'année, tout va tourner autour du " mur budgétaire "" aux Etats-Unis alors que la "Grèce est temporairement hors de danger" après l'accord sur sa dette entre le FMI et la zone euro, a commenté Craig Erlam, analyste chez Alpari. Les minières étaient sous pression, Rio Tinto cédant 0,69% à 2.958 pence, Glencore 0,62% à 336,7 pence et Xstrata 0,64% à 1 005 pence. Le géant de la téléphonie mobile Vodafone reculait de son côté de 0,64% à 155,9 pence. Hors du FTSE 100, le voyagiste Thomas Cook, qui a vu sa perte annuelle se creuser et envisage de vendre ses activités en France, lâchait 5,21% à 22,75 pence. Le groupe de télévision satellitaire BSkyB prenait en revanche 0,52% à 778 pence, la banque HSBC 0,34% à 623 pence et le distributeur Sainsbury's 0,24% à 334,4 pence. Francfort: le Dax fait une pause (-0,04%) La Bourse de Francfort était presque à l'équilibre, hier en matinée, faisant une pause alors que les craintes sur une éventuelle absence d'accord sur le budget américain revenaient sur le devant de la scène. L'indice vedette Dax reculait de 0,04% à 7 329,46 points, peu après l'ouverture, et l'indice des valeurs moyennes MDax perdait 0,22% à 11 407,45 points. Après les gains engrangés ces derniers jours, "le Dax va marquer une pause", estime Ralph Herre, analyste chez LBBW. "Après la joie d'hier pour l'accord sur de nouvelles aides à la Grèce, les préoccupations revenaient de nouveau sur la crainte d'un " mur budgétaire " aux Etats-Unis", expliquent pour leur part les analystes de Helaba dans une note. Parmi les valeurs allemandes vedettes, Deutsche Bank et Commerzbank retombaient en bas du tableau, avec des baisses respectives de 1,47% à 33,42 euros et 0,88% à 1,36 euro, après avoir profité depuis lundi d'un apaisement des tensions dans la zone euro avec l'accord pour aider la Grèce. Le sidérurgiste ThyssenKrupp était aussi à la peine (-0,56% à 15,93 euros). A deux semaines de la publication de ses résultats annuels, les journaux allemands spéculaient sur les pertes qui pourraient être annoncées, notamment à cause de la vente d'aciéries aux Etats-Unis. Sur l'indice des valeurs moyennes, les titres du distributeur Metro et du distributeur de médicaments Celesio pesaient fortement. Ils perdaient respectivement 4,85% à 21,07 euros et 2,33% à 12,97 euros, alors que la holding financière Haniel a décidé de baisser ses participations dans ces groupes pour pouvoir se désendetter. Egalement sur le MDax, le numéro deux allemand de l'acier de Salzgitter reculait de 0,90% à 34,50 euros, en dépit de l'annonce par une de ses branches d'augmentation de ses prix de vente pour compenser le renchérissement des matières premières. Enfin, TUI AG, holding contrôlant le voyagiste britannique TUI Travel, abandonnait 0,66% à 7,64 euros, alors que son concurrent britannique Thomas Cook a creusé ses pertes annuelles. Suisse : ouverture sous l'équilibre, Swiss Life en point de mire La Bourse suisse évoluait sous l'équilibre, hier dans les premiers échanges. Dans les premières cotations, le SMI cédait 0,10% à 6 705,31 points, le SLI perdait 0,29% à 1 014,18 points, le SPI abandonnait 0,11% à 6 170,11 points. Parmi les titres du SLI, 23 étaient en baisse, 7 en hausse. Swiss Life (-5,0%) accélérait sa baisse initiale. L'assureur vie a communiqué ce matin toute une série de mesures, mais les investisseurs ont surtout retenu la dépréciation de 576 millions de francs suisse des actifs incorporels d'AWD. Le bénéfice 2012 sera de ce fait inférieur à 100 millions de francs suisse, contre 606 millions de francs suisse en 2011. Swiss Life a par ailleurs abaissé en partie ses objectifs financiers 2015, prévoit de supprimer jusqu'à 400 emplois dans les trois ans, dont 90 en Suisse, et d'abandonner les activités d'AWD en Slovaquie et Hongrie. Les analystes sont positifs à long terme sur ces mesures et les données chiffrées étaient attendues. Le