Le gouvernement japonais a indiqué hier prévoir une croissance de 2,5% en termes réels pour l'année budgétaire d'avril 2013 à mars 2014, grâce à un regain de la demande intérieure stimulée par un plan de relance massif annoncé au début du mois par le Premier ministre Shinzo Abe. Le gouvernement de droite, formé le 26 décembre dernier, escompte aussi une croissance nominale de 2,7%, signifiant qu'il s'attend à une évolution positive des prix ce qui, selon les médias nippons, serait une première en 16 ans. Le pouvoir exécutif espère que l'écart entre l'offre, surabondante, et la demande, atone, sera en partie comblé par les mesures prises pour donner un coup de pouce à l'économie, dont d'importantes commandes de travaux publics financées par l'emprunt. Les décisions récentes de la banque centrale du Japon (BoJ), qui vont dans le sens d'une politique monétaire encore plus accommodante, avec un objectif d'inflation de 2%, sont aussi censées donner du tonus à l'économie intérieure. Par ailleurs, le gouvernement escompte une amélioration de la conjoncture internationale qui devrait redynamiser les exportations, même si simultanément les importations devraient aussi augmenter, ce qui de facto annulera un peu les effets de la demande extérieure sur la croissance. Le gouvernement, qui a fait de la lutte contre la déflation sa priorité, au point de forcer la main de la BoJ, s'attend en outre à ce que les prix augmentent globalement de 0,5% d'un an sur l'autre, encore loin de l'objectif de 2% mais s'y dirigeant. Dans ces prévisions économiques, l'exécutif se félicite aussi que "la hausse excessive du yen (constatée entre 2010 et 2012) ait amorcé une correction", ce qui est bon pour les firmes nippones faisant affaires à l'étranger. De fait, depuis la victoire du Parti Libéral-Démocrate (PLD) de M. Abe mi-décembre au scrutin législatif anticipé, la devise japonaise recule fortement, au point de susciter les critiques de dirigeants étrangers qui craignent une guerre des monnaies, chacun cherchant à affaiblir la sienne pour favoriser ses entreprises sur les marchés extérieurs. M. Abe promet de relancer la croissance sans dépenser indéfiniment Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a promis hier de relancer la croissance du pays sans recourir indéfiniment à la dépense publique, un engagement annoncé lors de son discours de politique générale devant le Parlement. M. Abe a présenté aux députés et sénateurs les grandes lignes de son programme, un peu plus d'un mois après la large victoire du Parti libéral-démocrate (PLD, droite) qu'il préside aux élections législatives du 16 décembre. Rasséréné par des sondages d'opinion positifs, le dirigeant conservateur a répété que sa priorité consistait à doper la troisième puissance économique mondiale engluée dans la récession et la déflation. Le gouvernement de M. Abe a annoncé le 11 janvier un premier plan de soutien économique comprenant 10 300 milliards de yens (85 milliards d'euros) de dépenses étatiques, via une rallonge budgétaire pour l'exercice en cours. Prêt à puiser dans les deniers publics pour donner du tonus à l'économie, l'exécutif doit présenter mardi un projet de budget fortement déficitaire pour l'exercice d'avril 2013 à mars 2014. Toutefois, les revenus d'impôts de l'Etat devraient dépasser légèrement ceux tirés de l'émission de nouvelles obligations publiques, pour la première fois depuis quatre ans, d'après la presse japonaise. Nous ne pouvons continuer à dépenser l'argent public indéfiniment. Nous allons établir une stratégie de croissance qui permettra d'augmenter l'investissement privé et la consommation, a promis M. Abe. Il n'en reste pas moins que quelque 46% du budget seront financés par de la dette supplémentaire, alors que le Japon croule déjà sous un endettement dépassant deux fois le montant de son produit intérieur brut (PIB). Cinq ans après un premier passage raté d'un an à la tête du gouvernement, M. Abe, jouit d'un soutien populaire croissant en ce début de deuxième mandat, d'après un sondage du quotidien Nikkei. Selon cette enquête réalisée en fin de semaine dernière auprès de 1 433 ménages, l'action du Premier ministre est soutenue par 68% des Japonais, soit six points de plus qu'après son retour au pouvoir le mois dernier. La plus grave crise qu'affronte dans l'immédiat le Japon est celle de la perte de confiance en l'avenir des Japonais, a souligné M. Abe, lequel veut inverser cette tendance, citant en exemple l'état d'esprit qui, après-guerre, a permis au pays de se reconstruire. Près de deux ans après le tsunami dans le nord-est et l'accident nucléaire de Fukushima, les Nippons restent pessimistes pour leur pays confronté à une économie en récession, à un environnement extérieur difficile et à un vieillissement accéléré de sa population.