Un des onze membres du collectif des avocats de l'ex-président irakien Saddam Hussein, M. Emmanuel Hugo, répondant hier matin à la Radio Chaîne 3 dans le cadre de son émission " invité de la rédaction ", considère que la condamnation à mort par pendaison de son client n'est une surprise pour personne " tout le monde savait ce que le tribunal avait ordre de faire à la demande des Américains, tout le monde savait effectivement que les Américains dès leur arrivée en territoire irakien avaient le projet d'abattre et de supprimer Saddam Hussein avec un moyen d'apparence légale ". Il fera une autre remarque en disant que lui et ses collègues du collectif de défense ne sont plus là pour défendre un homme, mais pour s'opposer à la peine de mort qui est contraire au droit international et ce, alors que d'aucuns militent à ce que la peine de mort disparaisse à jamais de la planète. Il faut que toutes les bonnes volontés retroussent les manches pour éviter à Saddam Hussein cette pendaison inadmissible, dira-t-il. Il estime que si cette condamnation serait mise à exécution, elle aurait pour effet d'embrasser tout le Moyen-Orient qui a vu dans le président Saddam Hussein le seul rempart à la politique des Américains dans la région et on verra alors quelqu'un qui représentera celui qui a donné sa vie pour s'opposer à ce cas du siècle, ce pillage des ressources de l'Irak. Et le fait qu'aujourd'hui, le peuple irakien est maltraité, martyrisé par une occupation met la communauté internationale dans la " route " précise l'avocat de l'ancien homme fort de Baghdad. Il pense que Saddam Hussein n'avait pas à être jugé pour le simple fait que les Américains sont entrés en Irak sans un mandat de l'ONU, son arrestation est totalement illicite et que la proposition, la constitution et le fonctionnement du tribunal pénal irakien est contraire au droit international. Il mettra également dans cette affaire le rôle important que jouent les Iraniens qui, d'après lui, ont pris le contrôle de tous les rouages de l'administration irakienne dans ce conflit de pouvoir judiciaire et d'ajouter qu'aujourd'hui le tribunal est aux mains de l'Iran, donc, il y a les Kurdes, les Iraniens et les Américains qui ne veulent pas d'un procès équitable. Evoquant les charges retenues contre son client, il dit qu'elles ne sont pas prouvées, mais certaines d'entre elles ont été abandonnées parce qu'elles gênaient les Américains notamment le cas de l'envahissement par l'Irak du territoire koweïtien, d'autres sont extrêmement gênantes pour la communauté internationale. Il indiquera aussi que toutes les charges ont été préparées par la CIA, comme il dénoncera toute la pression exercée par le président du tribunal sur les témoins. Encore une fois, il insistera pour dire que la défense n'a pas pu exercer normalement son droit. " Le tribunal est une mascarade pour obtenir la mort de Saddam ", lance-t-il. Pour lui, il y avait deux solutions, soit on l'abattait immédiatement dès son arrestation, soit on le jugeait avec une apparence de tribunal. Il fera également cas de l'annonce de ce verdict à deux jours des élections législatives américaines " tout cela a été préparé, le clan Bush et le parti républicain ont besoin de succès surtout en Irak. Il se sont embourbés dans un nouveau Vietnam, par conséquent, avec cette condamnation à mort, le parti républicain et le clan Bush espèrent ainsi gagner quelques voix dans cette élection, tout cela est exécuté pour servir la politique intérieure américaine ". Il espère que le peuple américain va sanctionner le clan Bush. Il croit que les organisations humanitaires aident beaucoup la communication politique. " Il y a des personnes à défendre au détriment des autres. Saddam n'était pas bien positionné dans la vitrine des organisations des droits de l'Homme. On préfère défendre quelqu'un qui a subi une ségrégation en Afrique du Sud ou quelqu'un qui est dans une geôle quelque part en Amérique du Sud ; défendre Saddam, cela explique qu'on est dans le camp du " fascisme " Je compte que sur mes propres forces et celles de mes confrères pour assurer ce travail ". Et pour ce faire, il fera remarquer qu'il fut être plus mordant, plus violent, plus combatif dans cette défense de Saddam Hussein. " Il va falloir que nous fassions moins de droit et plus de politique et de montrer du droit les préjudices, de les provoquer dans leurs réactions et d'exiger qu'elles viennent à la barre, c'est la meilleure façon de défendre un chef d'Etat ", conclut-il.