Les chiffres de l'emploi américain ont rassuré, avant-hier, sur l'état du marché du travail aux Etats-Unis après le passage de l'ouragan Sandy, mais la baisse du chômage qu'ils ont révélée ne témoigne paradoxalement d'aucune amélioration véritable de la situation. Le taux de chômage a reculé de 0,2 point par rapport à octobre, pour s'établir à 7,7% en novembre, son niveau le plus faible depuis décembre 2008, a indiqué le département du Travail. Les chiffres du ministère montrent cependant que la baisse du chômage a découlé d'une diminution de la population active supérieure à celle du nombre de personnes recensées officiellement comme étant au chômage. "Le taux de chômage a baissé pour de " mauvaises " raisons", résume Nigel Gault, économiste du cabinet IHS Global Insight. La population active varie chaque mois en fonction des départs en retraite, des arrivées sur le marché du travail et du nombre de chômeurs qui abandonnent la recherche d'un emploi. Selon le gouvernement, les embauches ont augmenté de 5,8% par rapport à octobre, l'économie américaine ayant créé en novembre 146 000 emplois de plus qu'elle n'en détruisait. C'est mieux que ce sur quoi tablaient les analystes (120 000 créations de postes), mais le ministère a revu en baisse de près de 20% son estimation des embauches d'octobre. Le ministère indique que l'ouragan meurtrier Sandy, qui a frappé le nord-est des Etats-Unis dans les derniers jours d'octobre et paralysé pendant plusieurs jours l'activité économique de certaines régions, n'a pas eu d'effets notables sur son estimation de l'emploi et du chômage en novembre. L'accélération des embauches est une bonne nouvelle (altérée par la révision des créations d'emplois d'octobre), mais la situation du marché du travail est encore loin d'être bonne, comme le montre la baisse du taux d'activité. Cette mesure du nombre des personnes employées ou cherchant activement du travail par rapport à l'ensemble de la population est retombée à 63,6%, tout près de son niveau le plus faibles en plus de trente ans. Chômeurs découragés La Maison Blanche a répété que les chiffres de l'emploi "fournissent des preuves supplémentaires de la poursuite du rétablissement économique" du pays après la grande récession de 2007-2009. "Il reste fort à faire" pour revenir à une situation normale, a néanmoins reconnu Alan Krueger, conseiller économique du président Barack Obama. Pour M. Gault, "la bonne nouvelle n'est pas que le marché du travail s'améliore rapidement - cela n'est pas le cas - mais que la croissance de l'emploi se maintient en dépit de toutes les craintes relatives au mur budgétaire". Cette expression renvoie à la cure de rigueur que le pays risque de s'infliger à lui-même à partir du début du mois de janvier sauf accord exprès d'ici à la fin du mois entre le gouvernement et les élus du Congrès pour l'empêcher. Comme le notait récemment la banque centrale (Fed), l'incertitude qui découle de cette situation est nuisible aux projets d'investissements et d'embauches des entreprises. Peter Morici, professeur d'économie à l'Université du Maryland, met néanmoins en garde contre tout excès d'optimisme. Il rappelle que la baisse du taux de chômage officiel observée depuis son pic de 10% atteint en octobre 2009 résulte essentiellement de l'occultation d'un nombre croissant de chômeurs découragés ou ayant cessé de chercher du travail pour diverses autres raisons. Selon ses calculs, la population active a reculé en novembre car "542 000 adultes supplémentaires ont choisi de ne pas chercher de travail", et le taux de chômage serait de 9,7% si le taux d'activité était le même qu'en octobre 2009. Accélération du crédit à la consommation en octobre La hausse du crédit à la consommation s'est accélérée aux Etats-Unis en octobre, selon des chiffres publiés, avant-hier, par la banque centrale américaine (Fed). L'encours des crédits à la consommation dans le pays a progressé pour le troisième mois d'affilée, de 6,2% en rythme annualisé et en données corrigées des variations saisonnières, indique la Réserve fédérale sur son site internet. En volume, il augmenté de 14,2 milliards de dollars en octobre, ajoute la banque centrale, bien plus que ce que donnait la prévision médiane des analystes (9,9 milliards). La Fed a revu en hausse de 0,4 point, à 5,4% son estimation de la hausse du mois de septembre. Le crédit à la consommation regroupe l'ensemble des crédits accordés aux particuliers en dehors des prêts immobiliers. Selon la Réserve fédérale, la hausse du mois d'octobre a été tirée par une hausse de 6,9% des crédits non renouvelables (prêts étudiants ou à l'achat d'une automobile principalement), et un rebond de 4,7% des crédits renouvelables (essentiellement ceux contractés en payant par carte de crédit). Depuis sa reprise en septembre 2010, le crédit à la consommation n'a connu que trois mois de baisse aux Etats-Unis. Le crédit non-renouvelable est dopé depuis deux ans environ par un bond des prêts étudiants, qui sont désormais le deuxième poste d'endettement des ménages, loin derrière les crédits au logement. Baisse du moral des ménages en décembre à 74,5 Le moral des ménages baisse nettement aux Etats-Unis, selon l'indice de confiance des consommateurs américains de décembre publié, avant-hier, par l'Université du Michigan. Cet indice a chuté de 8,2 points par rapport à novembre, où il avait atteint son niveau le plus haut en plus de cinq ans, selon l'estimation provisoire de l'Université, qui le donne à 74,5, son niveau le plus bas depuis août. Ce chiffre est nettement inférieur à la prévision médiane des analystes, qui donnait l'indicateur à 82,4. Le résultat définitif pour le mois de décembre doit être publié le 21 décembre.