Les Bourses européennes ont lourdement chuté, avant-hier, angoissées à l'idée d'un prochain changement dans la politique de la Réserve fédérale américaine, qui a annoncé la veille envisager de mettre fin à ses mesures exceptionnelles de soutien à l'économie. Le président de la Fed Ben Bernanke a ainsi averti que son institution pourrait réduire dès cette année le montant des titres qu'elle rachète sur le marché, en cas d'amélioration sur le front de l'emploi aux Etats-Unis. "La référence plus explicite que prévu de Bernanke à un ralentissement de la politique monétaire" de l'institution a "heurté les marchés", indiquent les économistes de Crédit Agricole CIB. "Tout semble indiquer que le mauvais chiffre de la production manufacturière en Chine (...) partage en grande partie la responsabilité de ces fortes baisses", relevait toutefois Soledad Pellon, analyste de la maison de courtage IG Markets. L'Eurostoxx a chuté de 3,63% A Paris, l'indice CAC 40 a plongé de 3,66% à 3 698,93 points, revenant à ses niveaux de la fin avril. Groupe Fnac a trébuché au premier jour de sa cotation (-13,64 % à 19,00 euros). Le prix de référence avait été fixé à 22 euros. Renault a reculé de 6,75% à 53,49 euros et Carrefour de 6,06% à 20,64 euros). Groupe Eurotunnel a dévissé de 12,27% à 5,49 euros, pâtissant d'une demande de la Commission européenne adressée à Paris et Londres de baisser les tarifs imposés aux trains pour passer dans le tunnel sous la Manche. *Le luxe a souffert du ralentissement en Chine à l'instar de LVMH (-3,64% à 122,94 euros), Hermès (-1,93% à 249,25 euros) et Kering (-2,95% à 152,75 euros). Les bancaires ont fortement reculé: Société Générale (-4,39% à 27,54 euros), BNP Paribas (-4,28% à 41,79 euros) et Crédit Agricole (-3,41% à 6,53 euros). L'indice Dax de la Bourse de Francfort a lâché 3,28% à 7 928,48 points. Seul Fresenius Medical Care a fini dans le vert (+0,57% à 53,34 euros). Les automobiles ont été les plus touchées, comme toujours quand les perspectives de l'économie mondiale inquiètent, du fait de leur forte exposition à l'export. BMW a plongé de 4,83% à 66,43 euros, Daimler de 4,58% à 44,58 euros et Volkswagen de 4,13% à 153,10 euros. C'est le fabricant de semi-conducteurs Infineon qui a fermé la marche du Dax, en chutant de 5,75% à 6,44 euros. Commerzbank a cédé 1,60% à 7,43 euros. A Londres, l'indice FTSE-100 a perdu 2,98% à 6 159,51 points. Les minières ont été particulièrement affectées, sur fond de repli des cours des métaux, l'or étant tombé jeudi sous le seuil de 1 300 dollars l'once pour la première fois depuis près de trois ans. Fresnillo a ainsi perdu 8,09% à 960,5 pence, Randgold Resources 7,49% à 4 296 pence et Rio Tinto 4,50% à 2 674,5 pence. Le groupe de luxe Burberry a reculé de 4,57% à 1 337 pence. L'indice FTSE Mib de la Bourse de Milan a terminé sur une chute de 3,09% à 15 549 points. Seul titre en hausse, la holding Exor de la famille Agnelli a gagné 0,25% à 24,24 euros. Finmeccanica a relativement bien tenu, cédant 0,55% à 3,998 euros grâce à l'annonce de nouveaux contrats pour un total de 450 millions d'euros. Même tendance pour Saipem, qui a cédé 5,18% à 13,35 euros. L'indice Ibex-35 de la Bourse de Madrid a perdu 3,41% à 7 822,1 points. Santander, numéro un en zone euro par la capitalisation, a plongé de 4,17%, à 5,031 euros et BBVA a perdu 4,13%, à 6,457 euros. CaixaBank est parvenue à modérer la chute, avec un repli de 1,87% à 2,522 euros. Banco Popular, a enregistré la plus forte baisse de l'Ibex-35, de -6,66% à 2,663 euros. Le géant du textile Inditex a perdu 2,59% à 95,3 euros, le groupe pétrolier Repsol de 3,62% à 16,36 euros, et le géant des télécoms Telefonica de 3,43% à 9,807 euros. L'indice vedette de la Bourse de Lisbonne, le PSI-20, a dégringolé de 3,41% à 5 646,66 points. Les bancaires ont enregistré les plus fortes baisses: BCP a perdu 7%, BES 6,43%, BPI 2,95% et Banif 2%. L'indice Bel 20 de la Bourse de Bruxelles a cédé 3,04% à 2 538,93 points. Seules deux valeurs ont surnagé: l'assureur Delta Lloyd a pris 0,66% à 15,31 euros, et le groupe de services automobiles D'Ieteren, 0,05% à 32,89 euro. La plus forte chute a été enregistrée par le distributeur Delhaize, qui réalise la moitié de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis. Il a perdu 4,81% à 47,99 euros. GDF Suez a reculé de 4,02% à 15,03 euros. L'indice SMI de la Bourse suisse a chuté de 3,05% à 7 496,05 points. Toutes les valeurs de l'indice ont terminé dans le rouge. L'horloger Swatch Group a enregistré la plus forte correction, reculant de 5,24% à 506,50 francs suisses, tandis que le fabricant de produits de luxe Richemont a perdu 5,17% à 80,70 francs suisses après la publication de statistiques défavorables pour les exportations de montres suisses en mai. Swisscom, l'opérateur historique de télécoms, a affiché la moins mauvaise performance de la séance, cédant toutefois 1,64% à 400,80. L'indice AEX de la Bourse d'Amsterdam a cédé 2,62% à 341,88 points. Les baisses les plus importantes ont été enregistrées par le spécialiste des technologies de l'information et de l'électrotechnique Imtech, qui a dévissé de 15,61% à 5,80 euros, et par l'opérateur de télécommunications KPN, qui a lui perdu 5,81% à 1,49 euros.
