Dix-sept détenus Algériens pourront quitter prochainement la base militaire américaine pour rejoindre leur pays. Sauf qu'au moins l'un d'entre eux refuse ce transfert et préfère rester à Guantanamo Bay. Ahmed Belbacha a saisi la justice américaine pour rester à Guantanamo le temps qu'un autre pays accepte de l'accueillir. Arrêté au Pakistan et détenu sur la base navale américaine à Cuba depuis février 2002, Ahmed Belbacha est aujourd'hui désigné comme un "ancien combattant ennemi", un statut qui autorise son renvoi en Algérie. A Guantanamo, et d'après un document déposé jeudi passé devant la Cour suprême par les avocats de Belbacha, ce dernier est maintenu dans une isolement presque total. Sa cellule minuscule est entièrement en acier. Aucune fenêtre ne laisse passer la lumière du jour ; il doit subir celle des néons 24 heures sur 24. Sa seule distraction réside en deux heures de récréation par jour seul dans une cage avec un ballon de football dégonflé. Sa famille ne peut pas lui rendre visite, il ne peut pas les appeler, leur courrier met des mois à lui parvenir. Et quand il arrive, il est souvent fortement censuré. Tel est le monde que M. Belbacha choisit plutôt qu'un retour en Algérie. Et le hic dans l'histoire, c'est que le gouvernement américain ne renvoie aucun détenu avant d'avoir reçu l'assurance qu'il serait bien traité dans son pays. En tout cas, la Cour suprême américaine a refusé d'intervenir pour interdire au gouvernement américain de rapatrier le détenu. En rejetant le recours de Belbacha, tout comme elle l'avait fait en mai pour un détenu libyen Abdul Ra'ouf al-Qassim, qui se trouve encore à Guantanamo. Le gouvernement américain souhaite en finir le plus tôt possible, notamment que le président américain George Bush subit une pression croissante en faveur de la fermeture de la prison de Guantanamo. Ils se sont déclarés prêts à libérer quelque 80 des 360 prisonniers de Guantanamo, selon Jeffrey Gordon, un porte-parole du Pentagone. Après un bref séjour au Royaume-Uni, Belbacha s'est rendu au Pakistan pour étudier le Coran, selon sa famille. Mais les Etats-Unis l'ont accusé d'avoir suivi un entraînement au maniement des armes en Afghanistan et l'ont enfermé à Guantanamo en février 2002 en tant que "combattant ennemi". Un nouvel examen de son dossier a conclu qu'il ne constituait plus une menace pour les Etats-Unis et pouvait être libéré.