Les cours du sucre sont repartis à la baisse cette semaine, tombant à des niveaux plus vus depuis l'été 2010, toujours plombés par la robuste récolte brésilienne, tandis que café et cacao restaient relativement stables malgré les craintes sur une offre mondiale abondante. Cacao Les prix de la fève brune ont connu des sorts contrastés la semaine dernière, reculant à Londres et progressant à New York, mais sont restés cantonnés dans une fourchette étroite. Des achats à bon compte, de la part d'investisseurs spéculatifs, ont permis aux prix new-yorkais de se reprendre, "mais la plupart des opérateurs attendent toujours un repli des cours" en raison de la bonne santé de la récolte en cours en Côte d'Ivoire (35% de l'offre mondiale), a souligné Jack Scoville, du courtier Prices Futures Group. Selon lui, "les volumes de fèves arrivant dans les ports ivoiriens restent importants cette semaine, et la tendance devrait s'accentuer", sur fond de "conditions météorologiques favorables", qui atténuaient un peu les craintes de maladies des plants via des champignons en raison des fortes pluies. Sur le Liffe de Londres, la tonne de cacao pour livraison en mars valait 1 543 livres sterling cette semaine contre 1 551 livres la semaine précédente. Sur le NYBoT-ICE américain, le contrat pour livraison en mars valait 2 432 dollars la tonne contre 2 424 dollars une semaine plus tôt. Café Le cours de l'arabica a accéléré sa baisse la semaine dernière, glissant jeudi dernier à 143,25 dollars, nouveau plus bas depuis juin 2010, avant de se reprendre, dans un marché tétanisé par la perspective d'une forte progression de la production pour la saison en cours. Ainsi, l'Organisation internationale du café (ICO), institution réunissant pays producteurs et consommateurs, a annoncé mardi prévoir pour l'année 2012-13, débutée en octobre, une production mondiale de café de 146 millions de sacs (de 60 kg), soit une hausse de 8,4% par rapport à l'année précédente. Cette progression s'explique par un bond attendu de 10,6% de l'offre mondiale d'arabica, le Brésil (premier pays exportateur de café) s'apprêtant en effet à entamer une année prospère, au sein de son cycle biennal de production caféière qui alterne années médiocres et années fastes. "De bons niveaux de production sont également anticipés pour d'autres grands pays exportateurs", notamment la Colombie et l'Indonésie, a ajouté l'ICO, précisant que la demande mondiale de café "devrait résister", soutenue par l'essor de la consommation dans les économies émergentes". Sur le Liffe de Londres, le prix de la tonne de robusta pour livraison en mars valait 1 899 cette semaine, contre 1893 dollars la semaine précédente, résistant grâce à l'intérêt d'investisseurs spéculatifs. Sur le NYBoT-ICE à New York, la livre d'arabica pour livraison en mars valait 144,75 cents, contre 150 cents sept jours auparavant. Sucre Après un bref rebond début décembre, les cours du sucre ont repris la tendance baissière quasi-continue entamée il y a deux mois, "toujours plombés par la surproduction inondant le marché mondial", en particulier en provenance du Brésil (premier pays producteur), selon Nick Penney, du courtier Sucden. Les prix sont ainsi tombés, jeudi dernier à 495 dollars la tonne à Londres et 18,31 cents la livre à New York, leurs plus bas niveaux depuis respectivement juin et août 2010. Le pessimisme des investisseurs a été alimenté la semaine dernière par des chiffres de l'UNICA, agence gouvernementale brésilienne, montrant que la production du pays continue d'accélérer. Celle-ci a estimé que le volume de sucre raffiné dans le centre-sud du pays (principale région productrice) sur la seconde quinzaine de novembre avait plus que triplé par rapport à la même période de 2011, à 1,83 million de tonnes. Depuis le début de la saison en avril, la production totale de sucre atteint donc 32,9 millions de tonnes selon l'UNICA, en hausse de 6% sur un an, profitant d'un temps plus sec ces deux derniers mois. Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en mars valait 501,60 dollars, vendredi dernier, contre 516 dollars la semaine précédente. Sur le NYBoT-ICE américain, la livre de sucre brut pour livraison en mars cotait 18,67 cents contre 19,31 cents sept jours auparavant. Le maïs et le blé reculent Les prix du soja ont continué à profiter la semaine dernière, à Chicago d'une forte demande alors que les cours du maïs pâtissaient de faibles exportations et que ceux du blé souffraient d'un approvisionnement solide au niveau mondial. L'oléagineux américain est tiré vers le haut par une demande solide, "que ce soit sur le marché domestique ou à l'étranger", a indiqué Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale. Selon un rapport hebdomadaire du département américain de l'Agriculture (USDA), les exportations de soja pour la campagne 2012/2013 ont augmenté la semaine dernière de 16% par rapport à la semaine précédente. A l'inverse, les cours du maïs "font face à un recul important en raison d'exportations en berne et d'une forte compétition de l'Amérique du Sud", a remarqué Dewey Strickler, de Ag Watch Market Advisors. Les ventes du maïs américain à l'étranger ont en effet baissé de 10% la semaine dernière par rapport à la moyenne des quatre semaines précédentes. La céréale pâtit d'un prix "supérieur de trente dollars par tonne à celui du maïs sud américain", selon M. Nelson. Les cours du blé ont de leur côté été affectés par les nouvelles estimations de l'USDA dans son rapport mensuel sur l'offre et la demande mondiale publié, mardi dernier. Dans ce document, les autorités américaines abaissent leurs prévisions d'exportation de la céréale et relèvent leurs estimations des stocks aux Etats-Unis, a rappelé M. Strickler. L'USDA a aussi augmenté son estimation des stocks mondiaux de blé, en raison notamment "d'une hausse de la production en Chine" et "d'une révision à la hausse des stocks en Australie et au Canada", a-t-il ajouté. "C'était plus que ce à quoi s'attendaient les courtiers et cela a amoindri les craintes liées à l'offre". Le recul des prix du blé reste toutefois surprenant au vu de la forte sécheresse qui affecte les semis d'hiver dans plusieurs régions américaines productrices de la céréale, selon M. Nelson. "Peut-être les courtiers se disent qu'il faut attendre mars ou avril, lorsque les semis sortiront de leur période de dormance, pour voir si des pluies de printemps ne viennent pas améliorer" le rendement, a remarqué l'expert. Les investisseurs gardent en tout cas un œil sur le fleuve Mississippi, par lequel transite une importante part des exportations de produits agricoles américains. Affecté lui aussi par la sécheresse, "il est actuellement à un niveau très bas et pourrait être fermé dès la fin du mois" alors que la navigation est habituellement interrompue mi ou fin janvier pour quatre à six semaines, a noté M. Nelson. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en mars évoluait à la mi-séance à 7,2500 dollars contre 7,3725 dollars vendredi dernier. Le boisseau de blé à même échéance s'échangeait cette semaine à 8,1650 dollars contre 8,6100 dollars sept jours auparavant. Le contrat sur le boisseau de soja pour livraison en janvier s'établissait à 14,9575 dollars contre 14,7225 dollars.