Wall Street, ébranlée par la Fed, enregistre sa pire séance de l'année Wall Street a enregistré sa pire séance de l'année, son indice phare le Dow Jones chutant de plus de 2% après l'évocation par la banque centrale américaine (Fed) d'un possible ralentissement de son soutien massif à l'économie. Selon des résultats définitifs, le Dow Jones Industrial Average a abandonné 2,33% ou 352,11 points à 14 760,08 points. Il faut remonter au 7 novembre 2012, au lendemain de la réélection de Barack Obama, pour retrouver une chute de plus grande ampleur en pourcentage (-2,36%) et au 9 novembre 2011 en points, quand le Dow Jones avait chuté de 389,24 points ou 3,2%. Le Nasdaq, à dominante technologique, a cédé 2,28% ou 78,57 points, à 3 364,63 points et l'indice Standard & Poor's 500 2,50% ou 40,74 points, à 1 588,19 points. L'effet post-Bernanke se poursuit, c'est un carnage, a commenté Peter Cardillo, de Rockwell Global Capital. Les opérateurs espéraient que la Fed non seulement éloignerait l'idée d'un ralentissement de ses mesures de soutien mais renforcerait même peut-être le sentiment qu'elle était prête à les accentuer étant donné la faible inflation et les indicateurs moroses en Chine et dans le reste du monde, a remarqué Michael Gayed, de Pension Partners. Ils ont été déçus, a-t-il ajouté. Ils ont le sentiment que la Fed ne sera plus là alors même que la croissance mondiale vacille. La place financière new-yorkaise a notamment réagi aux commentaires de M. Bernanke en faisant bondir l'indice de volatilité, à son plus haut depuis le début de l'année, et les taux obligataires, deux mouvements qui pèsent fortement sur le marché action, a remarqué M. Cardillo. Les valeurs bancaires étaient les premières affectées par les annonces de la Fed: Bank of America reculait de 2,08% à 12,91 dollars, Citigroup de 2,18% à 48,45 dollars, JPMorgan Chase de 2,08% à 52,43 dollars, Morgan Stanley de 3,52% à 25,19 dollars et Goldman Sachs de 3,48% à 155,94 dollars. Les titres des sociétés spécialisées dans l'or étaient aussi sous forte pression: Barrick Gold chutait de 7,11% à 16,73 dollars, Newmont Mining de 4,39% à 30,50 dollars ou GoldCorp de 6,09% à 24,60 dollars. Le groupe informatique Microsoft, qui a fait marche arrière sur les limitations qu'il entendait imposer pour l'usage des jeux vidéo d'occasion sur sa nouvelle console Xbox One, perdait 1,91% à 33,93 dollars. Dans le secteur aéronautique, Boeing abandonnait 1,19% à 101,036 dollars. Le groupe a annoncé qu'il avait enregistré des commandes fermes et intentions de commandes pour une valeur de 60,2 milliards de dollars au salon aéronautique du Bourget, soit un peu moins que son concurrent européen Airbus. Tokyo: le Nikkei recule de 1,74%, malgré le reflux du yen L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a achevé la séance en recul de 1,74%, dans le sillage de Wall Street, malgré un affaiblissement du yen pourtant favorable aux entreprises nippones, les investisseurs s'inquiétant d'un allègement prochain du soutien à l'économie américaine de la Fed. A la clôture, le Nikkei des 225 valeurs vedettes a affiché un repli de quelque 230,64 points pour descendre à 13 014,58 points. L'indice élargi Topix de toutes les valeurs du premier marché a cédé pour sa part environ 1,33% (-14,76 points) pour descendre à 1.091,81 points. Le volume des échanges a été plutôt élevé, avec 2,86 milliards de titres échangés sur le premier marché. Dans le domaine de l'automobile, le titre du premier constructeur, Toyota, a perdu 1,02% à 5 810 yens, ses concurrents Nissan et Honda ayant rétrocédé respectivement 0,98% à 1.010 et 1,54% à 3 510 yens. L'action du groupe de télécommunications SoftBank, qui avait augmenté mercredi de 4,2% après la capitulation du rival Dish Network dans une bataille pour l'acquisition de l'opérateur américain Sprint, a fait du surplace jeudi. L'assemblée générale annuelle des actionnaires de SoftBank aura lieu vendredi matin. Le titre de Sony, groupe qui tenait son assemblée générale, avec un nombre record de plus de 10 500 participants, a pour sa part glissé de 0,10% à 2 013 yens. Le P-DG de Sony a différé une réponse au fonds spéculatif américain Third Point qui presse le fleuron nippon de l'électronique de mettre en Bourse ses activités de médias et contenus audiovisuels afin de lever des fonds et de se redresser durablement. L'action du spécialiste des écrans Sharp a perdu 2,58% à 415 yens et celle de Panasonic 2,80% à 728 yens. Ont également été maltraités jeudi les titres des maisons de commerce, des transporteurs maritimes ou encore des groupes d'industries lourdes. L'action du spécialiste japonais des batteries, GS Yuasa, s'est en revanche distinguée dans la cote par un gain de 5,89%, après l'annonce d'un partenariat avec l'allemand Bosch pour développer des modèles lithium-ion de prochaine génération. Plusieurs actions disparates ont affiché à la dernière minute des hausses étonnantes, dont celles des brasseurs Asahi et Kirin, vraisemblablement du fait d'un ordre groupé lancé par un gros investisseur institutionnel, selon des courtiers.