recul du cours est attribué en premier lieu à ses fortes avancées récentes. Zurich (-0,8%) ne profitait pas du relèvement de son objectif de cours par UBS, qui est monté à 225 francs suisse contre 220 francs suisse. Bâloise (-0,3%) et Swiss Re (-0,5%) complétaient le tableau des assureurs en baisse. UBS (-0,9% à 14,3 francs suisse) a vu son objectif de cours nettement relevé par CS, à 15,60 francs suisse contre 12,80 francs suisse précédemment, avec une recommandation confirmée à "outperform". Credit Suisse (+0,2%) était la seule valeur financière en hausse. Les poids lourds Novartis (-0,1%) et Roche (-0,2%) enregistraient une évolution similaire à celle de l'indice. Roche a obtenu le label CE pour son test de diagnostic Cobas 4 800 HPV (cancer du col de l'utérus) dans des indications cliniques élargies. Novartis va présenter de son côté, lors d'un congrès, de nouveaux résultats d'études cliniques sur des traitements contre les maladies hématologiques et le cancer du sein. Sika menait la danse du SMI/SLI, avec une avancée de 0,9%, sans nouvelle particulière. Nestlé suivait, avec un gain de 0,5%. Un peu plus loin derrière, on trouvait Syngenta (+0,3%), SGS (+0,1%) et Swatch, également en terrain positif. Sur le marché élargi, Orascom DH dévissait de 7,3%. Le promoteur immobilier a publié, la veille au soir et par surprise, des résultats provisoires pour le troisième trimestre. Malgré une hausse de chiffre d'affaires de 5%, il devrait boucler sur une perte de 30 à 35 millions de francs suisse, à cause d'éléments exceptionnels. Le spécialiste de la colorimétrie Datacolor (-1,2%) a confirmé ses objectifs à moyen terme et prévoit un léger relèvement de son dividende. Ascom perdait 1,3% après avoir annoncé la suppression de 25 emplois dans la division Network Testing à Soleure. Tamedia (-0,1% à 99,00 francs suisse) subissait le contrecoup de la réduction d'objectif de cours par Vontobel, à 115 (135) francs suisse. La banque met en avant l'évolution négative du marché de la publicité. Tokyo: le Nikkei finit en recul de 1,22% La Bourse de Tokyo a terminé, hier, la séance en nette baisse de 1,22%, les investisseurs s'inquiétant des problèmes budgétaires américains et déplorant un léger rebond du yen. A la clôture, l'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes a perdu 114,95 points à 9 308,35 points, mettant fin à une série de quatre séances de hausse consécutives qui lui avaient permis de clôturer la veille au plus haut depuis sept mois. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a abandonné de son côté 1,31%, fléchissant de 10,21 points à 771,39 points. L'activité a été assez faible, avec 1,73 milliard d'actions échangées sur le premier marché. Les groupes qui avaient le plus profité du repli du yen observé depuis trois semaines ont donc fait l'objet de prises de bénéfice. Ce fut notamment le cas des constructeurs d'automobiles: Toyota a freiné de 1,56% à 3.475 yens, Nissan de 1,28% à 773 yens et Honda de 2,05% à 2 672 yens. Les fabricants d'électronique, dont certains avaient timidement repris des couleurs à la faveur de la récente dynamique positive, ont rechuté: Sony de 1,47% à 803 yens, Canon de 3,06% à 2 817 yens et Sharp de 2,96% à 164 yens. Panasonic a limité les dégâts, ne perdant que 0,50% à 401 yens. Pioneer, spécialiste des systèmes audio embarqués et de géolocalisation, a plongé de 5,91% à 191 yens. Les groupes sensibles à la conjoncture ont été aussi touchés par les craintes pesant sur l'économie mondiale, au lendemain de l'abaissement drastique par l'OCDE de ses prévisions de croissance pour les principales économies de la planète. Dans la sidérurgie, Nippon Steel & Sumitomo Metal a fondu de 2,60% à 187 yens et JFE Holdings de 3,86% à 1 218 yens. Dans l'industrie lourde, Toshiba a abandonné 4,14% à 278 yens, Mitsubishi Heavy Industries 1,92% à 358 yens et Hitachi 1,77% à 444 yens.